Arts plastiques : "Guibert est le monstre parmi les monstres"

en haut : Egon Schiele, "Autoportrait au gilet" (Courtesy of Ernst Ploil, Vienne), en bas : Tadao Ando (© Shigeo Ogawa) et "Le palais des monstres désirables" (© Christine Guibert / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)
en haut : Egon Schiele, "Autoportrait au gilet" (Courtesy of Ernst Ploil, Vienne), en bas : Tadao Ando (© Shigeo Ogawa) et "Le palais des monstres désirables" (© Christine Guibert / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)
en haut : Egon Schiele, "Autoportrait au gilet" (Courtesy of Ernst Ploil, Vienne), en bas : Tadao Ando (© Shigeo Ogawa) et "Le palais des monstres désirables" (© Christine Guibert / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)
en haut : Egon Schiele, "Autoportrait au gilet" (Courtesy of Ernst Ploil, Vienne), en bas : Tadao Ando (© Shigeo Ogawa) et "Le palais des monstres désirables" (© Christine Guibert / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)
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Au programme de La Dispute arts plastiques de cette semaine : "Egon Schiele", "TADAO ANDO - Le Défi", ou encore "Le palais des monstres" d'Hervé Guibert. Anaël Pigeat évoquera son coup de cœur pour "Shimabuku — Pour les pieuvres, les singes et les Hommes".

Avec
  • Corinne Rondeau Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art
  • Florian Gaité Docteur en philosophie, enseignant à l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en-Provence
  • Anaël Pigeat Editor-at-large du mensuel The Art Newspaper édition française, critique d’art et journaliste à Paris Match, productrice de documentaires sur France-Culture, ancienne critique à La Dispute sur France Culture

"Egon Schiele", exposition jusqu'au 14 janvier à la Fondation Louis Vuitton

Egon Schiele. Autoportrait au coqueret, 1912. Huile et gouache sur bois. 32,2 x 39,8 cm. Leopold Museum, Vienne. Photo : © Leopold Museum, Vienne
Egon Schiele. Autoportrait au coqueret, 1912. Huile et gouache sur bois. 32,2 x 39,8 cm. Leopold Museum, Vienne. Photo : © Leopold Museum, Vienne

Présentation officielle : L’œuvre d’Egon Schiele est indissociable de l’esprit viennois du début du XXe siècle. En quelques années, son dessin s’est imposé comme l’un des sommets de l’expressionnisme.

En rupture avec l’Académie où il rentre précocement, il fonde en 1909 le Neukunstgruppe et, grâce à la Secession viennoise et Gustav Klimt, découvre les travaux de Van Gogh, Munch ou Toorop.

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À partir de 1911, c’est dans un certain isolement qu’il se concentre sur sa production propre, fascinante par la distorsion des corps qu’il propose, l’introspection, l’expression frontale du désir et du sentiment tragique de la vie. Fauché par la grippe espagnole en 1918, l’artiste aura réalisé en une dizaine d’années quelque trois cents toiles et plusieurs milliers de dessins.

Première monographie de Schiele à Paris depuis vingt-cinq ans, elle propose des œuvres de tout premier ordre, comme Autoportrait à la lanterne chinoise (1912) emprunté au Leopold Museum (Vienne), Femme enceinte et mort (mère et mort)  (1911) de la Národní galerie (Prague), Portrait de l’épouse de l’artiste (Edith Schiele), tenant sa jambe (1917) de la Morgan Library & Museum (New York), Nu féminin debout avec tissu bleu(1914) du Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, Nu masculin assis vu de dos (1910), de la Neue Galerie New York ou Autoportrait  (1912) de la National Gallery of Art, Washington.

