Littérature : "Don DeLillo fait de la philosophie pour lycéens"

Crédits : Actes sud, Verdier, Gallimard
Crédits : Actes sud, Verdier, Gallimard
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Au sommaire de la Dispute littéraire : "Zero K" de Don DeLillo qui interroge les limites de l'existence humaine (Actes sud) ; le roman cinéphile "Tiens ferme ta couronne" de Yannick Haenel (Gallimard) et Antoine Volodine, prix Médicis 2014, alias Lutz Bassmann qui signe "Black Village" (Verdier).

Avec

Zero K, de Don DeLillo (Actes sud)

Présentation de l'éditeur : Choisir de mourir pour prendre la mort de vitesse, décider de se transformer en créature-éprouvette dans l’attente de jours meilleurs afin de revenir au monde en être humain augmenté et radicalement inédit, telle est l’offre de “Zero K”, un centre de recherches secret. Son principal actionnaire, le richissime Ross Lockhart, décide de faire appel à ses services pour son épouse, atteinte d’une maladie incurable, et convoque son fils unique pour assister à la fin programmée de la jeune femme consentante.

Philippe Chevilley :

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La dialectique entre un monde futur idéalisé et un monde déliquescent rend le roman très intéressant.

Elisabeth Philippe :

Don DeLillo fait de la philosophie pour lycéens.

Jean-Christophe Brianchon :

Don DeLillo ressasse des questionnements métaphysiques de manière très simpliste.

Crédits : AGF/Rex Features
Crédits : AGF/Rex Features

Tiens ferme ta couronne, de Yannick Haenel (Gallimard)

Présentation de l'éditeur : Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit. S’ensuivent une série d’aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l’île d’Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie. On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d’hôtel sosie d’Emmanuel Macron.

Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature? La comédie de notre vie cache une histoire sacrée : ce roman part à sa recherche.

Elisabeth Philippe :

La langue du livre est d'un lyrisme souverain.

Philippe Chevilley :

Le mélange de la fiction et de la réalité est réussi. Le personnage en double auto-fictionnel déjanté aussi.

Jean-Christophe Brianchon :

C'est la fuite d'un personnage qui refuse d'affronter son rapport à la mort et à la vie.

Crédits : Thomas Coex / AFP
Crédits : Thomas Coex / AFP
© AFP

Black Village, d'Antoine Volodine (Verdier)

Présentation de l'éditeur : Tassili, Goodmann et Myriam. Deux hommes et une femme en guenilles, anciens poètes, anciens membres du service Action qui se connaissent à peine. Ils cheminent dans l’obscurité qui suit leur décès. La route est interminable et monotone. Ils doivent apprendre à marcher ensemble dans ce monde sans lumière où ils affrontent non seulement les ténèbres, mais aussi des bizarreries du temps, car celui-ci ne s’écoule pas de façon familière. Il s’étire ou se rétrécit, mais surtout il s’interrompt, il « n’aboutit pas ». Pour essayer de poser des repères dans la durée de leur voyage, ils se racontent des histoires. Ils aimeraient que les récits qu’ils inventent se gravent dans leurs mémoires et dessinent peu à peu un calendrier et des souvenirs qui accompagneraient leur progression vers la fin. Or, quel que puisse être le contenu de leurs histoires – aventures trépidantes, violence, vengeance, rêves, missions criminelles, explorations fantastiques –, tout s’interrompt en plein cœur de l’action. Les images naissent, couleurs et anecdotes flamboient, mais soudain une force mystérieuse intervient et cisaille impitoyablement la narration. De nouveau et en un instant, le noir se fait. Les narrats deviennent des interruptats, le roman devient une chambre d’échos.

Quant à Tassili, Goodmann et Myriam, ils poursuivent leur longue marche sans savoir si un jour ils vont s’éteindre, ni si l’extinction durera le temps d’un claquement de doigts, ou mille ans.

Elisabeth Philippe :

Le livre est fait d'histoires inachevées qui recomposent un monde en lambeaux.

Jean-Christophe Brianchon :

C'est la réponse à Don DeLillo. L'auteur nous rappelle que la littérature permet de vivre : c'est un roman remarquable.

Antoine Volodine, prix Médicis 2014.
Antoine Volodine, prix Médicis 2014.

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Interludes musicaux

  • Death of a Ladie’ man, Leonard Cohen
  • Waiting his turn, Stanley Myers
  • Mississippi, The Cactus Blossoms

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