Cinéma : "Voir ce film, c'est soutenir cette vie ailleurs"

en haut : "Rafiki" de Wanuri Kahiu, en bas : "Donbass" de Sergei Loznitsa (© DR) et "Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller
en haut : "Rafiki" de Wanuri Kahiu, en bas : "Donbass" de Sergei Loznitsa (© DR) et "Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller
en haut : "Rafiki" de Wanuri Kahiu, en bas : "Donbass" de Sergei Loznitsa (© DR) et "Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller
en haut : "Rafiki" de Wanuri Kahiu, en bas : "Donbass" de Sergei Loznitsa (© DR) et "Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller
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Au sommaire de cette Dispute cinéma : "Rafiki" de la kenyane Wanuri Kahiu, "Donbass" signé Sergei Loznitsa et une plongée au cœur de la Révolution française avec "Un peuple et son roi" de Pierre Scheller. Avant un coup de coeur pour "À quoi pense madame Manet (sur son canapé bleu)".

Avec
  • Florence Colombani Journaliste.
  • Thierry Chèze Journaliste, critique de cinéma, directeur de la rédaction du magazine Première, animateur de télévision et de radio
  • Corinne Rondeau Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art

"Rafiki" de Wanuri Kahiu (en salles)

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Synopsis : À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais cherchent chacune à leur façon à poursuivre leurs rêves. Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale au cours de laquelle s’affrontent leurs pères respectifs. Attirées l’une vers l’autre dans une société kenyane conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes de choisir entre amour et sécurité...

L'avis des critiques :

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C’est pour moi un film à la facture très adolescente entre le pop et l’innocence. Les deux jeunes filles sont très bien jouées. Il y a cette manière de ne pas chercher la violence. Après effectivement, ce film a les défauts de ses qualités : sa tendresse, ses excès et en même temps son espoir. On veut nous présenter la libération sexuelle sur un mode accessible. Il a donc quelque chose de très agréable sans vouloir rien prouver au cinéma. Voir ce film qui n'a jamais une attitude victimaire, c’est soutenir cette vie ailleurs. Corinne Rondeau

Je trouve un charme fou à ce film qui ne cherche pas à faire payer ou à raconter la difficulté qu’il a eu à se faire. C’est son producteur qui lui a proposé d’adapter un roman, Wanuri Kahiu a choisi de raconter une histoire d’amour. Le film a les codes du cinéma africain. Chacune est associée à une couleur au départ, avant que les couleurs se fondent. Je trouve que c’est un film charmant qui ne bascule pas dans des scènes sur-signifiantes. C’est un beau parti pris. Thierry Chèze

C’est un très joli film, très émouvant, très touchant. On accompagne l’histoire de ces deux jeunes filles, attachantes et bien jouées. Mais c’est un film très simple. Tout ça est assez minimaliste, mais minimal dans le travail artistique autour de cette histoire qui est très bien racontée. C’est un film que je suis contente d’avoir vu, mais que je ne reverrai pas. Florence Colombani

C’est un film avec une tonicité, une vivacité. Il y a quelque chose un peu de Spike Lee, dans ce côté pop très coloré. On a des figures plus que des personnages. Ce n’est pas un film qui se lamente. Arnaud Laporte

"Donbass" de Sergei Loznitsa (en salles)

Synopsis : Dans le Donbass, région de l'est de l'Ukraine, une guerre hybride mêle conflit armé ouvert, crimes et saccages perpétrés par des gangs séparatistes.
Dans le Donbass, la guerre s'appelle la paix, la propagande est érigée en vérité et la haine prétend être l'amour.
Un périple à travers le Donbass, c’est un enchaînement d’aventures folles, dans lesquelles le grotesque et le tragique se mêlent comme la vie et la mort.
Ce n’est pas un conte sur une région, un pays ou un système politique mais sur un monde perdu dans l’après-vérité et les fausses identités. Cela concerne chacun d’entre nous.

L'avis des critiques :

C’est un film qui ne ressemble à rien d’autre et nous pousse dans des retranchements d’anxiété. Il nous met sans arrêt dans une forme de rotation ou règne la loi du plus violent. On aboutit à une perte de repères absolue et j’ai été prise en otage par le film. L’effet de réel est vraiment réel par la mise en scène et non par un désir de croquer par la fiction. On entre vraiment dans le jeu de suspicion, de violence, de haine, de roublardise. Corinne Rondeau

Ce sont les pièces d’un puzzle qui va se résoudre dans l’épilogue. Le talent est de savoir toujours retenir les choses, d’arriver dans une situation d’intensité et de choc permanent. On ne sait pas qui fait quoi. A travers des dialogues, des scènes d’un humour noir corrosif, avec des plans séquence durant lesquels on ne sait pas d’où vienne les coups. C’est un mélange de dialogues, de scènes parfaitement écrites et d’une réalisation époustouflante. Thierry Chèze

