Arts plastiques : John Cage : Ryoanji, "une exposition exigeante, méditative et minimaliste"

Dora Maar © Adagp, Paris 2019 Photo © DR; John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac; Billet d’Emilie Tillion depuis la prison de Fresnes, octobre 1940, Dpt. des Manuscrits, BnF
Dora Maar © Adagp, Paris 2019 Photo © DR; John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac; Billet d’Emilie Tillion depuis la prison de Fresnes, octobre 1940, Dpt. des Manuscrits, BnF
Dora Maar © Adagp, Paris 2019 Photo © DR; John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac; Billet d’Emilie Tillion depuis la prison de Fresnes, octobre 1940, Dpt. des Manuscrits, BnF
Dora Maar © Adagp, Paris 2019 Photo © DR; John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac; Billet d’Emilie Tillion depuis la prison de Fresnes, octobre 1940, Dpt. des Manuscrits, BnF
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Au sommaire de cette Dispute arts plastiques : "Manuscrits de l'extrême. Prison, passion, péril, possession" à la BnF, "Dora Maar" au Centre Pompidou et “John Cage : Ryoanji” à la Galerie Thaddaeus-Ropac (Marais). Enfin, un coup de coeur pour "L'Ecriture du réel" d'Arnaud Buchs.

Avec
  • Sally Bonn Maître de conférence en esthétique à l’Université Picardie Jules Verne, auteure, critique d’art et commissaire d’exposition.
  • Stéphane Corréard Critique d'art, directeur du salon Galeristes, participe à La Dispute sur France Culture, signataire de la Tribune “Non au «cadeau» de Jeff Koons” dans Libération
  • Corinne Rondeau Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art

"Dora Maar" jusqu'au 29 juillet au Centre Pompidou

Dora Maar, Sans titre, vers 1957, Encre de Chine sur papier, 21 x 29,5 cm, Collection particulière © Adagp, Paris 2019 Photo © DR
Dora Maar, Sans titre, vers 1957, Encre de Chine sur papier, 21 x 29,5 cm, Collection particulière © Adagp, Paris 2019 Photo © DR

Commissaires : Mnam/Cci, Damarice Amao, Karolina Ziebinska-Lewandowska

Présentation officielle : La plus grande rétrospective jamais consacrée en France à l’œuvre de Dora Maar (1907-1997) vous invite à découvrir tous les volets de son travail, au travers de plus de cinq cents œuvres et documents.
D’abord photographe professionnelle et surréaliste, puis peintre, Dora Maar jouit d’une reconnaissance incontestable. Bien loin du modèle auquel sa relation intime avec Pablo Picasso la limite trop souvent, l’exposition retrace le parcours d’une artiste accomplie, d’une intellectuelle libre et indépendante. 

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L’exposition est organisée en coproduction avec le J. Paul Getty Museum Los Angeles et en collaboration avec la Tate Modern (Londres).

L'avis des critiques : 

Une exposition déséquilibrée mais très riche dans son ambition de sortir Dora Maar de son statut de muse et de compagne de Picasso.  (…) Il est intéressant de voir une absence totale de hiérarchie entre différentes formes de représentations. Cela donne lieu à des images très étonnantes. Sally Bonn 

Dora Maar a une vraie prétention photographique dans la mode, la publicité et sa présence dans le groupe surréaliste. Même s’il y a des faiblesses qu’on retrouve après Picasso, il y a une indépendance de caractère chez elle. Corinne Rondeau 

L’intérêt de cette exposition ne me paraît pas vérifié. Concernant la photographie publicitaire ou de mode, il n’y a chez Dora Maar aucune ironie, aucun point de vue féminin un peu décalé. Stéphane Corréard 

"Manuscrits de l'extrême. Prison, passion, péril, possession" jusqu'au 7 juillet à la BnF

Musée de l’Armée Photo © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/Émilie Cambier
Musée de l’Armée Photo © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/Émilie Cambier

Présentation officielle : La BnF consacre une exposition aux manuscrits écrits dans des contextes extrêmes d’enfermement, de péril, de détresse, de folie, ou de passion. Quelque 150 manuscrits sont exposés, parmi lesquels on découvre des billets et notes de personnalités et d’auteurs connus. Feuillets et notes d’André Chénier, Napoléon Ier, Alfred Dreyfus, Guillaume Apollinaire ou Nathalie Sarraute y côtoient les mots d’anonymes, simples soldats, prisonniers, hommes et femmes ordinaires. Un propos sensible et encore jamais tenu dans une exposition.

