Littérature : "Et toujours en été", de Julie Wolkenstein, "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, "Le Discours" de Fabrice Caro

"Et toujours en été", de Julie Wolkenstein, "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, "Le Discours" de Fabrice Caro
"Et toujours en été", de Julie Wolkenstein, "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, "Le Discours" de Fabrice Caro
"Et toujours en été", de Julie Wolkenstein, "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, "Le Discours" de Fabrice Caro
"Et toujours en été", de Julie Wolkenstein, "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, "Le Discours" de Fabrice Caro
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Au sommaire de cette dispute Littérature : Littérature : "Et toujours en été", de Julie Wolkenstein (P.O.L), "Le Pays des autres" de Leïla Slimani (Gallimard), "Le Discours" de Fabrice Caro (Folio) et le coup de cœur ♥ de Raphaëlle Leyris pour "Jetez-moi aux chiens" de Patrick McGuinness (Grasset)

Avec

"Et toujours en été", de Julie Wolkenstein (P.O.L)

C’est un livre d’amour et de deuil qui m’a profondément bouleversée. Raphaëlle Leyris

"Et toujours en été" de Julie Wolkenstein (P.O.L)
"Et toujours en été" de Julie Wolkenstein (P.O.L)

Présentation : Julie Wolkenstein invente avec ce nouveau livre une émouvante forme d’autobiographie contemporaine. Et toujours en été s’inspire des jeux vidéos dits escape games (ou escape the room) dans lesquels les joueurs doivent explorer pièce par pièce une maison, un château, collecter des indices et ainsi progresser et finir par découvrir une histoire et ses secrets.
  Un escape game c’est comme la vie. Surtout lorsque cette vie (la mienne) est d’abord un lieu, une maison aux multiples pièces, chacune encombrée de souvenirs et peuplée de fantômes », écrit la narratrice. Les fantômes, il y en a deux principalement, le père, écrivain et académicien, mort en 2006, et le frère disparu en novembre 2017.

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Il y a aussi le souvenir de l’Anyway, le voilier du père transmis à son fils. La narratrice s’adresse à ses lecteurs et nous participons avec elle à la visite de la maison familiale de Saint-Pair-sur-mer dans la Manche. On remonte le temps, celui des étés des années 70 et 80, mais aussi de plus lointaines époques. Comme dans les escape games, il y a parfois des raccourcis topographiques à découvrir et à emprunter pour aboutir à des révélations. C’est en quelque sorte une « vie mode d’emploi ». Les pièces, les meubles, les objets de toutes sortes (tableaux, disques vinyles, horloges, livres, instruments de cuisine, jouets…) forment un drôle de puzzle autant spatial que temporel, à reconstituer pour faire apparaître avec bienveillance et mélancolie l’histoire d’une famille. Son humanité, avec ses failles et ses disparitions.

L'avis des critiques : ♥♥♡♡

► « J’aime particulièrement les livres qui utilisent le lieu comme un protagoniste. Aussi, j’aime l’idée d’une nostalgie douce, qui n’est pas altérée par la tristesse ou le chagrin, parce qu’elle est sans arrêt compensée par un présent qui est tout-à-fait amusant, par des enfants qui à leur tour, en 2017, rient dans les murs de cette maison en Normandie. » Clémence Pouletty

► « C’est un livre d’amour et de deuil qui m’a profondément bouleversée. C’est formidable d’être un écrivain capable d’attacher les lecteurs et de réussir à leur imposer son univers à ce point là, quasiment physiquement. La maison familiale de Julie Wolkenstein existe très profondément dans mon esprit. » Raphaëlle Leyris

► « Il y a des moments où l’on commence à s’ennuyer, et c’est à ce moment-là que Julie Wolkenstein nous cueille avec un petit revers de phrase, une évocation de la mort de son frère à laquelle on ne s’attendait pas. Elle parvient à dissimuler la mélancolie dans une structure ludique qui lui permet de régénérer la forme une peu péremptoire de la description d’un lieu. » Grégoire Lemenager

► « J’aime la délicatesse de Julie Wolkenstein mais j’ai trouvé dommage que la construction soit parfois un peu trop visible, on sentait les armatures et la fabrication du prétexte de l’escape game. C’était peut-être nécessaire pour elle de s’appuyer là-dessus et de construire son livre. L’émotion est pas toujours là où elle pouvait me faire ressentir des choses fortes. » Arnaud Laporte

"Le Pays des autres" de Leïla Slimani (Gallimard)

Leïla Slimani est la preuve que l’on peut faire du neuf avec du vieux quand on a du talent. Grégoire Lemenager

"Le Pays des autres" de Leïla Slimani (Gallimard)
"Le Pays des autres" de Leïla Slimani (Gallimard)

Présentation : En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat.

