Musique : Don Giovanni, une mise en scène "paresseuse" ou complexe et fascinante ?

"Don Giovanni" © Charles Duprat / Opéra national de Lyon, "Barbe-Bleue" © Stofleth; "Madame Favart" © Opéra Comique
"Don Giovanni" © Charles Duprat / Opéra national de Lyon, "Barbe-Bleue" © Stofleth; "Madame Favart" © Opéra Comique
"Don Giovanni" © Charles Duprat / Opéra national de Lyon, "Barbe-Bleue" © Stofleth; "Madame Favart" © Opéra Comique
"Don Giovanni" © Charles Duprat / Opéra national de Lyon, "Barbe-Bleue" © Stofleth; "Madame Favart" © Opéra Comique
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Au sommaire de cette Dispute consacrée à la musique classique : "Don Giovanni" de Mozart à l'Opéra Garnier. Deux oeuvres de Jacques Offenbach: "Madame Favart" à l'Opéra Comique et "Barbe-Bleue" à l'Opéra national de Lyon. Enfin, un tour de table des critiques sur les opéras à voir cet été.

Avec

"Madame Favart" de Jacques Offenbach jusqu'au 30 juin à l'Opéra Comique

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Direction musicale : Laurent Campellone              Mise en scène : Anne Kessler 

Présentation officielle : Le maréchal de Saxe veut séparer Charles-Simon et Justine Favart afin de faire de l'actrice sa maîtresse. Les voilà forcés de vivre séparés et cachés. Leur génie de l’intrigue sauvera-t-il leur couple ?
Immense actrice de l’époque des Lumières, Justine fut aussi une héroïne. Fuyant entre France et Pays-Bas les assiduités du maréchal, elle change d’identité pour sauver son honneur, le bonheur de ses amis, la carrière de son époux dramaturge et, sans le savoir… l’avenir de l'Opéra Comique. À peine romancée, l'anecdote se mêle à l’Histoire pour s'achever par un spectacle dans le spectacle.
Avec Madame Favart, Offenbach a réussi à conjuguer récit picaresque et célébration de l’opéra-comique dans une pièce lyrique à souhait. Presque oubliée après des décennies de succès, cette grande comédie renaît pour le bicentenaire du compositeur.
Pour rendre justice à une femme de théâtre complète, il en fallait une autre, Anne Kessler. Laurent Campellone fait miroiter le génie d’Offenbach après un Fantasio qui a marqué 2017. Et incarnant les protagonistes de cette aventure, Marion Lebègue et les artistes de la Nouvelle Troupe Favart brûleront les planches !

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L'avis des critiques : 

La dimension vaudevillesque est très atténuée par le décor unique. Cela fonctionne malgré tout car la direction d’acteur est assez fidèle au texte. Mais le livret comporte de longs dialogues parlés. C’est un vrai problème car les chanteurs ne sont pas des comédiens et restent au stade d’une récitation presque scolaire. Emmanuel Dupuy 

L’orchestre et les choeurs sont très vifs et rapides. Il est dommage que cela contraste énormément avec la mise en scène, gênante. Certains passages chorégraphiés n’ont absolument aucun sens. Il y a un gros problème de réflexion sur l’ouvrage. Lucile Commeaux

Il y a une très grande précision dans la direction musicale. Le travail de chambrette est délicat, les chanteurs mettent la qualité de leur prosodie au service des airs et des passages parlés de façon admirable. (…) Mais la mise en scène conserve l’intégralité du texte, qui est pénible et long. Charles Arden 

"Don Giovanni" de Mozart jusqu'au 13 juillet à l'Opéra national de Paris (Garnier) 

"Don Giovanni" © Opéra national de Paris / Charles Duprat
"Don Giovanni" © Opéra national de Paris / Charles Duprat

Direction musicale : Philippe Jordan              Mise en scène : Ivo Van Hove 

Présentation officielle : Quel est ce feu qui pousse Don Giovanni à séduire, à soumettre, à conquérir les femmes une à une, avec la fièvre et la froideur du prédateur ferrant sa proie, à poursuivre à travers elles un obscur objet qui toujours se dérobe à lui ? Pour sa deuxième collaboration avec Da Ponte, Mozart devait marquer au fer rouge l’histoire de l’opéra et hanter à jamais la culture européenne. Kierkegaard nous invitait à écouter dans ce Dissolu puni « le chuchotement de la tentation, le tourbillon de la séduction, le silence de l’instant ». Le cycle Mozart-Da Ponte se poursuit avec Don Giovanni confié à Ivo Van Hove. Habitué à interroger le sens politique des œuvres, le metteur en scène réalise, après Boris Godounov, sa deuxième mise en scène pour l’Opéra de Paris.