J’ai été très impressionnée par ce film. Il a un fonctionnement très dynamique. Souvent le personnage secondaire dans une séquence devient principal dans la suivante. On n’a pas vraiment d’enchaînement fictionnel, mais on accompagne les gens, le temps d’un moment d’absurde de leur vie. Il y a un talent pour l’apparence physique, pour croquer des images. C’est un film qui va la où ça fait mal, au cœur d’un conflit actuel, oublié de tous. Florence Colombani

On est par moments au cœur d’un enfer burlesque. L’absence de contractualisation est plutôt très réussie. Il y a une sorte d’absurdité de l’origine du conflit, avec ici un très très grand cinéaste. C’est un film  politiquement engagé, avec pour nous quelque chose de plus universel. Il est rare qu’un documentariste soit aussi bon en fiction. Arnaud Laporte

"Un Peuple et son Roi" de Pierre Schoeller (en salles)

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Synopsis : En 1789, un peuple est entré en révolution. Écoutons-le. Il a des choses à nous dire. "Un peuple et son roi" croise les destins d’hommes et de femmes du peuple, et de figures historiques. Leur lieu de rencontre est la toute jeune Assemblée nationale. Au cœur de l’histoire, il y a le sort du Roi et le surgissement de la République…

L'avis des critiques :

C’est vrai qu’il y a une ambition démesurée. Pourtant il a choisi de faire beaucoup d’ellipses. Ce film a la volonté d’être dans un tournoiement de ce moment de la révolution qui est sidérant. Il y a cette volonté de vouloir attraper à la serpe un certains nombre d’éléments, mais en même temps c’est un problème parce que le sang n’est pas le vrai sang de la révolution. Laffite campe un personnage qui n’a plus de pouvoir, mais qui tient à ce qu’il est simplement comme homme, ce que je trouve intéressant. Corinne Rondeau

C’est un projet de très longue haleine pour Pierre Schoeller avec sept ans de travail. Ce n'est parce qu’on a beaucoup moyens qu’on va en mettre plein les yeux à tout le monde. Il y’a quelque chose d’une modestie et d’une retenue (ce qu’on ne retrouve pas dans le casting). J’aime bien aussi qu’on ne contextualise pas tout. On a plein de personnages, un kaléidoscope. Cette ambition de faire un film puzzle prend toutefois moins bien que dans son précédent film. Je suis séduit par la retenue, mais gêné par le manque de souffle. Thierry Chèze

Il cherche a nous représenter le peuple avec toute une galerie de personnages portant des revendications. Tout cela porte trop d’intention pour qu’un personnage singulier vive. Les personnages sont un peu comme des pions qui nous mènent d’une étape à l’autre. On a le phénomène terrible du film historique avec des personnages porte-paroles devant représenter telle ou telle chose. La vision reste finalement assez simple voir simpliste. Florence Colombani

Pour moi c’est vraiment un naufrage ce film-la. Chaque dialogue chez le maître verrier est absolument impossible. C’est d’une lourdeur folle et la suite est encore pire. Je crois qu’il y a une malédiction de La Révolution française au cinéma. Schoeller sur la question de la distribution fait une erreur. Mettre des comédiens et comédiennes connu(e)s, voir très connu(e)s, dans chacun des rôles met encore plus de distance et d’artificialité. C’est impossible de jouer des dialogues aussi mal écrits. C’est très lourd tout ça. Arnaud Laporte

>> LE COUP DE CŒUR DE CORINNE RONDEAU : "À quoi pense madame Manet (sur son canapé bleu)" de Hervé Le Roux. Projection le 6 octobre à 17h au Centre Pompidou dans le cadre  des "40 ans de cinéma aux Films d'ici".

Image du film "À quoi pense madame Manet (sur son canapé bleu)" (© Les Films d’Ici)
Image du film "À quoi pense madame Manet (sur son canapé bleu)" (© Les Films d’Ici)

Présentation officielle : « À quoi pense madame Manet (sur son canapé bleu) repose sur le même canevas que Reprise_, la fascination pour une image de femme qui devient le point de départ d’un voyage parmi d’autres images – en l’occurrence tous les autres modèles du peintre. À nouveau, ce sont les couleurs qui l’emportent, et les visages, et leurs beautés : dans l’image, il y a toujours, à parts égales, la perte et la reprise._ » (Emmanuel Burdeau, Mediapart)

Séance présentée par Dominique Païni (historien, critique). Pour en savoir plus...

L'avis des critiques :

Hervé Le Roux a l’oeil d’un vrai voyeur et un regard et une lecture d’historien. A la fin de ce documentaire, on ne sait pas à quoi pense Madame Manet. Mais ce qui est sûr c’est que sur quatre films, Le Roux aura cherché non pas ce qu’est la féminité, mais quelque chose de la dignité des femmes. C'est l’absence de ces femmes qui fait le suspens et l’avancée du film. Qu’est ce que c’est le cinéma sinon d’avoir toujours l’oeil sur des images ? Corinne Rondeau

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records)

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