Cinéma : François Ozon, "le mal est hors-champ total"

De haut en bas : "Les Funérailles des roses" (© Droits réservés), "Grâce à Dieu" (© Mars Films) et "Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares" (© HI Film Productions)
De haut en bas : "Les Funérailles des roses" (© Droits réservés), "Grâce à Dieu" (© Mars Films) et "Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares" (© HI Film Productions)
De haut en bas : "Les Funérailles des roses" (© Droits réservés), "Grâce à Dieu" (© Mars Films) et "Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares" (© HI Film Productions)
De haut en bas : "Les Funérailles des roses" (© Droits réservés), "Grâce à Dieu" (© Mars Films) et "Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares" (© HI Film Productions)
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Ce soir nous évoquons "Grâce à Dieu" de François Ozon, qui revient sur l'histoire du père Preynat accusé d'attouchements sexuels. Mais aussi, le film inédit de Toshio Matsumoto, "Les Funérailles des Roses" et "Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares" de Radu Jude.

Avec
  • Antoine Guillot Journaliste, critique de cinéma et de bandes dessinées, producteur de l'émission "Plan large" sur France Culture
  • Philippe Azoury Journaliste, critique et auteur
  • Charlotte Garson Rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma

"Grâce à Dieu" de François Ozon (en salles)

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Synopsis : Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi.

Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

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L'avis des critiques :

L’enjeu du film est d’accompagner la libération de la parole, de s'inscrire en faux contre une sorte de culture du silence. Il le fait de manière juste et tellement dans l’accompagnement, que je me pose la question de l’intérêt cinématographique du film. Il a cette intelligence d’oser les choses. Tout le film est construit sur le fossé entre la clarté d’une parole, loin de l’avènement du témoignage intime. Charlotte Garson

Pour quelqu’un d’aussi peu ozonien que moi, ce film-là aurait dû être le film de la réconciliation. Il n’y a pas le cynisme et le côté mal torché. C’est un film où l’on est très confortable en tant que spectateur puisqu’on est toujours du bon côté, malgré le sujet. Ce qui est passionnant dans le film, c’est le cardinal Barbarin. Antoine Guillot

On a sans doute le plus mauvais rôle en tant que critique de devoir juger ce film. L’énigme du film, qui est pourtant à mon sens le meilleur de Ozon, c’est pourquoi la fiction ? Ce qui est vraiment énigmatique, c’est que tout ce qui relève du mal n’est pas traité. Lui qui n’est jamais du côté de ses personnages rêve un collectif. C’est le moins ozonien des films d’Ozon. Le mal est hors-champ total. Philippe Azoury

"Les Funérailles des Roses" de Toshio Matsumoto, film inédit de 1969 (en salles)

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Synopsis : Tokyo, fin des années 1960. Eddie, jeune drag-queen, est la favorite de Gonda, propriétaire du bar Genet où elle travaille. Cette relation provoque la jalousie de la maîtresse de Gonda, Leda, drag-quenne plus âgée et matrone du bar. Eddie et Gonda se demandent alors comment se débarasser de cette dernière...

Prochaines projections :

Au cinéma Le Reflet Médicis

  • 23 février à 19h55 : Présentation et rencontre à l'issue de la projection avec Stéphane du Mesnildot et le réalisateur Bertrand Mandico
  • 26 février à 19h55 : Séance présentée par Pascal-Alex Vincent réalisateur, auteur et spécialiste du cinéma japonais

Au MK2 Beaubourg

  • 25 février à 19h35 : Séance présentée par Stéphane du Mesnildot et l'écrivain Pacôme Thiellement

L'avis des critiques :

C’est un film qui condense à lui seul tout ce qu’a pu être l’underground japonais. Toutes les couches sont là. On retrouve tout ce qui a pu être l’effervescence de ces années. La déconstruction permanente d’Eddy rencontre le mythe d’Oedipe. Or, Eddy n’a pas besoin d’être expliqué. C’est l’éternelle opposition entre grands maîtres et petits maîtres.  Philippe Azoury

Le film veut tout contenir et éclate de ce trop plein, comme la drag queen, le travesti contient les deux sexes. Cet aspect rhapsodique de référence m’a très vite pesé. On a l’avant garde américaine, les citations d’auteurs français, Resnais. Il faut une virtuosité très grande de photographie et de montage. Les effets même s’ils empruntent sont réussis, mais je trouve cela fatiguant. Charlotte Garson

Imaginez un catalogue de tout ce qui se faisait à l’époque dans la modernité du cinéma. Il y a des images en accéléré qui anticipent le "Orange Mécanique" de Kubrick. Par moments c’est même un petit peu laborieux. Évidemment, ce personnage de Peter a une puissance d’incarnation et une beauté à l’écran. Antoine Guillot 

"Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares" de Radu Jude (en salles)

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Synopsis : De nos jours, Mariana Marin, metteur en scène de théâtre, travaille sur une reconstitution complexe du massacre d'Odessa, en 1941, quand le chef de l'armée roumaine Ion Antonescu a ordonné l'exécution de civils juifs suite à une attaque surprise portée contre ses troupes. Elle se heurte alors aux avis très tranchés de ses amateurs et des représentants de la ville sur ce qui s'est passé et sur la manière dont les événements devraient être présentés au peuple.

L'avis des critiques :

On pourrait dire de Radu Jude qu’il fait tout ce que François Ozon n’a pas fait. La limite du film pour un spectateur français qui ne connaît pas très bien la Roumanie, est qu'il fait référence à un substrat d’histoire nationale roumaine. On ne comprend rien jusqu’à ce que le récit prenne forme. Il n’est pas très grave d’être perdu, cela donne envie d’en savoir plus. Antoine Guillot

J’ai un peu cherché à savoir si la dernière partie était une partie captée. La matière de l’image nous laisse à penser qu’il s’agit d’une captation. Pour le reste, on a l’impression d’un film totalement amoureux de son dispositif. On peut voir le danger d’un film qui ne finirait par produire que de la pure représentation. Le film passe sa première partie à se chercher un partenaire. Philippe Azoury

C'est un film très réflexif qui montre un processus de tournage qu’on sent nourri de réflexions, puisqu’il montre le tournage d’un film. Le film est assez rugueux, ingrat. Le maire de la ville représente véritablement les différents arguments, un cynisme à tous les étages. La troisième partie est un Puy du fou local avec de la lumière à tous les étages. C’est un bon film didactique. Charlotte Garson

>> LE COUP DE CŒUR DE PHILIPPE AZOURY : "La Berlinale 2019" qui s'est déroulée du 7 au 17 février à Berlin

J’ai plutôt eu de la chance avec cette Berlinale. C’était la dernière sélection de Dieter Kosslick, qui n’a jamais brillé pour un grand courage esthétique. L'ours d'or a été le grand film. "Synonymes" m’a rappelé dans sa façon d’enjamber la fiction, un Godard des années 60. Ce film est porté par un corps d’acteurs incroyables et apporte un renouveau du cinéma israélien. Philippe Azoury

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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