L'avis des critiques : ♥♥♡♡

► « C’est un roman au thème si profond, grave et contemporain, qu’on ne peut pas dire qu’on ne l’aime pas. Je ne m’ennuie pas mais "Le Pays des autres" est si contemporain, il reprend tellement de grands thèmes du moment, que finalement, c’est un livre dont on ne peut pas dire du mal, qu’on ne peut pas critiquer. Il est manichéen dans le sens où l’on fait partie des mauvais si on n’apprécie pas ce livre. » Clémence Pouletty

► « Je ne faisais pas partie du fan club de Leïla Slimani, je trouvais ses deux premiers romans efficaces mais dans une langue qui ne me frappait pas par sa subtilité. J’ai donc été d’autant plus surprise d’apprécier ce texte. C’est un ouvrage où elle va ailleurs, on sent un travail de documentation important et elle gagne de la fluidité dans son écriture, avec quelque chose de plus sensuel dans l’appréhension des paysages et des personnages. Je trouve qu’il y a quelque chose de très cohérent et d'intéressant dans l’écriture des lieux, de l’atmosphère, des êtres. » Raphaëlle Leyris

► « C’est un excellent antidote au grand retour du manichéisme qu’on observe de nos jours. Au début on peut se dire que ce roman a quelque chose de classique, d’académique dans sa manière de raconter un récit à la troisième personne, avec une alternance bien dosée de descriptions, de portraits, de narration, et un vocabulaire compréhensible par tout le monde. Finalement, ça prend extrêmement bien, et Leïla Slimani est la preuve que l’on peut faire du neuf avec du vieux quand on a du talent. » Grégoire Lemenager

► « Je ne brûle pas du tout en lisant "Le Pays des autres" de Leïla Slimani, je ne prends pas plaisir à le lire en raison de la pauvreté de son écriture. Evidemment le sujet et les problématiques sont intéressants, mais si je n’ai pas le plaisir de la phrase, de la langue, ma lecture est laborieuse. Elle est très ambitieuse et a raison de l’être, mais son écriture est encore très balisée, sans flamme. » Arnaud Laporte 

"Le Discours" de Fabrice Caro (Folio)

"Le Discours", c’est l’absurde mis au service de la lucidité mélancolique. Clémence Pouletty

"Le Discours" de Fabrice Caro (Folio)
"Le Discours" de Fabrice Caro (Folio)

Présentation : «Je prononcerai ce discours à une condition, Ludo, une seule : que tu arrêtes de faire grincer ta fourchette dans ton assiette. Je pourrais tuer pour ça. Il y a des codes, Ludo, sinon c’est le bordel. Sept milliards de névrosés essayant de vivre ensemble, se faisant croire que c’est possible, qu’on ne tue pas pour un grincement de fourchette dans l’assiette, qu’on ne quitte pas son amoureux parce qu’il fait du bruit en buvant son café.»
Lors d’un dîner en famille, Adrien, qui vient de se faire plaquer, apprend qu’il doit prendre la parole au mariage de sa sœur. Entre le gratin dauphinois et les tentatives de discours toutes plus absurdes les unes que les autres, il n’espère qu’une chose : que Sonia revienne.
Un récit digne des meilleures comédies romantiques, où l’on retrouve l’humour décalé de "Zaï zaï zaï zaï".

L'avis des critiques : ♥♥♥♥

► « "Le Discours", c’est l’absurde mis au service de la lucidité mélancolique. J’ai été tellement émue et si touchée, et si j’ai ri, c’est parce que j’étais émue. J**’aime ressentir autant d’empathie pour un personnage et c’est dans ces moment-là, comme avec les personnages de Jean Rochefort, que je ri.** » Clémence Pouletty

► « Nous avons ici un hymne charmant aux inadaptés de l’existence. Sur des éléments attendus et stéréotypés, tes que la famille de la petite classe moyenne, la chenille au mariage, le meuble en contre-plaqué, Fabrice Caro parvient à broder du burlesque en permanence. Je trouve formidable de réussir, sans beaucoup d’effort, à faire quelque chose d’aussi imaginatif et burlesque. » Raphaëlle Leyris

► « J’ai été attendri par le rire, le personnage principal est un looser intégral. Il peut dire des horreurs sur sa famille parce qu’il en fait lui-même partie, il est englué comme nous tous dans les milieux sociaux où nous évoluons, qui ont tous leurs ridicules et leurs travers. » Grégoire Lemenager 

► « Fabrice Caro a un sens de la rupture, de l’image, de la métaphore, de la comparaison ; c’est de l’orfèvrerie. A chaque page il y a de l’invention et c’est tout-à-fait stupéfiant d’avoir cette inventivité, que l’on retrouve aussi dans ses bandes dessinées. » Arnaud Laporte 

♥ Le coup de cœur ♥ de Raphaëlle Leyris pour "Jetez-moi aux chiens" de Patrick McGuinness (Grasset)

"Jetez-moi aux chiens", de Patrick McGuinness
"Jetez-moi aux chiens", de Patrick McGuinness

Présentation : Au sud de Londres, quelques jours avant Noël, est retrouvé le cadavre d’une jeune femme étranglée. Le narrateur, Ander, officier de police, enquête sur le crime avec son assistant le grassouillet Gary. Suspect : M. Wolphram, voisin de la victime, ancien professeur de lycée en retraite. Il se dit innocent.
Au fur et à mesure que les interrogatoires se multiplient, Ander est pris d’un sentiment de déjà-vu. Il se remémore sa propre éducation dans un pensionnat privé connu pour ses problèmes de harcèlement  : M. Wolphram y avait été un de ses professeurs. Solitaire et marginal, passant ses journées à écouter de la musique, il devient la proie de la presse à scandale et des réseaux sociaux. Ils le harcèlent d’injures. Le voici assassin, pédophile, à lyncher. Une journaliste sans scrupules alimente le scandale en publiant des témoignages biaisés sur celui qu’on surnomme désormais «  le loup de Chapelton  ».

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