

A l'occasion de cette Dispute musique, Lucile Commeaux présentera un Petit Salon intitulé : "Le rap français est-il désormais au service du Grand Capital ?". Nous parlerons également de "Brol" d'Angèle et de Julia Holter avec "Aviary", avant un coup de cœur pour "El Mal Querer" de Rosalia.
- Pascaline Potdevin Chef de la rubrique culture de Grazia
- Olivier Lamm Journaliste et critique à Libération
- Christophe Conte Journaliste
Le Petit Salon de Lucile Commeaux : "Le rap français est-il désormais au service du Grand Capital ?"
L'avis des critiques :
Le rap d'aujourd'hui ne serait plus que le promoteur de la société de consommation. Inscrits dans un système industriel classique, les rappeurs auraient abdiqué leur devoir de soulèvement et vendu leur peau aux grandes marques et aux grands intérêts. Qu’est-ce qui se cache à votre avis derrière ce vrai/faux clivage entre rap conscient et rap mainstream ? Lucile Commeaux
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On a une énième preuve que tout le monde en veut au rap après lequel on court depuis 30 ans. La musique n’a pas à être exemplaire, elle n’a aucun devoir. Quant à cette rhétorique qui reprocherait à un artiste de faire l’apologie de la consommation, du luxe, finalement récupérer les habits de la bourgeoisie quand on vient d’un milieu populaire, c’est une subversion. On est dans une société ultra-capitaliste, dans laquelle les classes populaires veulent croquer comme les autres. Olivier Lamm
Le rap a une très longue histoire, l'argent a toujours été en question. Le rappeur qui reçoit de l’argent choque beaucoup plus le bourgeois qu'en brûlant des voitures. Le rap conscient, ce n’est pas NTM. Kery James lui est sur d’autres logiciels que les rappeurs contemporains. On est dans une génération qui a compris que dans le vocabulaire contemporain, ce sont les histoires de marques que le public veut entendre. Christophe Conte
La réalisatrice de « Divine » disait que « si l'on veut montrer la banlieue au plus juste, on repart rarement avec un film de gauche (...) la bien-pensance en prend un coup ». Les rappeurs font du « branding », mais tout notre monde n’est que « branding ». On ne croit plus au collectif, on ne croit plus en soi. Je pense que ça correspond à l’air du temps tel qu’il est. Pascaline Potdevin
"Brol" d'Angèle (Angèle VL Records) en concert au Trianon le 23 novembre (complet)
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Présentation officielle : Le nouveau phénomène Angèle, de son vrai nom “Angèle Van Laeken”, chanteuse Belge de 22 ans sortira son premier album nommé “Brol”, qui veut dire « désordre » ou « gadget » en argot belge, le 5 octobre 2018. Il contiendra 12 chansons, dont un duo avec son frère Roméo Elvis, étoile montante du rap français, l’album sortira sous le propre label de la chanteuse « Angèle VL Records ».
Ses premiers tubes “La Loi de Murphy”, “Je veux tes yeux” et “la Thune” cumulent à eux trois un peu plus de 21 millions de vues sur Youtube, un trio de singles qui lui a permis de parcourir pas moins de 20 festivals cet été avant la sortie de son album. Celui-ci est d’ailleurs l’un des plus attendu de cette rentrée 2018.
Prochaines dates :
- 13 mars : Olympia, Paris
L'avis des critiques :
C’est un album que j’aime bien, qui est extrêmement facile à écouter. Il me rappelle en ce sens le premier album de Lily Allen sorti en 2008. Ses productions plutôt urbaines vont voyager parfois vers le zouk, parfois le reggae. C’est plutôt élégant, on n’est pas dans de la variété plate et sans saveur. Elle un talent pour écrire de bonnes mélodies, efficaces et singulières. Au-delà de ça, ce qui me touche chez Angèle c’est que j’ai découvert une mélancolie et une inquiétude, qui me semble symptomatique de sa génération. Pascaline Potdevin
C‘est vrai que le personnage d’Angèle est apparu comme ça de manière assez étonnante. Elle est née sur Instagram et c’est d’ailleurs pour moi un album qui a été fait avec application. C’est ni pire, ni plus mauvais que certains albums qui sortent. Tout a été écrit en regard de l’expérience assez traumatisante que vivent les adolescents de la notoriété soudaine, d’une forme de violence. Il y a dans ce disque quelque chose de très touchant, de très mélancolique. C’est une dragée au poivre. Christophe Conte
J’en ai fait une sorte de symptôme et de symbole de la chanson française à l’heure actuelle. Le problème c’est que c’est un disque paresseux, très mal écrit, qui relève de la rédaction de troisième. C’est une Louane qu’on nous vend comme quelque chose de cool. L’industrie a compris qu’on pouvait en faire quelque chose puisqu’elle a un charme très fort. C’est un disque ni drôle, ni charmant, ni émouvant et je ne vois que des stratagèmes. A côté de ça Alain Chamfort c’est Wagner. Olivier Lamm
J’avais plutôt des a priori négatifs en raison du battage médiatique. Je trouve qu’elle mérite l’attention. Il y a une efficacité au rendez-vous. Il y a quand même une longue liste de jeunes femmes chantant des chansons à la frontière de la variété et de l'électro-pop pour aller vite. Chez Angèle c'est efficace, il y a un sens mélodique que je trouve très juste. J'ai été plutôt sensible aux paroles. Arnaud Laporte
"Aviary" de Julia Holter, album disponible le 26 octobre chez Domino
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Présentation officielle : Julia Holter annonce la sortie de son nouvel album Aviary, un voyage épique qu'elle décrit comme "la cacophonie de l’esprit dans un monde dissolu". Disponible le 26 octobre chez Domino, Aviary est l’album le plus foisonnant et époustouflant de la compositrice originaire de Los Angeles, avec d’étonnantes tournures et des arrangements impressionnants. Il succède à Have You In My Wilderness publié en 2015 et encensé par la critique, il a comme point de départ une citation d’une nouvelle d’Etel Adnan publiée en 2011 « I found myself in an aviary full of shrieking birds. » (Je me suis retrouvé dans une volière pleine d’oiseaux qui hurlaient). C’est un scénario tout droit sorti d’un film d’horreur et pourtant c’est une métaphore assez juste de la vie en 2018, avec ses crises incessantes de scandales politiques, de catastrophes naturelles, de manifestations pour des causes et des convictions dans le vide.
