Au sommaire de La Critique cette semaine, les valeurs du noir et blanc en photographie et des répliques signées par un artiste... critique.
- Lucile Commeaux Productrice d'Affaire critique à France Culture
- Sarah Ihler-Meyer Critique d'art et commissaire d'exposition
- Corinne Rondeau Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art
La Critique : commentaire expert et subjectif de l’actualité culturelle. Chaque semaine, des critiques invités par Lucile Commeaux se rencontrent autour de deux disciplines dans l’amour de l’art et de la dispute.
Au sommaire de La Critique cette semaine : l'exposition "Ritual" de l'artiste plasticien Tom Sachs, à voir jusqu'au 20 février à la galerie Thaddaeus Ropac - Paris Marais (et à découvrir bientôt en ligne sur le site de la galerie), et le catalogue d'une exposition jamais dévoilée en raison des mesures relatives à la crise sanitaire : " Noir & Blanc - Une Esthétique de la photographie" (RMN Editions) au Grand Palais.
Nos critiques du jour : Sarah Ihler-Meyer, critique d'art et commissaire d'exposition, et Corinne Rondeau, maîtresse de conférence en esthétique et sciences de l’art à l’université de Nîmes.
Exposition : "Ritual - Tom Sachs" à la galerie Thaddaeus Ropac - Paris Marais
Présentation : Dans l’espace principal de la galerie Thaddaeus Ropac - Paris Marais, "Ritual" présente une sélection d’œuvres inédites exposées sur des socles inspirés de formes modernistes, démontrant la multiplicité des influences à l’œuvre dans la pratique de l’artiste. Chaque sculpture est caractérisée par l’esthétique du bricolage qui vaut à Sachs sa place unique dans le domaine de la sculpture contemporaine. Influencé par les subcultures propres aux métropoles urbaines telles que New York, et plus spécifiquement le phénomène des épiceries de proximité, connues sous le nom de bodegas par leur ancrage aux communautés latino-américaines des années 1950, l’artiste réplique des objets industriels courants en utilisant des matériaux du quotidien, notamment du contreplaqué, du carton, de la résine, du ruban adhésif et de la peinture. Les sculptures portent les traces de leur fabrication, devenant ainsi les vecteurs d’une réflexion sur la création de la valeur et le travail manuel.
Avec "Ritual", Sachs réfléchit sur le consumérisme global par le prisme de l’histoire de New York et de la culture américaine en général. Sa dynamique créative est alimentée par ce qu’il appelle le “consumérisme coupable” ; pour lui, la fabrication d’un objet est une façon de nouer une relation, de créer une intimité: “Lorsque je crée, je médite sur l’objet et la joie d’acquérir un produit est remplacée par le bonheur de le fabriquer”.
Extraits :
Ces reproductions d'objets industriels présentent une esthétique qui est volontairement celle du bricolage et du non-fini, et on y trouve quelque chose d'assez ludique. Ces pièces procurent un plaisir assez élémentaire mais qui existe bel et bien, qui est celui qu'on peut avoir pour la mimesis_, un peu comme dans les jeux d'enfants._ [...] On peut avoir des réserves sur la portée de ce travail, dans le sens où le geste de détourner ou de se réapproprier des objets issus de la consommation de masse, c'est vu et revu dans le champ de l'art contemporain... Sarah Ihler-Meyer
D'un côté de l'exposition, il y a une copie de Barbie, et de l'autre, Le Baiser de Brancusi, bricolé avec des matériaux pauvres lui aussi. Tom Sachs semble déclarer que, dans ce face à face, il fait de l'agencement. Entre Barbie et Brancusi, il y a toute la modernité et le post-moderne. Pour moi, le travail de Tom Sachs est entre la pensée sauvage et le snobisme. Corinne Rondeau
- L'exposition "Ritual - Tom Sachs" est à voir jusqu'au 20 février à la galerie Thaddaeus Ropac - Paris Marais (et à découvrir bientôt en ligne sur le site de la galerie)
Catalogue d'exposition : "Noir & Blanc - Une Esthétique de la photographie"
Présentation de l'exposition : Intemporel et résolument contemporain, le noir et blanc incarne l'essence de la discipline par sa force esthétique et plastique. Terrain d’expression des plus grands photographes, il est sollicité aujourd’hui encore pour la richesse de ses nuances et sa radicalité.
Le Grand Palais vous invite à découvrir 300 tirages emblématiques des collections de la BnF à travers ce thème qui embrasse l’histoire de la photographie du XXe siècle et explore l’esthétique d’une technique puissante et engagée.
L'exposition [et son catalogue] présentent des chefs-d’œuvre en noir et blanc exceptionnellement réunis pour l’occasion. Nadar, Man Ray, Ansel Adams, Willy Ronis, Helmut Newton, Diane Arbus, Mario Giacomelli, Robert Frank, William Klein, Daido Moriyama, Valérie Belin... Les grands noms de la photographie française et internationale sont réunis dans un parcours qui embrasse 150 ans d’histoire de la photographie noir et blanc, depuis ses origines au XIXe siècle jusqu’à la création contemporaine.
Extraits :
La mise en page est assez remarquable, elle joue entre les photos avec beaucoup d'efficacité. [...] Le catalogue se fait comme un accrochage d'exposition. Corinne Rondeau
Le livre s'organise selon des modes d'écriture inhérents au noir et blanc. On a par exemple une série qui est consacrée aux contrastes d'ombre et de lumière, une autre sur les jeux graphiques que peuvent créer ces contrastes, une autre sur le rendu des matières... [...] Du point de vue des qualités plastiques, on ne peut, à la lecture de ce catalogue, que regretter que l'exposition ne rouvre pas... Sarah Ihler-Meyer
- Le catalogue d'exposition " Noir & Blanc - Une Esthétique de la photographie" a paru aux éditions RMN.
Egalement au sommaire de La Critique :
Le coup de cœur de Corinne Rondeau pour le livre Anni et Josef Albers - Egaux et Inégaux de Nicholas Fox Weber (éditions Phaidon), première monographie publiée du couple d'artistes, entre la rétrospective et le portrait.
Ecoutez la première partie de La Critique du 21 janvier 2021 :
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