La Dispute se consacre aux romans des quatre lauréats des prix Goncourt, Renaudot, Femina et Medicis. A notre sommaire : "Les enfants après eux" de Nicolas Mathieu, mais aussi "Le Sillon" de Valérie Manteau", "Le lambeau" de Philippe Lançon et enfin "Idiotie" de Pierre Guyotat.
- Lucile Commeaux Critique et chroniqueuse du "Regard culturel" à la matinale de France Culture
- Etienne de Montety Écrivain et directeur du Figaro littéraire
- Grégoire Leménager Journaliste à l'Obs
- Raphaëlle Leyris Chef adjointe du Monde des livres.
Prix Goncourt : "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu (Actes Sud)
Présentation officielle : En août 1992, dans une vallée perdue de l'est de la France, deux adolescents trompent l'ennui d'une journée de canicule en volant un canoë pour aller voir ce qui se passe de l'autre côté du lac, sur la plage naturiste. Pour Anthony, 14 ans, ce sera l'été de son premier amour, celui qui orientera le reste de sa vie. Prix de la Feuille d'or 2018, prix Blù Jean-Marc Roberts 2018.
L'avis des critiques :
L’auteur montre bien que l'on passe d'une ère post-industrielle, à une ère davantage ludique. Ces années 90 font la qualité, mais aussi la faiblesse du livre. C'est un tout petit peu périssable avec un vocabulaire peut-être déjà vieilli. Il y a une énergie, même si les personnages sont assignés à leur condition. Etienne de Montéty
Je ne crie pas au chef d’œuvre, mais je suis très épatée par ce texte. Il y a pour moi une écriture assez impressionnante, il n’en fait pas des caisses, mais sait trouver des images et développer une langue qui n'est pas du tout une langue standard. Les Goncourt ont fait un choix littéraire en voulant récompenser le romanesque. Raphaëlle Leyris
Nicolas Mathieu a une façon très juste d’évoquer l’adolescence, avec notamment un côté charnel et des scènes de sexe très réussies. C’est un roman qu'on pourrait qualifier de roman grunge, de par ses références musicales et culturelles. On aurait pu penser que David Diop avait tout pour lui, mais les punks du Goncourt ont choisi de saluer la modernité de Nicolas Mathieu. Elisabeth Philippe
Je trouve qu'il y a une tristesse assez engagée. Cela me paraît être un roman de facture très classique. L’incarnation des personnages est très réussie. Il me paraît cohérent de récompenser un jeune romancier, qui sait écrire ce type de roman. Lucile Commeaux
Les deux livres d'Actes Sud couronnés ces deux dernières années sont pour moi des opposés absolus. Ce livre se lit admirablement bien, c’est d’une grande fluidité. J'ai été très sensible à cette dimension incarnée, avec des personnages qui existent réellement. Arnaud Laporte
Prix Renaudot : "Le Sillon" de Valérie Manteau (Le Tripode)
Présentation officielle : Une jeune femme rejoint son amant à Istanbul. Alors que la ville se défait au rythme de ses contradictions et de la violence d'Etat, des personnes luttent pour leur liberté. Elle-même découvre l'histoire de Hrant Dink, journaliste arménien de Turquie, assassiné pour avoir défendu un idéal de paix.