« Parmi tout ce blabla interne et externe, nous expérimentons tous les jours alors qu’il est difficile de trouver ses bases. » raconte Julia Holter. « Je crois que cet album reflète cette impression de brouhaha et comment chacun y répond en tant qu’individu – comment chacun se comporte, comment chacun cherche l’amour en guise de réconfort. Peut-être qu’il est question d’écouter et de rassembler la folie afin d’en ressortir quelque chose et ainsi envisager un avenir. »
« Dans beaucoup de chansons, quand j’évoque l’amour, il s’agit de rechercher la compassion et l’humilité dans un monde où l’empathie est toujours mise à l’épreuve » explique Julia. Dans le cas d’Aviary, cette quête de délicatesse devient une métaphore du processus créatif traversant les hiérarchies historiques, le langage et la musique pour offrir quelque chose de plus fluide, plus ouvert et caractéristique.
Produit par Julia Holter avec l’aide de Cole MGN, Aviary associe astucieusement les envolées lyriques d’Holter et les synthés aux inspirations Blade Runner à une palette de violons et de percussions, les quinze titres de l’album révèlent la vision infinie de cette artiste. Holter s’est entourée de Corey Fogel (percussions), Devin Hoff (basse), Dina Maccabee (violon, alto, choeurs), Sarah Belle Reid (trompette), Andrew Tholl (violon) et Tashi Wada (synthé, cornemuse).
- à écouter aussi : **"Nue"**de Tashi Wada with Yoshi Wada and Friends (avec en featuring Julia Holter)
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L'avis des critiques :
Elle s’octroie la liberté d’aller où elle veut. On retrouve ses obsessions, notamment pour la musique baroque, sérielle. Elle a pris ses tropismes pour les démembrer complètement. C’est beau d’avoir cette liberté-là. Il y a un côté monstrueux au sens de fascinant dans ce disque. On a un flux et reflux permanent. Je trouve cette liberté et cette audace très belles. Pascaline Potdevin
J’adore Julia Holter depuis le premier jour et je suis depuis toujours impressionné notamment par sa rapidité de production. Le premier morceau est assez chaotique et on ressent quelque chose qui est de l’ordre de l’organique. Il y a plusieurs passages dans le disque qui dérangent. C’est un disque qui reste un disque pop malgré tout, dans ses mélodies et arrangements. C’est l’une des créatures les plus folles de la musique populaire. Christophe Conte
Chaque morceau ou presque semble avoir été mâché et remâché avant d’être recraché, et plutôt déconstruit. On reconnait chaque partie, mais le tout est très curieux. On a quand même une dimension de cérémonie païenne comme avec une cathédrale de sons. On se sent parfois un peu petit devant cette construction immense. Arnaud Laporte
J’aime beaucoup cette artiste et j’aime beaucoup ce disque. On ne trouve normalement pas ce genre de chose dans l’indie pop branchée parce que c’est un disque d’une heure et demi. Ses premiers disques étaient des expériences plus que des albums de pop. Les morceaux sont généralement construits de manière très étrange avec des paysages sonores. J’admire son courage, même si je suis un peu lassé par son côté première de la classe. Olivier Lamm
>> LE COUP DE CŒUR DE PASCALINE POTDEVIN : "El Mal Querer" de Rosalia (Sony), sortie le 2 novembre
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C’est une sorte de mélange de RnB et de flamenco. Elle est dans un registre beaucoup plus urbain, électro. Elle fait un mélange pas du tout artificiel, très inédit, qui va à l’épure. On n’est pas dans la carte postale latino mainstream et très cheap. C’est quelque chose de très singulier. Je pense qu’en 2019, on ne va entendre parler que d’elle. Pascaline Potdevin
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♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records)
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