Le Printemps des Comédiens s'invite au sommaire de la Dispute avec trois spectacles : "La conférence des oiseaux" , "Italienne scène et orchestre" et "Hate" Il sera également question du Festival Montpellier Danse avec l'hommage rendu à la chorégraphe Trisha Brown.
- Lucile Commeaux Critique et chroniqueuse du "Regard culturel" à la matinale de France Culture
- Jean-Christophe Brianchon Rédacteur en chef de I/O Gazette
- Marie-José Sirach Chef du service culture à L'Humanité
Une création de : Jean-François Sivadier
Présentation officielle : Une italienne, dans le langage de l’opéra, est cette répétition où, pour la première fois, chanteurs et orchestre se confrontent. Une salle à l’italienne, ce sont les ors, les velours, les loges d’où l’on voit sans être vu. C’est dire si ce spectacle de Jean-François Sivadier est à sa place à l’Opéra Comédie. Spectacle précieux comme un pianissimo de soprano, spectacle rare : bien que souvent joué depuis sa création il y a vingt ans, il n’a été vu que par peu de spectateurs.
Et pour cause : Sivadier place le public, d’abord sur la scène, à l’endroit où se tient le chœur, puis dans la fosse, là où s’installe l’orchestre. La salle, elle, reste vide. Et ce sont ainsi quelques dizaines de spectateurs qui suivent, in vivo en quelque sorte, une répétition de la Traviata. Passent tour à tour la diva, le chef d’orchestre, le metteur en scène, la pianiste, le ténor. Le spectateur-choriste, le spectateur-musicien observe : même l’expression «aux premières loges» perd ici de son sens puisqu’il est au cœur de l’action.
Un regard amoureusement ironique sur l’opéra, un spectacle délicat comme une aria, une réflexion sur tout ce que peut être une création artistique : musique, maestro !
Prochaines dates :
- 9 > 28 juillet au MC93 dans le cadre du Festival Paris l'été
L'avis des critiques :
Se retrouver dans une fosse d’orchestre est un immense privilège. Cependant la première partie a vieilli par sa forme car l’espace scénique et la mise en scène ont évolué depuis 96. Mais la seconde partie reste géniale : toutes les anecdotes créent beaucoup plus d’émotions et racontent encore plus ce qu’est la création d’un spectacle. J’ai retrouvé l’émotion première du collectif. Lucile Commeaux
J’ai été totalement emballée et enthousiaste du début à la fin. La salle vide face à nous est un pur éblouissement. Les questions posées sur le travail du metteur en scène me semblent être toujours d’actualité. Marie-José Sirach
J’étais heureux de retrouver l’Opéra-Comédie de Montpellier ! Mais aussi de revoir Jean-François Sivadier, il a une place particulière car c’est un metteur en scène / auteur qui s’appuie sur l’humour et c’est une belle arme. Arnaud Laporte
C’est un spectacle qui est capable du meilleur dans la direction d'acteur, la gestion de l’espace, le rythme de l’écriture et l’humour ; comme du pire dans les mêmes domaines ! Jean-Christophe Brianchon
"La conférence des oiseaux" jusqu'au 30 juin au Printemps des Comédiens
De : Jean-Claude Carrière, inspiré par le poème de Farid Uddin Attar «Manteq Ol-Teyr»
Mise en scène : Guy Pierre Couleau
Présentation officielle : C’était dans un cloître d’Avignon lors du Festival 1979. Jean-Claude Carrière et Peter Brook donnaient chair et vie à leur collaboration encore jeune. Et sous les nervures gothiques, se mettait à résonner un texte vieux de neuf siècles, écrit par le plus grand des poètes persans, Farid Uddin Attar, qui s’était lui-même inspiré d’un antique conte soufi.
C’était La Conférence des oiseaux et ce fut un moment de grâce. Trente-neuf ans plus tard, les oiseaux reprennent leur envol. Peter Brook n’est plus à la réalisation mais Jean-Claude Carrière est toujours là qui, avec le metteur en scène Guy Pierre Couleau, sait comme personne réveiller les couleurs et les chants des oiseaux endormis.
