

Au sommaire de cette Dispute Littérature : "Clé USB" de Jean-Philippe Toussaint, "Le coeur de l'Angleterre" de Jonathan Coe, "Forêt-Furieuse" de Sylvain Pattieu et le journal de Lucile Commeaux.
"Clé USB" de Jean-Philippe Toussaint (Éditions de Minuit)

Présentation de l'éditeur : " Lorsqu’on travaille à la Commission européenne dans une unité de prospective qui s’intéresse aux technologies du futur et aux questions de cybersécurité, que ressent-on quand on est approché par des lobbyistes ? Que se passe-t-il quand, dans une clé USB qui ne nous est pas destinée, on découvre des documents qui nous font soupçonner l’existence d’une porte dérobée dans une machine produite par une société chinoise basée à Dalian ? N’est-on pas tenté de quitter son bureau à Bruxelles et d’aller voir soi-même, en Chine, sur le terrain ?"
L'avis des critiques :
« Un roman qui nous parle de l’inquiétude des hommes face à l’avenir. » Sonia Déchamps
« Une grande qualité d’écriture, Jean-Philippe Toussaint à son meilleur. » Arnaud Laporte
« On commence par un roman sur les institutions, très documenté, puis il brouille les pistes et on entre dans un roman d’espionnage. De plus, c’est un roman extrêmement drôle. » Lucile Commeaux
« Un roman à clés que l’on a plaisir à relire une fois l’énigme dévoilée. » Laurent Nunez
"Le coeur de l'Angleterre" de Jonothan Coe (Éditions Gallimard)

Présentation de l'éditeur : "Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise.
Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.
Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de
l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct
et les identités.
Dans la lignée de Bienvenue au club et du Cercle fermé, Le cœur de l’Angleterre est le remède tout trouvé à notre époque tourmentée."
L'avis des critiques :
« Une écriture qui manie l’absurde à merveille. » Sonia Déchamps
« Le cœur de l’Angleterre » questionne la nation, l’identité nationale, le territoire. Un plaisir de lecture, j’aurais pu en lire 500 pages de plus. » Arnaud Laporte
« Un roman qui feuilletonne l’Angleterre de 2010 à 2018, très fort en récit, mais le projet veut décrire toutes les couches socio-culturelles de la société au risque d’y faire exister des personnages qui manquent d’incarnation. » Lucile Commeaux
« Trop de personnages malgré une intrigue tenue. » Laurent Nunez
Le coup de coeur de Sonia Déchamps : "Forêt-Furieuse" de Sylvain Pattieu (Éditions du Rouergue)

Présentation de l'éditeur : "À la Colonie, en lisière de la forêt, il y a des enfants malades, des orphelins et des estropiés, des rescapés. Ils ont des noms à rallonge, La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule, Destiny-Bienaimée, Mohamed-Ali, Tout-Le-Fait-Rire. Ils sont divisés en deux groupes, strongues et bitches, et les strongues tabassent, et les bitches ne se laissent pas faire. Ils sont plus habitués à la violence qu'à la tendresse, ça n’empêche pas les amitiés, les amours. Ils ont peur de la forêt, mais elle les attire, ces gamins. Pas loin, un village, enserré dans des montagnes. Comme partout, la lutte des classes règne, entre bergers, paysans, et maîtres des forges. On trouve des christian, des muslim, des supermuslim. Les vrais supermuslim menacent, ils veulent prendre le village pour leur califat. Il y a des Grands-Incendies et des Grandes-Vagues, des pluies corrosives ou du soleil qui tape dur.
Dans Forêt-Furieuse, Sylvain Pattieu fait s'entrechoquer la vitalité enfantine, l'imaginaire destructeur du djihadisme, la violence des guerres contemporaines, sur fond de contes et légendes d’Ariège, de paysages des Pyrénées et de Seine-Saint-Denis. Et puis il y a son écriture, scandée par le rap et nourrie de la langue populaire d'aujourd'hui."
« J'ai vraiment aimé l'énergie de ce livre, l'inventivité de l'écriture, les risques pris par l'auteur, le mélange des genres. Un livre dense, ambitieux, qui peut dérouter mais extrêmement intéressant » Sonia Deschamps
Le journal de La Dispute par Lucile Commeaux : Ce que les romans français disent de la France d’aujourd’hui ?

