Musique : Les Troyens, "l'Opéra mutile ce que Berlioz considérait comme son chef d’œuvre"

de haut en bas : "Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris), "Wozzeck" mis en scène par William Kentridge (© Salzburger Festspiele, Ruth Walz), "Wozzeck" mis en scène par Krzysztof Warlikowski (© Ruth Walz)
de haut en bas : "Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris), "Wozzeck" mis en scène par William Kentridge (© Salzburger Festspiele, Ruth Walz), "Wozzeck" mis en scène par Krzysztof Warlikowski (© Ruth Walz)
de haut en bas : "Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris), "Wozzeck" mis en scène par William Kentridge (© Salzburger Festspiele, Ruth Walz), "Wozzeck" mis en scène par Krzysztof Warlikowski (© Ruth Walz)
de haut en bas : "Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris), "Wozzeck" mis en scène par William Kentridge (© Salzburger Festspiele, Ruth Walz), "Wozzeck" mis en scène par Krzysztof Warlikowski (© Ruth Walz)
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Dans cette Dispute, nous évoquons "Les Troyens" à l'Opéra Bastille, avant d'effectuer un comparatif de deux versions de "Wozzeck", sortant respectivement chez Harmonia Mundi et Naxos. Laurent Bury octroie un coup de cœur à "Pelléas et Mélisande" dirigé par Ernest Ansermet.

Avec

"Les Troyens", jusqu'au 12 février à l'Opéra Bastille

"Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris)
"Les Troyens" (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris)

De : Hector Berlioz Mise en scène : Dmitri Tcherniakov Direction : Philippe Jordan 

Présentation officielle : « Il me semble qu’il y a quelque chose de nouveau dans l’expression de ce bonheur de voir la nuit, d’entendre le silence et de prêter des accents sublimes à la mer somnolente ».- Hector Berlioz, Lettre à la Princesse de Sayn-Wittgenstein, 1857

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En 1854, Hector Berlioz confiait dans ses Mémoires : « Depuis trois ans, je suis tourmenté par l’idée d’un vaste opéra dont je voudrais écrire les paroles et la musique. » Bridé par les échecs de Benvenuto Cellini et La Damnation de Faust, le compositeur attendra encore deux ans avant de se lancer dans l’entreprise des Troyens d’après L’Énéide de Virgile. Un sujet antique qui, galvanisé par la géniale modernité orchestrale du maître, souffla un vent nouveau sur un monde lyrique alors sous domination verdienne. En 1990, le premier lever de rideau de l’Opéra Bastille découvrait la plaine de Troie. Trente ans plus tard, une nouvelle production de Dmitri Tcherniakov marque l’anniversaire de la salle et en révèle l'immensité.

Avec : Bernard Arrieta, Jean-Luc Ballestra, Paata Buchuladze, Sophie Claisse, Thomas Dear, Stéphane Degout, Stéphanie d'Oustrac, Cyrille Dubois, Aude Extrémo, Véronique Gens, Christian Helmer, Bryan Hymel, Brandon Jovanovich, Tomislav Lavoie, Michèle Losier, Jean-François Marras, Ekaterina Semenchuk, Bror Magnus Todenes, Christian Van Horn

L'avis des critiques :

Ils ont coupé tout ce que Berlioz appelait les pantomimes ainsi que le ballet. En tout état de cause, il n’y a pas de raison particulière de couper ces passages-là plutôt que d’autres. Il y a une scène qui comptait beaucoup aux yeux de Berlioz, une scène où deux Troyens évoquent leurs amours avec des Carthaginoises. Tcherniakov est dans un domaine familier avec celui de l’actualisation, en revanche c’est moins le cas avec Carthage. Laurent Bury

Rétrospectivement, je ne regrette pas vraiment le ballet vu la direction d’orchestre. En revanche, je regrette beaucoup ce duo très Shakespearien, ce moment comique avant la grande tragédie. Troie est quand même plus convaincant que Carthage. Tcherniakov sait occuper cet immense plateau de Bastille. Je ne vois pas du tout la nécessité de nous montrer une relation incestueuse entre Cassandre et Priam. Emmanuelle Giuliani

Je ne vois pas pourquoi l’Opéra de Paris, qui a une mission patrimoniale, mutile ce que Berlioz considérait comme son chef d’œuvre. D’un point de vue dramatique, cela pose problème. J’ai eu l’impression dès le départ qu’il y avait dans ce spectacle quelque chose qui sonnait faux, que les éléments étaient plaqués sur l’œuvre sans véritable adhérence. Il y a une dichotomie entre ce qu’on entend et ce qu’on voit. Emmanuel Dupuy

Un comparatif de deux versions de "Wozzeck" d'Alban Berg

  • "Wozzeck", donné à Salzbourg en août 2017 et sorti en DVD blu-ray chez Harmonia Mundi

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Mise en scène : William Kentridge Direction : Vladimir Jurowski

Présentation officielle : Donné à Salzbourg en août 2017, ce Wozzeck mis en scène par William Kentridge et dirigé par Vladimir Jurowski est sorti en DVD et blu-ray chez Harmonia Mundi. Cette captation composée de plans d'ensemble, mais aussi très rapprochés, ou cantonnés à des espaces restreints, permet d'apprécier au plus près l'interprétation des personnages. Dans cette version, c'est l'Orchestre Philharmonique de Vienne qui donne à entendre l'oeuvre d'Alban Berg.