L'avis des critiques : 

Le caractère froid et sombre donne aux personnages et au spectacle une violence et des interactions complexes et fascinantes. (…) Lorsque l’on essaye de faire abstraction des autres versions de Dion Giovanni, je trouve que Philippe Jordan et Ivo Van Hove proposent une vision ample, très nourrie, avec un véritable souffle et une grande précision. Charles Arden

J’ai trouvé la mise en scène extrêmement paresseuse.  Les questions sociales, psychologiques et érotiques sont évacuées. La fin rabat le sens de toute l’oeuvre sur une interprétation extrêmement simpliste du choeur final. Je ne peux pas penser à autre chose qu’à un manque d’attention et de travail sur cette oeuvre. Lucile Commeaux

Il y a un côté solennel dans la direction musicale qui met la partition à distance de la même manière que la mise en scène met l’oeuvre à distance. La dimension érotique, à peine suggérée, est excessive dans cette mise en scène. L’image finale, quant à elle, est contestable car elle va à l’encontre de ce que dit le livret. Emmanuel Dupuy 

"Barbe Bleue" de Jacques Offenbach jusqu'au 5 juillet à l'Opéra national de Lyon 

"Barbe-Bleue" © Stofleth
"Barbe-Bleue" © Stofleth

Direction musicale : Michele Spotti           Mise en scène : Laurent Pelly 

Présentation officielle : Avec son Barbe-Bleue, donné pour la première fois au Théâtre des Variétés en 1866, Offenbach tourne en dérision le célèbre et cruel conte de Charles Perrault sur un livret de Meilhac et Halévy. Les trois s'en donnent à cœur joie pour faire de ce Barbe-Bleue fainéant et fanfaron une caricature des parvenus du Second empire. Ce qui n'empêche pas, bien au contraire, l'enthousiasme du public parisien et le succès de l'opérette à travers le monde.

Révélé en 2000 par La Belle Hélène, le metteur en scène Laurent Pelly avait déjà fait ses premières armes dans l'univers d'Offenbach à l'Opéra de Lyon avec Orphée aux Enfers et poursuivi avec de nombreux classiques du maître de l'opérette dont dernièrement le fameux Roi Carotte. Onirique, caustique, adepte du décalage comique et des gags visuels, son style, qui puise dans le cinéma et la bande dessinée comme dans la culture classique bouscule avec bonheur les grands compositeurs et se marie à merveille avec la fantaisie d'Offenbach.

L'avis des critiques : 

Il y a une dérision et un mouvement permanent. C’est un grand spectacle qui joue pleinement la carte de la loufoquerie. Une création extrêmement réjouissante. Emmanuel Dupuy 

La direction musicale de Michele Spotti est exceptionnelle et la précision méticuleuse de Laurent Pelly incroyable. Mais le système de sa mise en scène marche si bien que je n’ai pas vu le côté grinçant et froid de Barbe-Bleue alors qu’il s’agit, quand même, de l’histoire d’un serial killer. Charles Arden

>> LES OPERAS A VOIR CET ETE

Festival d’Aix-en-Provence; Sans titre, J. Beuys © Bildrecht, Wien, 201, Mit freundlicher Genehmigung des Nachlass J. Beuys et Mit freundlicher Genehmigung des Nachlass J. Beuys; Chorégies d’Orange
Festival d’Aix-en-Provence; Sans titre, J. Beuys © Bildrecht, Wien, 201, Mit freundlicher Genehmigung des Nachlass J. Beuys et Mit freundlicher Genehmigung des Nachlass J. Beuys; Chorégies d’Orange

Au Chorégies d'Orange : La Symphonie n°8 de Gustave Mahler
https://www.choregies.fr/programme--2019-07-29--symphonie-n8-mahler--fr.html

Une création qui s’annonce comme un grand évènement et qui réunit les quatre formations permanentes de Radio France. A ne pas manquer car cette oeuvre réussit le miracle d’avoir un matériau à la hauteur de son projet titanesque qui rivalise dans l’ambition du génie post-romantique, avec la 9e Symphonie de Beethoven. Charles Arden 

Le Festival de Salzbourg : "Médée" et "Oedipe"
https://www.salzburgerfestspiele.at/en/p/oedipe
https://www.salzburgerfestspiele.at/en/p/medee

Parmi d’innombrables propositions, il y aura notamment cet été deux ouvrages rares : Premièrement, "Médée" de Cherubini, dans une version originale française très peu montrée, et dirigé par T. Hengelbrock et mis en scène par Simon Stone. Puis, encore plus rare, "Oedipe" de George Enescu, dirigé par Ingo Metzmacher et mis en scène par Achim Freyer. Emmanuel Dupuy 

Le festival Radio France : "Fervaal" de Vincent D'Indy
https://lefestival.eu/montpellier/le-corum/opera-lyrique/v-dindy-fervaal

Pour la redécouverte de cette oeuvre et le casting qui fait rêver. Charles Arden

Au Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence : Le "Requiem" de Mozart, mis en scène par Roméo Castellucci
https://festival-aix.com/fr/evenement/requiem

Je suis très curieuse et avide de voir ce que Roméo Castellucci va faire avec un ouvrage qui repose sur un grand orchestre, un énorme choeur et quatre solistes. Lucile Commeaux 

Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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