"La Mélancolie des Dragons" de Philippe Quesne, une invitation à redécouvrir l’émerveillement

La Mélancolie des Dragons de Philippe Quesne
La Mélancolie des Dragons de Philippe Quesne - Argyroglo
La Mélancolie des Dragons de Philippe Quesne - Argyroglo
La Mélancolie des Dragons de Philippe Quesne - Argyroglo
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Partez à la rencontre des Dragons, une bande hard-rockers chevelus, et laissez-vous emporter par la joyeuse mélancolie de ce spectacle à voir en ligne.

Arnaud Laporte, producteur de l’émission La Dispute invite deux critiques pour discuter de l'actualité culturelle dans une émission au format poche "faite maison". Au programme : cinéma, spectacle, série, opéra, bande-dessinée, etc... le tout accessible en ligne depuis chez soi. En quinze minutes : un sujet et un débat, pour une Dispute maison

A notre affiche aujourd’hui : 

La Mélancolie des Dragons  un spectacle conçu, mis en scène et scénographié par Philippe Quesne (en 2008) désormais disponible gratuitement en vidéo. Pour en parler, Arnaud Laporte est entouré de Lucile Commeaux, productrice adjointe de La Dispute et Zoé Sfez, productrice ( A voix Nue) et chroniqueuse ( Soft Power) à France Culture.

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Le spectacle en quelques mots : 

Le spectacle s’ouvre sur une voiture arrêtée dans un paysage de neige, la lumière intérieure s’allume en même temps que retentissent les premiers accords d’une chanson de hard-rock. On découvre un groupe de rockers chevelus qui discutent en buvant des bières et en mangeant des chips. Le morceau s’arrête, aussitôt suivi d’une autre intro, puis une autre, et ainsi de suite... AC/DC, Trust, les standards s’enchaînent. Et tout à coup, une musique du Moyen-Age, de chevalerie, puis une musique de western, mais aussi Mélancolie de C. Jérôme, avant de repartir dans le hard-rock et nos chevaliers des temps modernes s’endorment dans la voiture, alors qu’une silhouette s’approche, dans la neige … Installés dans un état cotonneux, les dragons vont rencontrer leur Blanche-Neige (Isabelle) et déployer pour elle un parc d’attraction minimal et multifonctions. Un projecteur, une machine à fumée, quelques perruques, Still loving you de Scorpions joué à la flûte à bec : le merveilleux peut naître de presque rien, à condition de se laisser embarquer dans un rêve commun…

L’avis de nos critiques : 

Une bande son qui met en transe

Il y a quelque chose presque de l'ordre, de la transe dans ce spectacle avec cette playlist omniprésente jusqu'à la fin. J'ai beaucoup pensé au livre Vernon Subutex (de Virginie Despente). J’ai retrouvé dans le spectacle ce que j'aime le plus dans ce livre, l'effet de bande, ces personnages qui ont l'air d'être un peu clownesques et qui, en fait, sont tellement sérieux dans leurs projets, y compris leur projet musical, que même leur reprise à la flûte à bec de (Still loving you de Scorpions) est belle. (…) La musique influence absolument tout depuis l'évolution de leur parc jusqu'à la narration, on trouve à la fois ce qui peut être inquiétant et ce qui peut provoquer de l'empathie chez le spectateur. (…) C’est intelligent, c’est beau, une petite merveille. Lucile Commeaux

Il y a aussi des choses vraiment très clairement des Monty Python, il y a quelque chose de rohmérien aussi. Ce qu'on nous montre sur scène nous renvoie à ce que nous, en tant que spectateurs, on faisait petit. On a cette nostalgie qui nous étreint, qui est celle des moments où nous enfants, autour d’un feu de bois en vacances avec nos parents, on organisait des spectacles avec rien, Trois bouts de ficelle, une bouée, la machine à bulles, la machine à fumée qui nous a tous fascinés enfants. Et il y a aussi tout ce dispositif beaucoup plus référencé, avec des images de Dürer, les références constantes à Antonin Artaud et finalement la tendresse qu'on a pour ce spectacle, c'est cette espèce de ping-pong entre des réflexions assez référencées, assez culturellement ancrées sur ce qu'est la nostalgie et cette approche très tendre, très immédiate qu'on a les dispositifs qui nous sont proposés. Zoé Sfez

Un spectacle des plus furieusement drôle que j'ai vu de ma vie au théâtre.  Arnaud Laporte

C’est un rire qui évolue. Au début, c'est un rire qui peut paraître se jouer aux dépens des personnages, mais on se rend compte qu'on ne peut non seulement pas les mépriser, mais qu'admirer leurs œuvres d’art à eux (ventilateur, machine à bulles…). Lucile Commeaux

Un théâtre d’objet d’une beauté saisissante 

Le théâtre de Philippe Quesne est depuis toujours un théâtre d’objets, des objets souvent inattendus, souvent insensés, dérisoires, et dont il tord la possibilité d'usage pour l’amener tout à fait ailleurs, donnant ainsi des images très belles. Il y a à la fois ce rire -vraiment de fou rire comme on en a rarement dans les salles-  et en même temps, il y a des moments d'une intense beauté plastique. Donner à voir, c'est vraiment la dimension essentielle de ce spectacle. Il y a aussi la question du temps, c'est un spectacle très court et pourtant, chaque moment prend son temps. Un temps juste qui est ici est un temps étiré. Arnaud Laporte

C’est du plaisir pur. C’est un spectacle qui nous parle de ce qu’est la représentation, c’est la lanterne magique. Le spectacle joue sur la pauvreté des moyens et leur potentiel ridicule pour nous refaire regarder des éléments extrêmement simples, extrêmement bêtes, et nous inviter à nous émerveiller de ces éléments. Il y a un très beau décor, très cinématographique, avec des arbres, de la neige, des chiens --qu'on ne maîtrise pas, mais qui participent vraiment du spectacle- et tout est là. C'est à dire que tout va se jouer sur des toutes petites choses qui vont être jouées une première fois, puis une deuxième fois, qu'on va nous annoncer jusqu'à épuiser l’effet qu’elles peuvent produire en nous, et finalement, on se retrouve surpris et à rire de la pauvreté de ces moyens et on est éblouis par leur magie. Une fois qu’on a épuisé la magie de l’objet on est à nouveau surpris, à nouveau embarqués et ça ne s'arrête jamais. Zoé Sfez

C'est un spectacle fait et pensé de manière vraiment très intelligente, avec une acuité particulière sur les mécanismes de la représentation. C'est à dire que oui, on est sur une scène, oui, ils sont dans un théâtre, ils le disent, on est là, on est en train de s'installer dans un théâtre, la neige, c'est de la fausse neige, on peut la soulever, on peut sortir un canon à neige, mais cependant, on fait quand même du ski, on a quand même des gros blousons comme s’il faisait froid et cette ambivalence se maintient tout au long du spectacle. Il y a quelque chose de vertigineux dans l'équilibre entre artifice et narration. C'est assez remarquable en 1 heure 15 de tenir quelque chose d'aussi intelligent d'un point de vue théorique. Lucile Commeaux

C’est un spectacle qui est très intéressant et qui dit aussi quelque chose du projet qu'on peut avoir pour des scènes nationales. C’est un projet à la fois extrêmement fouillé, si on veut y voir des lectures profondes on peut y aller, et c'est à la fois un spectacle qui peut être vu littéralement par tout le monde. C'est un très, très beau projet qui montre ce que peut produire une scène nationale. Zoé Sfez

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