Avec : Matthias Goerne, John Daszak, Mauro Peter, Gerhard Siegel, Jens Larsen, Asmik Grigorian

  • "Wozzeck", donné à Amsterdam en mars-avril 2017 et sorti en DVD blu-ray chez Naxos

Mise en scène : Krzysztof Warlikowski Drection : Marc Albrecht

Présentation officielle : Basé sur des faits réels et tiré de la pièce révolutionnaire de Büchner, Wozzeck transforme un récit narratif de violence et de meurtre en un des opéras les plus puissants et originaux du XXème siècle. Le portrait sans compromis de la brutalité et de la folie de Berg a créé la controverse mais le génie de Wozzeck a vite été reconnu, son expansivité expressive, la gestuelle dramatique à grande échelle et la structure musicale remarquable créent une intensité émotionnelle extraordinaire. Donné à l'opéra national d'Amsterdam en mars et avril 2017, cette version interprétée par l'Orchestre Philharmonique néerlandais sort en DVD blu-ray chez Naxos.

Avec : Christopher Maltman, Eva-Maria Westbroek, Frank van Aken, Marcel Beekman, Sir Willard White, Jason Bridges, Ursula Hesse von den Steinen

L'avis des critiques :

Cela surligne et ajoute une couche qui n’est pas nécessairement utile pour montrer des caractères très outrés. Malgré l’horreur de cette histoire, il me paraît manquer un immense sentiment de la nature. La poésie malgré l’horreur me paraît absente chez Warlikowski, alors qu’elle existe chez Kentridge. On est beaucoup plus dans la fusion entre ce qu’on voit et ce qu’on entend. Eva Maria Westbroek a une très forte présence, mais vocalement c’est très difficile maintenant. Emmanuelle Giuliani

William Kentdridge situe ce « Wozzeck » pendant la Première Guerre Mondiale avec beaucoup de projections et de choses dessinées par lui. C’est une version assez proche du livret qui prend en même temps quelques libertés. Warlikowski nous plonge plutôt dans les années 70, avec un Wozzeck plus coiffeur que soldat. On est entre le côté nounours de Mathias Goerne et le Wozzeck baryton, souvent plus incisif de Christophe Maltman. Laurent Bury

Ce sont deux spectacles avec des esthétiques totalement différentes. Celui de Warlikowski a une véritable force, est glaçant, on a l’impression d’assister à l’auscultation d’âmes implacables. On ne voit plus les chanteurs, on voit les acteurs. Le décor de Kentdrige est visuellement très complexe. En termes de direction d’acteurs, c’est quand même assez sommaire. Albrecht est sur une version plus moderniste que Jurowski, mais il y a quand même quelques baisses de tension et les chœurs de l’Orchestre Philarmonique de Vienne sont inégalables. Emmanuel Dupuy

>> LE COUP DE CŒUR DE LAURENT BURY : "Pelléas et Mélisande", sorti de deux CD d'un enregistrement à New York en 1962 (Malibran)

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De : Claude Debussy D’après : la pièce de théâtre homonyme de Maurice Maeterlinck Direction : Ernest Ansermet

Présentation officielle : Des goûts et des couleurs… Parmi les amateurs d'opéra, beaucoup reprochent à Pelléas et Mélisande son manque de morceaux de bravoure et d'airs à siffloter en revenant du spectacle. Mais ceux qui succombent à son charme quasi-narcotique accueillent avec joie tout enregistrement qui éclaire d'un nouveau jour l'insaisissable chef-d'œuvre de Debussy.

Le Metropolitan Opera de New York peut s'enorgueillir d'une tradition selon laquelle Pelléas a toujours été donné avec les plus grands chanteurs de la planète. Les retransmissions radiophoniques déjà publiées incluent une représentation de 1934, fascinante malgré un son précaire, avec la Mélisande virginale de Lucrezia Bori, le Pelléas du ténor canadien Edward Johnson et le Golaud étonnamment convaincant de la grande basse italienne Ezio Pinza. Vint ensuite, en 1945, une autre distribution distinguée mais fort peu idiomatique. Avec ses gémissements et ses sanglots, la soprano brésilienne Bidu Sayão semble tout droit sortie de la Manon de Massenet, et la superbe basse Alexander Kipnis serait plus à sa place dans Parsifal. En 1960, vint le tour d'un autre cast non-francophone qui incluait Victoria de los Angeles, Theodor Uppman et George London, sous la direction de Jean Morel. (...)

Avec : l'Orchestre et les choeurs du Metropolitan Opera House et Anna Moffo, Blanche Thebom, Jerome Hines, Nicolai Gedda, George London, Teresa Stratas, Clifford Harvuot, William Walker

C'est une version qui date de 1962, lors d'une représentation donnée au MET. Elle est assez rare et n'a pas été si souvent que ça publiée en disque. Il n'y a aucun francophone et c'est ce qui fait l'intérêt de cette version parce que c'est un Pelléas un peu inhabituel. Elle pourrait peut-être convaincre ceux qui n'aimeraient pas Pelléas de l'aimer. Laurent Bury

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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