Quelle(s) philosophie(s) pour l’innovation ?

Reconstitution de la plus ancienne véritable roue en bois datée à ce jour.
Reconstitution de la plus ancienne véritable roue en bois datée à ce jour. - Daniel Thornton
Reconstitution de la plus ancienne véritable roue en bois datée à ce jour. - Daniel Thornton
Reconstitution de la plus ancienne véritable roue en bois datée à ce jour. - Daniel Thornton
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"Si l'on regarde en effet l'innovation sous un angle purement commercial, elle semble spontanément détachée de toutes préoccupations ayant de près ou de loin un rapport avec les questions de sagesse." Xavier Pavie

Avec
  • Xavier Pavie

Le verbe « innover » n’est pas né de la dernière pluie puisqu’il remonte au XIVe siècle. Il dérive d’innovare qui signifie « renouveler » en bas latin. Ce verbe fut d’abord utilisé par les juristes, dans le sens d’ajouter une clause dans un contrat déjà établi, avant de désigner plus généralement le fait d’introduire une nouveauté dans une chose préexistante afin de la rendre pérenne. Mais c’est à un philosophe, Francis Bacon, que l’on doit le premier usage du mot innovation en rapport avec les sciences et les techniques. Dans un chapitre de ses Essais de Morale et de Politique, publiés en 1625, il démontrait la nécessité d’innover : « Chaque médicament est une innovation, écrit-il, et celui qui ne s’applique pas de nouveaux remèdes doit s’attendre à de nouveaux maux ; car le temps est le plus grand corrupteur et s’il change les choses pour le pire, et que la sagesse et le conseil ne les modifient pas pour le meilleur, quelle sera la fin ? ». Fin de citation.

En somme, le temps qui passe jouant contre nous, la recherche de l’innovation devient une nécessité si l’on veut contrecarrer ses effets corrupteurs. Cependant, l’innovation présentant toujours le risque d’aggraver les maux, Bacon recommandait d’avancer prudemment, presque insensiblement, au rythme du temps même.

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Aujourd’hui, le mot innovation est dans toutes les bouches, au point même d’avoir pris la place du mot progrès. Dès lors, convient-il de revisiter son sens ? Par quoi la philosophie pourrait-elle nous aider à repenser l’innovation, qui semble a priori si loin d’elle ?

Xavier Pavie est professeur à l’ ESSEC Business School, directeur académique du programme Grande École à Singapour et directeur du centre iMagination. Il est également chercheur associé à l ’Institut de recherches philosophiques (IREPH) à l’université Paris-Nanterre. Il est l'auteur de L'innovation à l'épreuve de la philosophie (PUF, 2018).

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