L'avis des critiques :

J’ai eu un grand plaisir à voir une exposition resserrée et très dense. On voit à quel point chez Schiele tout est corps. Les paysages qu’il fait de la petite ville, au moment de son emprisonnement, ont l’air de corps. Il y a des corps déformés, des corps squelettiques et puis le corps en lévitation à la fin de l’exposition. La ligne est une sorte de séparation, l’expression du mystère de la vie. Anaël Pigeat

On ne peut pas dire que ce soit la meilleure exposition d’Egon Schiele, qui est le dessinateur le plus puissant du 20ème siècle. Il y a une solidité du dessin absolument remarquable, qu’on voit dès le début de l'exposition. C’est une ligne qui tord l’œil, qui casse les nerfs. On a des corps qui empêchent la caresse. Il y a un beau panel, mais l’exposition n’a pas une tenue très claire sur l’accrochage. Corinne Rondeau

Le travail de coloriste m’a beaucoup touché. On a une petite histoire extrêmement dense, extrêmement remplie, avec ces lignes qui se déplient. Il y a des autoportraits aux traits très tortueux, aux cheveux hérissés et aux yeux exorbités. Il y a une histoire de l’inachevé qui me plait beaucoup. J’ai eu envie d’en savoir plus. Florian Gaité

"TADAO ANDO - Le Défi", exposition jusqu'au 31 décembre au Centre Pompidou

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Présentation officielle : Le Centre Pompidou consacre une importante exposition rétrospective à l’architecte japonais Tadao Ando, grande figure de l’architecture contemporaine, lauréat du prestigieux prix Pritzker d’architecture.

Articulée autour de quatre grands thèmes, la forme primitive de l’espace, le défi de l’urbain, la genèse du projet et le dialogue avec l’histoire, l’exposition vous invite à découvrir les grands principes de la création de Tadao Ando, comme son usage du béton lisse, la prééminence donnée aux volumes géométriques simples, l’intégration d’éléments naturels dans ses dispositifs spatiaux, ou encore l’importance qu’il accorde à l’intensité de l’expérience corporelle générée par son architecture. 

Dévoilant cinquante projets majeurs, illustrés par cent quatre-vingts dessins, soixante-dix maquettes originales et de nombreux diaporamas, cette rétrospective retrace les différentes périodes de sa carrière d’architecte et met en lumière ses réalisations déterminantes, depuis la Maison Azuma à Sumiyoshi (1976) jusqu’à la Bourse de commerce à Paris (automne 2019).

L'avis des critiques :

Il y a quelque chose d’un peu paradoxal dans l’éloge du vide, puisque c’est une exposition effectivement très dense. Mais la scénographie marche tout à fait bien et il est possible de se concentrer. On voit la très grande cohérence de cette œuvre qui part d’une forme de carré matriciel, qui se retrouve ensuite sous différentes formes. Anaël Pigeat

Je trouve que la scénographie est très réussie. On commence avec des formes géométriques et je trouve que cette manière de vouloir marquer très fortement les bords de cette salle pose cette question de la division de l'espace. Il cherche l’ouverture par le haut, le ciel, la lumière. On lui a demandé la création d’une ville qui soit une ville d’art. Il y a une grande cohérence. Corinne Rondeau

C’est un architecte au parcours atypique. Quand le Japon s’ouvre, il réalise une forme de voyage initiatique aux Etats-Unis, à Rome. Son œuvre part de petites maisons retapées traditionnelles, à des espaces plus monumentaux. La mise en espace est réussie.  C’est une exposition très dense et touffue, qui toutefois ne rend pas entièrement hommage à l’épure de son esthétique. Florian Gaité

"Le Palais des monstres désirables", jusqu'au 20 octobre à Les Douches la Galerie

Hervé Guibert, Musée Grévin, Paris, 1978 Tirage gélatino-argentique Dimensions du tirage : 17,7 x 24 cm Tampon à sec (© Christine Guibert Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)
Hervé Guibert, Musée Grévin, Paris, 1978 Tirage gélatino-argentique Dimensions du tirage : 17,7 x 24 cm Tampon à sec (© Christine Guibert Courtesy Les Douches la Galerie, Paris)

De : Hervé Guibert

Présentation de la galerie : Après avoir présenté en 2014 quelques photographies d'Hervé Guibert dans l'exposition collective Autoportraits, nous avons le plaisir de lui consacrer une exposition personnelle réunissant près de 60 tirages d'époque, sous le commissariat de Christine Guibert et Agathe Gaillard.
Pour la plupart inédites, ces photographies ont été réalisées en 1978 autour des musées - La Specola à Florence, le Musée de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort, le musée Grévin et le Musée de l’Homme à Paris.

