Arts plastiques : "On dit artiste majeur, je dis : artiste essentiel !"

A gauche : Roman Cieslewicz, Suspendu malgré lui ©Photo : Piotr Travinski. A droite : Speeches - Chapter 1: Mother Tongue ©Bouchra Khalili / Zao Wou-Ki, Hommage à Claude Monet ©Photo : Jean-Louis Losi
A gauche : Roman Cieslewicz, Suspendu malgré lui ©Photo : Piotr Travinski. A droite : Speeches - Chapter 1: Mother Tongue ©Bouchra Khalili / Zao Wou-Ki, Hommage à Claude Monet ©Photo : Jean-Louis Losi - ADAGP, Paris, 2018
A gauche : Roman Cieslewicz, Suspendu malgré lui ©Photo : Piotr Travinski. A droite : Speeches - Chapter 1: Mother Tongue ©Bouchra Khalili / Zao Wou-Ki, Hommage à Claude Monet ©Photo : Jean-Louis Losi - ADAGP, Paris, 2018
A gauche : Roman Cieslewicz, Suspendu malgré lui ©Photo : Piotr Travinski. A droite : Speeches - Chapter 1: Mother Tongue ©Bouchra Khalili / Zao Wou-Ki, Hommage à Claude Monet ©Photo : Jean-Louis Losi - ADAGP, Paris, 2018
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Au sommaire de la Dispute ce soir : une sélection d’œuvres de l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili au Jeu de Paume, quarante œuvres de très grandes dimensions signées Zao Wou-Ki dans "L'espace est silence" au musée d'Art moderne et l'hommage à Roman Cieslewicz au Musée des Arts Décoratifs.

Avec
  • Frédéric Bonnet Journaliste au Journal des Arts
  • Stéphane Corréard Critique d'art, directeur du salon Galeristes, participe à La Dispute sur France Culture, signataire de la Tribune “Non au «cadeau» de Jeff Koons” dans Libération
  • Corinne Rondeau Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art

"Zao Wou-Ki - L'espace est silence" jusqu'au 6 janvier au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Zao Wou-Ki, Hommage à Edgar Varèse - 25.10.64, 1964
Zao Wou-Ki, Hommage à Edgar Varèse - 25.10.64, 1964
- © Adagp, Paris, 2018 Photo : Dennis Bouchard

Présentation officielle : Si son œuvre est aujourd’hui célèbre, les occasions d’en percevoir la complexité sont demeurées trop rares à Paris. L’exposition souhaite en renouveler la lecture et invite à une réflexion sur le grand format.

Zao Wou-Ki n’aime pas le mot « paysage » auquel il préfère celui de « nature ». Ses rapports avec le monde extérieur sont faits de découvertes et de voyages, de rencontres fécondes dont les premières furent avec Henri Michaux et le compositeur Edgar Varèse. Poésie et musique demeureront pour lui deux pôles d’attraction permanents, comme une tension nécessaire avec la peinture – donnant sens, à mesure que son art s’affirme, à l’expression que l’artiste a inspirée très tôt à Michaux : L’espace est silence.

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En insistant sur la portée universelle de son art et sur sa place aux côtés des plus grands artistes de la deuxième moitié du XXe siècle, le Musée d’Art moderne présente une sélection de quarante œuvres de très grandes dimensions dont certaines, comme un ensemble d’encres de 2006, n’ont jamais été exposées.

Commissaires : François Michaud, Erik Verhagen

L'avis des critiques : 

J’ai jamais été fasciné par le travail de Zao Wou-Ki. Cet univers, dans lequel toutes les références ont disparu, est traité d’une manière lyrique et cotonneuse et je m’y ennuie un peu. Frédéric Bonnet

Cette exposition est un drôle d’idée, d’abord il n’y a ici ni espace ni silence ! Je n’ai pas compris pourquoi les 10 premières années ne sont pas montrées. Néanmoins les grands formats permettent de mettre en relief certaines caractéristiques de Zao Wou-Ki. Stéphane Corréard

J’ai vu des choses que je n’avais pas remarqué avant chez Zao Wou-Ki. La tension qui irradie dans les centres des tableaux des années 60-70, puis cette tension qu’il évacue dans les années 80. Seulement, il cherche quelque chose qui ne peut pas trouver. Corinne Rondeau