Car c’est une parabole de la condition humaine qui se déploie sous la beauté des mots. Ces oiseaux migrants qui traversent cent épreuves pour partir à la recherche d’un roi et ne découvrir qu’eux-mêmes sont comme le miroir de notre condition. Mais il ne faudrait pas ramener La Conférence des oiseaux à sa seule dimension de conte philosophique : le texte, les masques, la musique, les costumes, tout en fait un délicat, un précieux spectacle. Qui en dit long sur l’humaine condition sans doute. Mais qui le dit si joliment…
Prochaines dates :
- 2 > 19 octobre 2018 : Re-création à la Comédie De l’Est – CDN de Colmar
- 11 > 22 janvier 2019 : Théâtre des Quartiers d’Ivry
L'avis des critiques :
C’est un spectacle assez joli : il y a un beau travail sur les masques et la scénographie. Mais cela manque un peu de souffle... Joli mais sans plus. Marie-José Sirach
Le texte est problématique car fondamentalement naïf, se rajoute à cela la direction d’acteur et une mise en scène naïves également. A force d’amas de naïveté on cherche le maître caché derrière. Jean-Christophe Brianchon
Je me suis beaucoup ennuyée, on a l’impression d’assister à une série de petites pièces de kermesse. Monter ce texte au premier degré est vraiment problématique. Lucile Commeaux
Ce texte correspondait à une époque où notre société était européocentrée. C’est un travail honnête qui correspond à un projet, la question reste est ce qu’on adhère au projet ? Arnaud Laporte
"Hate" de Laetitia Dosch les 22 et 23 juin au Printemps des Comédiens
Un spectacle de Laetitia Dosch en collaboration avec Judith Zagury et de Yuval Rozman
Présentation officielle : Laetitia Dosch est toujours là où on ne l’attend pas. Sur un toit parisien pour y faire défiler l’extravagante galerie de personnages tirés de son Album très personnel. Dans une cour du très officiel Festival d’Avignon pour crument dialoguer avec des corbeaux (et se payer un peu la tête d’une des grandes imprécatrices de la scène européenne). Dans un stand up qu’elle interprète couchée…
Eruptive Laetitia Dosch qui sous ces airs de nymphe botticellienne peut égrener les pires horreurs… Un volcan enchâssé dans une porcelaine de Saxe… Avec ce spectacle, elle donne à l’idée de duo une dimension nouvelle : son partenaire est un cheval. Et on songe évidemment à ce que l’association de ces deux images, le corps d’une femme, la puissance de l’animal, peut avoir de mythologique. Thèmes éternels de la force et de la beauté, fantasme des amazones…
Mais avec Laetitia Dosch, le théâtre ne se nourrit pas (pas que en tout cas) des antiques métaphores. Le texte qu’elle a écrit pour elle et pour le cheval -car il «parle»- est aussi traversé des fracas du présent. Sous la chorégraphie des deux corps, bouillonnent les cruautés, les petitesses, mais aussi les générosités, les élans vers la beauté qui tissent toute vie. Ambigu et paradoxal, beau et violent. Comme tout spectacle de Laetitia Dosch.
Prochaines dates :
- 31 août > 3 septembre : Théâtre du Loup à Genève, dans le cadre du Festival de La Bâtie
- 15 > 23 septembre : Nanterre-Amandiers CDN
- 26 - 27 septembre : Festival actOral au Théâtre du Gymnase, Marseille
- 16 > 20 octobre : TNB, Rennes
- 30 novembre - 1er décembre : festival NEXT à la Rose des vents - Scène nationale de Lille métropole, Lille
- 16 > 18 janvier 2019 : Bonlieu, Scène nationale d’Annecy
- 15 - 16 février 2019 : TPR, La Chaux-de-Fonds (Suisse)
- 7 - 8 mars 2019 : Le Quai, CDN, Angers
- 13 >16 mars 2019 : Sortie Ouest, Béziers
- 16 - 17 mai 2019 : MA – Scène nationale de Montbéliard, en hors-les-murs dans un haras
- 5 - 6 juin 2019 : TANDEM scène nationale Arras Douai
L'avis des critiques :
Laetitia Dosch pratique un théâtre intuitif, c’est une amazone, elle ose les choses avec une force et une joie contagieuses. Cette déclaration d’amour à l’animal m’a troublée. Marie-José Sirach
Je suis sorti de cette pièce bouleversé. La scénographie est simple mais vraiment réussi. Mais c’est aussi très drôle en dehors du chaos du monde que cela nous montre Jean-Christophe Brianchon
"Trisha Brown, une américaine à Montpellier" jusqu'au 7 juillet au Festival Montpellier Danse
Présentation officielle : Cet hommage à la grande chorégraphe Trisha Brown (1936-2017), disparue l’année dernière, prendra la forme d’une installation imaginée autour d’un grand dessin au fusain sur papier de 3,4m sur 2,7m réalisé lors des représentations d’It’s a Draw au Festival Montpellier Danse 2002… et accroché depuis dans la Salle Béjart de l’Agora, cité internationale de la danse. Pièce centrale de cette exposition Trisha Brown, une Américaine à Montpellier, cette oeuvre est le point de départ qui nous permet d’entrer dans le fameux mouvement « brownien ». Nous avons délibérément choisi, plutôt qu’une exhaustivité parcellaire, les pièces et les moments où la chorégraphe a marqué la ville par sa présence artistique et amicale. Un parcours où la mémoire croise histoires et récits intimes à travers des photos, des films et des mots. Invitée par Dominique Bagouet pour la première fois en 1982, dès la deuxième édition de Montpellier Danse, Trisha Brown y dansera le tout début de sa nouvelle création Set and Reset. L’image de cette danseuse qui marche perpendiculairement au mur restera gravée dans les rétines de ses premiers spectateurs. Trisha Brown et Dominique Bagouet étaient très proches et avaient des conceptions très similaires du corps et du mouvement. En 1992, c’est tout naturellement que Bagouet proposa à Trisha de créer une nouvelle pièce pour sa compagnie (elle qui ne l’avait quasiment jamais fait) : ce fut One Story as in Falling. Elle réalise d’ailleurs à Montpellier Danse beaucoup de projets exclusifs : ce duo avec Bill T. Jones en 1995, You Can See Us, par exemple ou l’étonnant moment de It’s a Draw en 2002 où elle dessine au fusain noir sur de grandes feuilles de papier blanc. C’est un de ces dessins qui, sur les cimaises de la Salle Béjart, est la pièce centrale de l’exposition d’aujourd’hui.
L'avis des critiques :
C’est une petite exposition dans laquelle on peut rester longtemps car il y a un matériau de vidéos important. Si on ne connait pas Trisha Brown on ne comprend pas grand-chose, mais c’est intéressant si on prend le temps de s’y plonger. Lucile Commeaux
La toile autour de laquelle s’articule l’exposition reste une performance intéressante car on découvre que Trisha Brown était aussi plasticienne. Jean-Christophe Brianchon
J’ai été assez émue par « It’s a draw » cette toile présentée qui décortique les mouvements de Trisha Brown. Marie-José Sirach
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♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records)
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