

Ce soir trois livres sont au sommaire de La Dispute : "Être" de René Belletto, "Une vieille histoire - nouvelle version" de Jonathan Littell ainsi que "Le corps des bêtes" d'Audrée Wilhelmy.
- Elisabeth Philippe Critique littéraire (L'Obs)
- Jean-Christophe Brianchon Rédacteur en chef de I/O Gazette
- Florent Georgesco Journaliste au Monde des livres.
"Être" de René Belletto (P.O.L)

Présentation de l'éditeur : « Héros et narrateur de l’aventure, je n’ai pas voulu (comme le lecteur l’apprendra et comme il en apprendra les raisons) que mon nom figurât sur la couverture du livre. Ah oui, « aventure » : je ne parle pas de ces prestigieuses aventures de jadis, comme écrites d’avance, ni de ces aventures sans lendemain errant à jamais entre les murs du désespoir, non, mon désir était plus ambitieux, je voulais me concevoir au cœur d’une aventure sans aujourd’hui, comme si le grand livre du Destin avait brûlé dans l’incendie de quelque bibliothèque.
Mais alors, pourquoi m’inquiéter à ce point quand Nathalie me téléphona en pleine nuit et m’annonça qu’elle craignait pour sa vie ? Je lui dis que j’arrivais au plus vite. Je traversai la ville en voiture. Toute sa maison était éclairée, la porte du rez-de-chaussée entrebâillée. J’entrai. Personne en bas. J’appelai. Nulle réponse. Je montai au premier, le cœur battant. Qu’allais-je découvrir ? Le spectacle qui m’attendait dans sa chambre dépassait mes craintes les plus inimaginables. »
On gagne toujours à retrouver René Belletto. Il y a dans ce livre des choses, qui sous couvert de légèreté, travaillent vraiment. Beaucoup de choses, comme l’utilisation des parenthèses me réjouissent. Arnaud Laporte
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En ouvrant ce livre j’ai eu peur d’être agacé. Mais j’ai finalement abordé ce livre comme étant celui de la fuite, la fuite de l’auteur par l’écriture, c’est un roman qui fuit tous les genres et tous les sentiments. Jean-Christophe Brianchon
Toutes les modalités du roman qu’on s’attendait à lire se décomposent pour se recomposer dans un tout autre livre. René Belletto s’amuse à remonter et démonter, et on se demande où il nous emmène. J’ai été charmé et j’ai pris du plaisir à cette lecture. Florent Georgesco
Il y a quelque chose de très musicale, beaucoup d’allitération, ce qui rend la lecture agréable, c’est assez plaisant. Mais par trop de jeux de mots ratés, c’est parfois un peu lassant. Elisabeth Philippe
"Une vieille histoire - nouvelle version" de Jonathan Littell (Gallimard)

Présentation de Jonathan Littell : « Sous le titre, ces mots : "nouvelle version". Que veulent-ils donc dire? "Nouvelle" renvoie, de toute évidence, à une autre version, "originale". Mais quel écart veut-on ainsi marquer? Le "nouveau" livre efface-t-il le "premier", qui n'en serait dès lors qu'une partie, ou une tentative manquée, incomplète?
Si l'écriture d'un livre est une expérience, la publication y met un terme, définitif. Or, pour une fois – la parution, en 2011, d'un récit en deux chapitres sous le titre Une vieille histoire –, cela n'a pas été le cas. Pourquoi, je ne sais pas ; toujours est-il qu'un jour j'ai constaté que le texte, comme un revenant, continuait mystérieusement à produire. Il a donc fallu recommencer à écrire, comme s'il n'y avait pas eu de livre. Curieuse expérience.
Plutôt qu'une continuité, un changement de plan. Demeure le dispositif : à chaque chapitre, sept maintenant, un narrateur sort d'une piscine, se change, et se met à courir dans un couloir gris. Il découvre des portes, qui s'ouvrent sur des territoires (la maison, la chambre d'hôtel, le studio, un espace plus large, une ville ou une zone sauvage), lieux où se jouent et se rejouent, à l'infini, les rapports humains les plus essentiels (la famille, le couple, la solitude, le groupe, la guerre). Ces territoires parcourus, ces rapports épuisés, la course s'achève : dans la piscine, cela va de soi. Puis, tout recommence. Pareil, mais pas tout à fait.
Or sept, ce n'est pas juste deux plus cinq. La trame, qui tisse entre eux la chaîne des territoires et des rapports humains, se densifie, se ramifie. Les données les plus fondamentales (le genre, l'âge même du ou des narrateur/s) deviennent instables, elles prolifèrent, mutent, puis se répètent sous une forme chaque fois renouvelée, altérée, La course, stérile au départ, devient recherche, mais de quoi? D'une percée, peut-être, sans doute impossible, ou alors la plus fugace qui soit, mais d'autant plus nécessaire. »
Jonathan Littell attache une grande importance à la précision et c’est assez remarquable. Malgré l’enfer des séquences proposées, il nous montre qu’il y a toujours de l’espoir. Jean-Christophe Brianchon
C’est un livre d’une puissance assez rare. On a toujours trébuché et hésité sur Jonathan Littell, ici il n’est plus rien de ce qu’on peut lui attribuer. Florent Georgesco
Il y a là presque une rigueur mathématique. Mais ce qui est au cœur de ce livre c’est avant tout le corps. C’est un livre de chair, extrêmement incarné. Elisabeth Philippe
"Le corps des bêtes" d'Audrée Wilhelmy

Présentation de l'éditeur : Dans un paysage de roches, de glace et d’eau, au sommet d’un phare longeant une plage désertique, Mie attend que son oncle vienne l’initier aux mystères du corps. Mais Osip l’ignore ; il préfère passer ses journées à scruter les bateaux qui arrivent du large et à observer la mère de Mie, cette étrangère que son frère a ramenée de la forêt et qui le fascine. Sauvage, énigmatique, elle vit à l’écart de la famille. Son chant seul perce parfois le roulis des vagues. C’est elle qu’Osip désire. Alors, en attendant que son oncle accepte de la rejoindre, Mie imagine : elle emprunte par la pensée le corps des bêtes qui l’entourent, là un ours, ici une grue, pour comprendre de quelle lignée elle est issue. Seule dans sa chambre, elle tâche de percer l’énigme de sa chair. Osip daignera-t-il venir la retrouver ?
Après un premier roman très remarqué, Les Sangs (Grasset, Prix Sade 2015), Audrée Wilhelmy nous plonge dans un univers fantasmagorique, à la lisière de la légende et du mythe. D’une langue puissante, envoûtante, elle explore la part animale que chacun porte en soi.
Je ne peux pas m’empêcher en lisant la prose d’Audrée Wilhelmy de penser à des marines flamandes, par cette précision, cette beauté. Elle interroge de manière sensible, par le prisme du conte, la frontière entre animalité et civilisation. Elisabeth Philippe
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Programmation musicale :
♫ Cantate - Bach
♫ Prélude, op. 31, no. 08: Chanson de la folle au bord de la mer - Charles-Valentin Alkan et Hüseyin Sermet
♫ Non mi dir bell idol mio -Don Giovanni
♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).
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