Musique : le nouvel opus de Jorja Smith et le premier album de Squid

La Critique : commentaire expert et subjectif de l’actualité culturelle. Chaque semaine, des critiques invités par Lucile Commeaux se rencontrent autour de deux disciplines dans l’amour de l’art et de la dispute.

Cette semaine, dans La Critique musicale, l'Angleterre est à l'honneur. Au sommaire : Be Right Back, le nouvel  EP de la star londonienne Jorja Smith ( Because), avant-goût de son deuxième album à paraître en 2022, et Bright Green Field, le premier album du groupe Squid, phénomène rock venu de Brighton (Warp). 

Nos critiques du jour : Théo Ribeton, chef de rubrique culture chez Stylist et critique aux Inrocks, et Christophe Conte, critique musical, auteur et documentariste.

"Be Right back" de Jorja Smith (Because)

Be Right Back est le premier projet de Jorja Smith à voir le jour depuis Lost & Found en 2019, un premier album encensé par la critique qui lui avait valu le “Best Female Solo Artist” aux Brit Awards en 2019 (elle avait auparavant remporté le « Critics Choice Award » en 2018″).

“Je l’ai intitulé Be Right Back car je voulais que les fans puissent avoir quelque chose à écouter en ce moment. Ce n’est pas un album pour ainsi dire car les chansons ne sont pas pensées pour exister dans un projet d’une telle envergure. J’ai imaginé que si j’éprouvais ce besoin d’écrire ces chansons, il fallait aussi qu’elles puissent être entendues sans attendre” Jorja Smith

En l’espace de trois ans, le succès de Jorja Smith est devenu planétaire, cumulant déjà plus d’un milliard de streams. Be Right Back fait figure d'avant-goût de son second album dont la sortie est prévue l’année prochaine.

Extraits : 

"Be Right back" n'est clairement pas le disque qui remet Jorja Smith dans la lumière. Les sujets des chansons ne sont pas franchement recherchés et, musicalement, il y a plusieurs tonalités qui laissent penser que cet EP n'est rien d'autre qu'une compilation d'essais, d'esquisses. Il s'agit réellement de faire patienter les fans en attendant le prochain album qui promet certainement d'être plus consistant. Christophe Conte

Le disque est très égal, sans saillances, c'est une sorte de grande coulée onctueuse. Jorja Smith est l'une des plus grandes voix de ces cinq dernières années mais elle ne se jette pas à l'eau sur cet EP. Sa voix relève d'une sorte d'idéal, c'est dit. Mais on cherche un peu l'organique, le relief.  Théo Ribeton

• Be Right Back de Jorja Smith a paru sur le label Because

"Bright Green Field" du groupe Squid (Warp)

Louis Borlase, Oliver Judge, Arthur Leadbetter, Laurie Nankivell et Anton Pearson, les cinq membres du groupe, se sont rencontrés à Brighton en 2015 alors qu’ils étaient à l’université. Réunis par leur amour de l’ambient et du jazz, ils commencent à se produire ensemble dans un café local. Leurs goûts s’enrichissent, leurs compétences se déploient et bientôt ce sont les sons de l’Allemagne des années 70 qui se font une place dans le cosmos déjà éclectique du groupe avec un premier EP, Lino, en 2017. Les singles « Terrestrial Changeover Blues (2007-2012)  », « The Dial » et «  Houseplants  » font de Squid l’un des groupes les plus en vue au Royaume-Uni. 

Pour les sessions d’écriture de leur premier album, les membres du groupe se sont rendus à Chippenham dans le vieux pub local de Judge quand les restrictions du premier confinement se sont allégées. « Je pense que le ton particulier, la sensation d’urgence qu’il y a dans l’album proviennent des contraintes de temps que nous avions en écrivant de cette façon », dit Borlase. L’enregistrement a eu lieu dans le studio en sous-sol de Carey, à Londres, en pleine canicule. Il en résulte un album qui transcende les genres, rendant sa trajectoire impossible à prévoir. 

"Bright Green Field" est un album extrêmement dense et mouvementé dont on sort rassasié. On y trouve quelque chose de l'ordre du grand spectacle. L'album assume ses ambitions, une forme de pyschédélisme, de fantasmagorie. On y entre comme dans un grand palais bizarre et délabré. Beaucoup de choses sont tentées dans ce qui est pour moi un voyage - avec quelques errements parfois - de part et d'autre de la frontière de l'acceptable en matière de ce que je pourrais appeler le bon goût. L'album est grand, et me séduit complètement. Théo Ribeton

Squid va à l'encontre de tout ce que produisent les jeunes groupes anglais depuis des décennies, biberonnés aux Beatles, et d'une certaine tradition, classique, du rock anglais. [...] Le groupe se structure autour de la rythmique et de la voix - et la voix est hallucinante -, une force motrice qui donne toute leur puissance aux morceaux. Il se passe énormément de choses dans ce premier album qui ne laisse pas indemne. On n'en sort certainement pas indéfférent. Christophe Conte

• Bright Green Field de Squid a paru chez Warp

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