"C’est un sujet qui revient tous les ans au moment de la rentrée littéraire: ce que la littérature française dit de l’état de la France. C’est presque même devenu une catégorie, à en croire nos confrères de la presse écrite: comment la littérature prend le pouls du pays. Raphaëlle Leyris dans Le Monde à la fin du mois d’août s’essaie valeureusement à classer les livres en plusieurs catégories, dont une qui serait: la littérature qui se “collette le réel”, catégorie dans laquelle elle compte les témoignages, celui par exemple de Thierry Vimal qui a perdu sa fille dans l’attentat de Nice, mais aussi certaines fictions, comme le dernier Marie Darrieussecq, La Mer à l’envers, qui traite de la question de la migration. Elisabeth Philippe, autre consœur de La Dispute, publie dans l’Obs un article fort inspirant intitulé “Rentrée littéraire: la revanche de la France périphérique”, qui détaille une tendance chez les jeunes écrivains français, derrière le dernier Goncourt Nicolas Matthieu, à inscrire leurs fictions dans des milieux délaissés par la littérature de leurs aînés, à savoir, les quartiers populaires, la ruralité paupérisée, les petites villes moyennes. Je n’ai évidemment pas lu les quelques trois-cent livres français de cette rentrée, mais cette tendance m’apparaît à moi aussi, en particulier chez les primo-écrivants. Marin Fouqué par exemple, dans 77 paru chez Actes Sud, s’ancre dans une Essonne boueuse qui semble à mille lieux de sa voisine parisienne, la même Essonne que sillonnent les éducateurs du premier roman de Mathieu Palain Salle Gosse. Alexandre Labruffe dans Chroniques d’une station-service paru chez Verticales, déroule le quotidien des autoroutes et des ronds-points, Youssef Abbas dans Bleu Blanc Brahms campe deux jeunes désœuvrés dans une petite ville du centre de la France. Autant de livres qui traitent l'ultra contemporain français, qui affrontent, avec plus ou moins d’aplomb et plus ou moins de réussite, sa complexité politique et sociale. Pour autant, aucun de ces livres ne sont comparables à l’entreprise de Jonathan Coe dans Le Cœur de l’Angleterre. Lui, c’est l’échelle englobante : il prend tout, partout, le pays entier, ses instances sociales, ses évènements majeurs, ses hommes politiques, ses débats parlementaires. Depuis les errements d’une députée jusqu’aux doutes d’une famille immigrée, la fiction ne recule devant aucun écart. Le roman français lui, semble regarder la France par un bout, un abribus paumé, une station-service au milieu de nulle part, le local d’un centre social. On ne lit pas Macron, on ne lit pas Gilets jaunes, on ne lit pas Loi El Khomri, mais on lit chef d’entreprise, gendarmerie, accident de travail. Je ne prononce aucun jugement de valeur sur ce choix, qui encore une fois, est une hypothèse de ma part, le constat d’un travail d’échelle profondément différent. Dernier exemple, peut-être le plus révélateur - à moins qu’il ne soit pratique pour moi : il y a bien un roman qui affiche, en cette rentrée littéraire, le mot “France” en toutes lettres sur sa couverture: un premier roman là encore, signé Joffrine Donnadieu : Histoire de France, paru chez Gallimard. Un titre qui joue avec les attentes du lecteur, puisque dans un premier temps, la France du livre est un personnage, dans un second, probablement la figure métonymique d’un pays paumé.
Encore une fois : trois-cent romans français en cette rentrée littéraire, nous n’avons probablement pas lu les mêmes, pas eu la même impression : A l’aune de votre lecture de ce grand roman sur l’Angleterre qu’est le livre de Jonathan Coe, où est aujourd’hui, le Cœur de la France ?__"
C'est la question que Lucile Commeaux a posé à Laurent Nunez et Sonia Deschamps leurs réponses, leurs hypothèses sont à retrouver dans dernière partie de l'émission.
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