L'avis des critiques :
Le propre du Renaudot, c’est de vouloir faire les malins. Ils se sont retrouvés avec une dernière sélection qui n’était pas primable, hors Philippe Lançon, ce qui les a forcés à aller chercher dans la sélection précédente. C’est vraiment un texte magnifique, je ne peux qu’encourager les lecteurs à lire ce livre. Raphaëlle Leyris
C’est un bon livre, quant à savoir ce qui a conduit les jurés à le remettre en course, je serais bien en mal de pouvoir le dire. Je suis assez d’accord pour dire qu’hors Philippe Lançon, il ne restait plus rien à sauver. « Le Sillon » est un peu la topographie accidentée des ruelles sinueuses d’Istanbul. Elisabeth Philippe
Istanbul sert à l’auteure de ville miroir. La narratrice se passionne pour le personnage de Dink qui est un journaliste qui défendait la cause arménienne. Elle fait de l’évolution du pouvoir turc, un portrait tout à fait saisissant. On a également en miroir tout ce qui se passe en France, la diversité est au cœur de ce livre. Etienne de Montéty
La critique souligne sa discrétion, sa finesse, la pertinence du point de vue. Globalement tout le monde est très d’accord, on a des livres qui font consensus dans la presse. Lucile Commeaux
Prix Femina : "Le lambeau" de Philippe Lançon (Gallimard)
Présentation officielle : Alors que l'auteur s'apprête à rejoindre sa compagne aux Etats-Unis, où il doit donner des cours de littérature, il participe à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Survient l'attentat dont il réchappera, défiguré. Il raconte sa sidération, sa douleur, les greffes, tout en essayant de se refabriquer un lien à l'existence. Prix du Roman-News 2018.
L'avis des critiques :
C’est un très très grand texte sur la littérature au-delà même de ce qu’il raconte. Il y a eu des polémiques autour de son absence au Goncourt. On est quand même dans des débats assez oiseux. On peut reconnaître une qualité littéraire indéniable à ce livre qui méritait le prix. Elisabeth Philippe
J’avoue que je suis embarrassée d’entendre des choses aussi médiocres autour de ce livre. Cela me déprimait horriblement de faire de la course de petits chevaux autour de ce livre qui était beaucoup plus que cela. Je pense que c’est tout sauf un témoignage, c’est un très grand récit. Est-ce qu’on peut le prendre pour de la littérature, est-ce qu’on peut le critiquer ou pas ? Raphaëlle Leyris
Il est beaucoup question de la réparation physique et morale de l'auteur. Il est logique que le Femina l'ait récompensé en premier, volant ainsi la vedette aux suivants. C'est quand même une gageure à l'esprit critique que de lire "Le lambeau". Lucile Commeaux
Prix Médicis : "Idiotie" de Pierre Guyotat (Grasset)
Présentation officielle : Le romancier revient sur les événements marquants de son entrée dans l'âge adulte, entre 1958 et 1962, notamment sa recherche du corps féminin, son rapport intense à l'art, ses rébellions contre son père et l'autorité militaire en tant que conscrit puis soldat dans la guerre d'Algérie. Prix de la langue française 2018 et prix spécial du jury Femina 2018 attribués à Pierre Guyotat pour son oeuvre.
L'avis des critiques :
On poursuit une forme de palmarès incontestable. L'oeuvre de Pierre Guyotat est presque devenue un classique de la littérature et de la langue. Peut-on se dire qu'il a aujourd'hui perdu de son pouvoir de subversion et qu'on assiste à une toute petite mort littéraire ? Lucile Commeaux
C’est un texte d’une langue relativement accessible, mais qui demande une attention à sa syntaxe. Il me semble difficile de ne pas être heureux que Pierre Guyotat jouisse enfin de ce Médicis, 46 ans plus tard. Raphaëlle Leyris
Il est énormément question de jouissance et de désir dans une jeunesse miséreuse. Cette langue absolument magnifique demande une attention de chaque instant. Il y avait quand même pour moi d’autres livres tout aussi originaux, s’inscrivant dans une forme d’avant-garde et qui auraient davantage eu besoin du coup de pouce d’un prix comme "Arcadie". Elisabeth Philippe
C’est un très bon livre, peut-être même celui qu’il fallait pour le révéler à un plus grand public. C’est un livre passionnant, avec un garçon qui est une sorte de grain de sable, de gravillon, dans un système disciplinaire. C’est un livre riche qui aborde énormément de thèmes. Etienne de Montéty
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♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records)
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