L'avis des critiques : 

La matérialité des manuscrits est très émouvante. Certains éléments au-delà des oeuvres sont magnifiques. Il est très fort d’écouter les textes, lire leur retranscription, et surtout de voir les objets. Stéphane Corréard 

On traverse la grande Histoire et une multitude de petites histoires. Ce qui est bouleversant est qu’on est toujours dans une urgence qui est celle d’établir ou de rétablir un lien. Ces manuscrits sont toujours des adresses. Sally Bonn 

Une exposition bouleversante. Corinne Rondeau

“John Cage : Ryoanji” jusqu’au 10 juillet à la Galerie Thaddaeus-Ropac (Marais)

John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac
John Cage, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac

Présentation officielle : Faisant converger la pratique influente de John Cage en tant qu’artiste visuel et en tant que compositeur, la Galerie Thaddaeus Ropac Paris présente une installation consacrée à sa célèbre série Ryoanji (1983-1992), inspirée du jardin de pierres du temple bouddhiste zen Ryōan-ji (« Temple du repos du dragon ») qu’il visita à Kyoto au Japon pour la première fois en 1962. Axée sur la façon dont il exprima ses propres idées et l’atmosphère du jardin à la fois dans des interprétations visuelles et sonores, l’exposition présente une sélection de dessins ainsi que des enregistrements de compositions pour différents instruments. Le catalogue de l’exposition, John Cage : Ryoanji, comprend le texte écrit par le compositeur sur cette série, un entretien avec lui, des reproductions de ses manuscrits et partitions pour cette série, ainsi qu’un essai inédit de James Pritchett, auteur de référence sur Cage. L’exposition est organisée par Julia Peyton-Jones en collaboration avec la John Cage Trust.

L'avis des critiques : 

Une merveilleuse introduction à une oeuvre clé du XXe siècle. Stéphane Corréard 

Une exposition exigeante, méditative et minimaliste. Sally Bonn

J'ai beaucoup apprécié les dessins de John Cage et leur rapport méditatif. Corinne Rondeau

LE COUP DE COEUR DE CORINNE RONDEAU  : "L'Ecriture du réel. Baudelaire et le réalisme sculptural" d'Arnaud Buchs (Galilée)

"L'Ecriture du réel. Baudelaire et le réalisme sculptural" d'Arnaud Buchs © Galilée
"L'Ecriture du réel. Baudelaire et le réalisme sculptural" d'Arnaud Buchs © Galilée

Présentation officielle : Le milieu du XIXe siècle est marqué par une crise de la réalité, qui va notamment se cristalliser autour de l’émergence du daguerréotype puis de la photographie, qui donnera l’illusion d’une reproductibilité mécanique et industrielle du réel. Cette crise de la réalité est avant tout une crise de l’image, et une œuvre, une écriture en particulier – celle de Baudelaire – va en incarner tous les enjeux, qui dépassent de beaucoup ce que l’on appelle communément le « réalisme ».
L’esthétique du regard de Baudelaire peut d’une part se lire comme l’une des plus virulentes critiques de ce « réalisme » mimétique qui nous empêche de voir, en deçà ou au-delà de ces images que nous montrent tant d’œuvres, romans, tableaux comme photographies, ce qui est littéralement à l’œuvre dans l’écriture de l’image. Or c’est précisément dans cette critique du « réalisme » mal entendu (notamment représenté, aux yeux de Baudelaire, par une certaine peinture de Courbet) que va d’autre part prendre forme le réalisme au sens où je l’entends, comme l’avènement impensé du réel – impensé parce qu’il surgit et se révèle dans et par l’œuvre même. L’écriture de Baudelaire, dans cette double perspective, va littéralement achever la réalité, dans les deux sens du verbe : lui mettre un terme dans son ancienne acception (comme une donnée reproductible, déjà là) et par le même geste l’accomplir dans son sens « moderne » (comme un événement à venir, inséparable de sa mise en œuvre). La réalité, pourrait-on dire, devient ainsi « plus réelle », du moins « réelle » autrement, et toute la difficulté sera de saisir ce double mouvement simultané de retrait et de reconfiguration permanente du réel. Ce double mouvement caractérise ce que j’appelle la Modernité.

La précision et le travail de lenteur qu’Arnaud Buchs a à nous faire progresser à travers les paradoxes de la modernité sont extrêmement stimulants. Corinne Rondeau 

Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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