L'avis des critiques :

J’ai trouvé qu’il y avait une forme d’intimité entre les écrits et les photos. On a un inventaire d’objets et on est accueilli directement par une photo que j’ai prise pour un autoportrait. Guibert est le monstre parmi les monstres, les autres étant ses alter-egos. Florian Gaité

Je trouve qu’il manque quelque chose à cette exposition : les textes. Cette exposition est pour moi un cimetière, elle est d’une tristesse absolue. Cela commence par les images que l’on voit et ça les quitte. Il suffirait de lire "L'image de fantôme" de Guibert où il décrit la photographie comme une machine à arrêter le temps. Corinne Rondeau

Chez Hervé Guibert, les textes et les images sont effectivement liés. Cet ensemble d’images est assez frappant puisque ce sont des œuvres de jeunesse, avec beaucoup de choses de son univers. Dans ces éléments qui caractérisent son univers, il y a quelque chose de très surprenant quand on sait avec quel précision il décrit la déchéance de son propre corps.  Anaël Pigeat

LE COUP DE CŒUR D'ANAËL PIGEAT : "Shimabuku — Pour les pieuvres, les singes et les Hommes", exposition jusqu'au 16 décembre au Crédac

Shimabuku, Erect, 2017  Reborn Art Festival, Touhoku Oshika, Miyagi. Film numérique, couleur, son. 5 min. 53 sec. (© Shimabuku / courtesy Air de Paris)
Shimabuku, Erect, 2017 Reborn Art Festival, Touhoku Oshika, Miyagi. Film numérique, couleur, son. 5 min. 53 sec. (© Shimabuku / courtesy Air de Paris)

Présentation officielle : Diplômé de l’Université des arts d’Osaka et du San Francisco Art Institute, c’est avec une performance que Shimabuku inaugure son œuvre : il se rase le sourcil gauche et prend le métro à Londres. Depuis, il explore et parcourt le monde par ses voies maritimes, terrestres, aériennes, en observateur ou provocateur de situations insolites entre les êtres vivants, notamment les animaux qu’il affectionne particulièrement. Né en 1969 à Kobé, second port du Japon, habitant aujourd’hui l’île d’Okinawa, Shimabuku porte une profonde attention à l’eau, source de vie, milieu d’échanges et d’expérimentations.

La pieuvre, sa compagne de route depuis les années 1990, est devenue progressivement une icône de ses actions. Dans Octopus Road Project (1991), il la fait voyager de la mer intérieure de Seto jusqu’à la mer du Japon. Le récit de cette aventure est épique, malheureusement tragique. En 2003, il part à la pêche au poulpe au large d’Albisola en Italie à l’aide de poteries suspendues à une corde, une technique ancestrale japonaise. En 2006, c’est à un duo de Repentistas, ces chanteurs improvisateurs du Nordeste brésilien, qu’il transmet ce projet, relatant à leur tour et en rythme ce récit tentaculaire. À la fois drôle et poétique, Shimabuku réussit avec cette œuvre protéiforme à faire oublier les frontières géographiques et culturelles. (...)

C’est un travail extrêmement poétique, marqué par beaucoup d’humour, de simplicité dans les gestes et d’humilité à la fois. C’est un travail formidable que mène Le Crédac en montrant cet artiste aujourd’hui. Il y beaucoup de mises en scène d’animaux, puisque le vivant est très important pour Shimabuku. Anaël Pigeat

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records)

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