Opéra : Gaëlle Arquez, une idéale "Belle Hélène" !

Arnaud Laporte, producteur de La Dispute, invite deux critiques pour discuter l'actualité culturelle dans une émission au format poche "faite maison". Au programme : cinéma, spectacle, série, opéra, bande-dessinée, etc... le tout accessible en ligne depuis chez soi. En 15 minutes : un sujet et un débat, pour une Dispute maison !

Aujourd'hui à notre sommaire : La Belle Hélène, opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach visible sur Arte Concert dans la mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin et dirigé par Lorenzo Viotti (réalisation Philippe Béziat, capté en 2015 au Théâtre du Châtelet).

Prié par les trois déesses Junon, Minerve et Vénus, de désigner la plus belle d'entre elles au cours de l'épisode dit du "Jugement de Pâris", celui-ci, fils du roi Priam, choisit Vénus en lui offrant une pomme d'or, la "pomme de la discorde". La déesse lui promet en retour l'amour de la plus belle femme du monde, à savoir Hélène, reine de Sparte, mariée à Ménélas. L'intrigue de l'opéra bouffe de Jacques Offenbach conte les rebondissements qui, au départ de cette promesse, mèneront au commencement de la guerre de Troie.

Le spectacle des écrans

Cette production compte à son générique non pas un mais deux metteurs en scène : Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin. Ce dernier, vidéaste, met au service de La Belle Hélène ses fameux "trucs" à la Méliès, des jeux d'incrustation vidéo ludiques et astucieux : 

La mise en scène crée beaucoup d'émerveillement et de magie. À cet égard, la réalisation de Philippe Béziat me paraît vraiment très intéressante. Il y a de vrais partis pris, notamment lorsqu'il découpe l'écran à l'horizontale, à la verticale, en scope, qui font, à eux seuls, mise en scène. Anna Sigalevitch

Barberio Corsetti et Sorin rivalisent d'imagination et multiplient les effets. (...) On voit tantôt les interprètes seulement sur fond bleu, ce qui dégage une sorte d'absurdité poétique qui fonctionne bien, tantôt en place dans des décors virtuels. La variation dans les régimes d'images offre une grande diversité et évite ce qui pourrait être monotone. Arnaud Laporte

Il s'agit d'un vaudeville, d'un "Ciel, mon mari!" tout à fait classique, une forme dont on a pu se lasser. Mais, ici, la fluidité de la machinerie, le fait de faire confiance absolument à l'intrigue et à son potentiel comique est très convaincant. (...) Le côté ludique l'emporte à chaque fois et les lourdeurs potentielles ne sont pas du tout au rendez vous. Lucile Commeaux

Musique star

En 2015, quand se donnait La Belle Hélène au Châtelet sous sa direction, Lorenzo Viotti, alors âgé de 25 ans, n'avait pas encore gagné le concours de jeune chef au Festival de Salzbourg. Il est aujourd'hui une star qui se produit partout, notamment à la Scala de Milan et à l'Opéra de Paris. On le découvrait, alors, dirigeant l'orchestre Prométhée et la mezzo-soprano Gaëlle Arquez :

C'est un répertoire qu'il maîtrise remarquablement. Il y a de l'aisance, une grande précision dans les tempi. C'est une direction extrêmement sûre, et il est totalement avec le plateau vocal. On l'entend musicalement, bien sur, et on le voit, aussi, grâce à la réalisation de Philippe Béziat. Anna Sigalevitch

Gaëlle Arquez explose à peu près tout. C'est une sorte d Elizabeth Taylor, mais en chanteuse. C'est un peu ce qu'on peut faire de mieux sur une scène. Une réserve, cependant, sur le Pâris interprété par Merto Sungu. Il pâtit certes de cette grande injustice qui existe, dès qu'un Offenbach se donne, entre les chanteurs francophones et ceux non francophones, mais son timbre n'est pas très convaincant, pas plus que son charisme, surtout face à l'Hélène de Gaëlle Arquez. Lucile Commeaux

Viotti est très à l'écoute des chanteurs mais sa direction, si elle est certes très agréable, n'est pas d'une folle sensualité. Je me demande si elle n'est pas un peu trop sage... Arnaud Laporte

• La Belle Hélène de Jacques Offenbach est visible sur Arte Concert(mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin, direction de Lorenzo Viotti, réalisation Philippe Béziat, capté en 2015 au Théâtre du Châtelet)

Egalement disponible en ligne, à voir chez soi 

• Requiem de Mozart par Romeo Castellucci et Raphaël Pichon, ou le sacre de la mise en scène pour un rite païen vibrant, à voir jusqu'au 9 mai sur Arte Concert. Arnaud Laporte, Emmanuelle Giuliani, Sophie Bourdais et Lucile Commeaux en débattaient dans La Dispute du 27/08/2019 :

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