Je ne comprends pas qu’on n’aime pas Zao Wou-Ki. Ça me bouleverse, ça m’émeut, et je le retrouve dans toutes ses œuvres. Je suis à la fois attiré et rejeté par ses toiles. Arnaud Laporte

"Bouchra Khalili - Blackboard" jusqu'au 23 septembre au Jeu de Paume

The Tempest Society 2017 Bouchra Khalili Vidéo. Courtesy Bouchra Khalili et Galerie Polaris, Paris.
The Tempest Society 2017 Bouchra Khalili Vidéo. Courtesy Bouchra Khalili et Galerie Polaris, Paris.
- © Bouchra Khalili / ADAGP, Paris, 2018

Présentation officielle : Le Jeu de Paume consacre une importante exposition à l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili (Casablanca, 1975). Le travail de l’artiste en film et installation vidéo, photographie et sérigraphie, s’organise autour de plateformes mises en œuvre par l'artiste depuis lesquelles des membres de minorités performent leurs stratégies de résistances face à l’arbitraire du pouvoir.

À travers ses propositions artistiques, Bouchra Khalili articule récits singuliers et histoire collective interrogeant les relations complexes entre subjectivité et prises de position civique pour penser une communauté à venir. « Blackboard », son exposition personnelle au Jeu de Paume réunit, pour la première fois en France, une sélection d’œuvres de ces dix dernières années.

Commissaires : l’artiste, Juan Antonio Álvarez Reyes et Marta Gili

L'avis des critiques : 

Ce travail qui est sensé parler d’aujourd’hui s’égare dans une fascination romantique des héros du passé. Il n’y a pas de luttes concrètes, ni de collectifs. Stéphane Corréard

De 2008 à 2018 il y a une volonté de manifester une écriture, quelque chose de très scolaire, ce qui est parfois un peu pénible. Je ne discerne pas la révolte d’un Pasolini ou d’un Jean Genet… Corinne Rondeau

Son travail est avant tout sur l’écriture de l’histoire, ces protagonistes qui dessinent leurs propres géographies, posent leurs propres frontières, je trouve cela remarquable. Mais Bouchra Khalili ne prend pas assez la parole et la délègue trop souvent. Frédéric Bonnet

Par les temps qui courent
58 min

"Roman Cieslewicz - La fabrique des images" jusqu'au 23 septembre au Musée des Arts Décoratifs

 Roman Cieslewicz, Il est exactement 1989 Non stop, série Kamikaze 2, revue d’information Panique, 1991
Roman Cieslewicz, Il est exactement 1989 Non stop, série Kamikaze 2, revue d’information Panique, 1991
- © Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

Présentation officielle : Le Musée des Arts Décoratifs rend hommage à Roman Cieslewicz (1930–1996). Artiste majeur de la scène graphique de la seconde moitié du XXe siècle, il est un acteur incontournable de l’École de l’Affiche polonaise avant de conquérir le monde du graphisme à son arrivée en France.

Son œuvre, éclectique, couvre une diversité des expressions graphiques depuis l’affiche jusqu’à la publicité en passant par le photomontage, l’édition et l’illustration. Ses images scrutent le monde, comme elles en sont un reflet, un témoignage, révélant ainsi toute la singularité de l’artiste, celle d’une personnalité engagée ; Roman Cieslewicz envisageait son rôle de graphiste en prise directe avec l’actualité.
Au total, plus de 700 pièces illustrent de manière chronologique et thématique l’œuvre prolifique et exceptionnelle, par l’ampleur de son contenu et par sa forme, d’un des plus grands graphistes dont les images continuent d’exercer une puissante influence sur le monde du graphisme actuel.

L'avis des critiques : 

On dit artiste majeur, je dis : artiste essentiel ! Il sait regarder, il n’a pas besoin de faire de discours sur son travail. Il nous fait voir les choses en découpant et collant ! Courrez-y ! Corinne Rondeau

Je m’y suis promené avec délectation ! C’est l’exposition à ne pas rater en ce moment. Roman Cieslewicz insuffle de l’imagination dans les déchets du quotidien, il provoque, commente et instruit dans le flux des images du quotidien ! Frédéric Bonnet

Roman Cieslewicz a une science de l’œil incroyable avec une économie de mots et de moyens. Et l’exposition livre des leçons extrêmement utiles aujourd’hui. Il montre que le graphiste est avant tout un artiste engagé. C’est une exposition magnifique ! Stéphane Corréard

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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