Ce soir, dans le cadre de La Dispute spectacle vivant, trois spectacles : "Joueurs, Mao II, Les Noms" de Julien Gosselin, "IL NOUS FAUT ARRACHER LA JOIE AUX JOURS QUI FILENT" de Benjamin Porée, "LOVE LOVE LOVE" de Mike Bartlett. Mais aussi un hommage de René Solis à Jean-Loup Rivière.
- René Solis Journaliste à délibéré.fr
- Caroline Châtelet Journaliste culturel, membre de Revue Incise
- Marie-José Sirach Chef du service culture à L'Humanité
"Joueurs, Mao II, Les Noms", jusqu'au 22 décembre à l'Odéon, Théâtre de l'Europe (Ateliers Berthier 17e)
D’après : Don DeLillo Mise en scène : Julien Gosselin
Présentation officielle : Après Les Particules élémentaires d’après Houellebecq, puis 2666 d’après Bolaño, c’est au tour de Don DeLillo d’être convoqué à la scène par Julien Gosselin. Voilà plus de cinquante ans que l’Américain bâtit une œuvre immense, protéiforme, pareille à un relevé sismographique des états de notre planète. Gosselin a choisi d’opérer une coupe verticale pour y prélever trois échantillons datant de trois décennies différentes. Individualisme, radicalisme, capitalisme, terrorisme : autant de fils rouges pour s’orienter dans un labyrinthe théâtral en trois parties, à voir séparément ou dans son intégralité, qui “plongera le spectateur”, écrit Gosselin, “au cœur de ce qui pourrait être une histoire absolument intime de décennies de violences politiques”.
Joueurs (1977) : Pammy et Lyle Wynant sont au bord de la rupture quand leur route croise celle d’un groupe de terroristes. Cette rencontre fait basculer leur classique destin de couple moderne. Conciliabules et obsessions sexuelles font bientôt d’eux des « joueurs » aveugles et impuissants, emportés dans une spirale qu’ils ignorent et qui risque pourtant d’engloutir tout un pan de la société américaine...
Les mardis à 20h, durée 3h
Mao II (1990) : Moon, Khomeiny, Mao – vu par Andy Warhol –, le terrorisme et le fanatisme, un écrivain et son éditeur, une photographe, une téléphage, un archiviste monomane : Mao II prend thèmes et personnages au piège d’une illusion romanesque impitoyable, tel un miroir où la fin du XXe siècle peut se contempler, fascinée et inquiète.
Les mercredi à 20h, durée 3h10
Les Noms (1982) : Ils sont Américains. Ils travaillent pour des multinationales qui essaiment dans les régions les plus névralgiques du globe, tandis que monte la menace terroriste des années 1970. L’un de ces nouveaux nomades, entraîné par sa fascination pour une secte criminelle et par sa passion pour la mystique du langage, se livre à une périlleuse enquête, comme une tentative d’explication de l’Amérique.
Les jeudis à 20h, durée 3h
Avec : Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Maxence Vandevelde (Compagnie : Si vous pouviez lécher mon cœur)
Prochaines dates :
- 19 janvier : Bonlieu Scène nationale (Annecy)
- 16 février : Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (en partenariat avec L'Onde - Espace culturel de Vélizy-Villacoublay)
- 2 et 3 mars : deSingel (Anvers)
- 16 mars : Le Quartz (Brest)
- 23 > 30 mars : TNB - Théâtre National de Bretagne (Rennes)
L'avis des critiques :
C’est une saga théâtrale où pour moi, l’image vient percuter le théâtre. C’est un vivier, quelque chose qui nous emporte avec une pulsation permanente. On se perd, mais sans jamais se départir du questionnement sur la violence. On peut entrer dans la pièce comme en sortir, aussi bien mentalement que physiquement. Julien Gosselin a un talent fou et gagne chaque fois en intensité. Marie-José Sirach
Ce sont trois récits assez complexes. Le spectacle débute par un film, mais on comprend rapidement que ce qui nous est donné à voir est joué en direct. Le spectacle ne va cesser de passer par différentes manières de concevoir le cinéma. C’est très maîtrisé techniquement, les comédiens tiennent sur toute la durée du spectacle. C’est une prouesse technique pour la forme, mais émotionnellement et intellectuellement cela manque de fond. Caroline Châtelet
J’ai toujours eu un certain nombre de réserves sur les grands spectacles de Julien Gosselin que je trouvais souvent un peu trop illustratifs, avec un théâtre-récit assez linéaire. Il a un vrai talent pour adapter les romans au théâtre, mais il y a toujours des tics de mise en scène un peu agaçants, des acteurs qui jouent de manière très véhémente. Il se heurte à quelque chose qui ne marche pas dans son spectacle ce qui fait qu’on s’y perd, mais c’est bien de s’y perdre. René Solis
J’ai trouvé les interprètes un cran au-dessus. On assiste à un certain nombre de monologues adressés au public et pas seulement à la caméra. Noémie Gantier nous envoie vraiment son texte. On peut reprocher le côté « crescendo systématique ». Il y a toutefois beaucoup plus de variations dans le jeu des comédiens. Mon problème est que je ne trouve pas beaucoup de matière à penser, cela ne creuse pas beaucoup.
"IL NOUS FAUT ARRACHER LA JOIE AUX JOURS QUI FILENT", jusqu'au 21 décembre au Théâtre des Gémeaux à Sceaux
D'après : "Hamlet" de William Shakespeare Mise en scène : Benjamin Porée Scénographie : Benjamin Porée et Lucien Valle
Présentation officielle : Que ne sait-on pas d’Hamlet ? Quelles profondeurs reste-t-il à sonder entre les lignes d’une des pièces les plus célèbres de Shakespeare?
Accompagné de Matthieu Dessertine, Benjamin Porée propose une manière nouvelle d’imaginer la pièce : écrire plusieurs scénarios inspirés de la pièce et de sa grammaire shakespearienne, les retravailler avec les acteurs au plateau pour créer collectivement un travail scénique et filmique.
Partir du Hamlet de Shakespeare et des autres Hamlet qui existaient avant lui, afin d’élargir le champ des possibles, travailler sur le monologue et pénétrer au cœur et dans la chair des six personnages, explorer leur pensée vivante, en train de se faire. L’homme ne peut jamais s’arrêter de penser, de Se penser. C’est cette pensée sur soi qui est le sujet principal de la pièce, là où elle tend à l’universel.
Avec : Matthieu Dessertine, Maëlia Gentil, Christophe Grégoire, Nicolas Grosrichard, Mila Savic et Pierre-Alain Chapuis
L'avis des critiques :
Il parvient à créer autour de cette écriture d’Hamlet une connivence entre film et plateau qui est très intéressante. Il tranche très vite la question de la folie d’Hamlet. La relation qui s’instaure avec Ophélie est extrêmement vivante. On assiste au renouvellement de la vision shakespearienne et c’est très shakespearien en même temps. Il propulse les enjeux de pouvoir dans notre monde d’aujourd’hui. Marie-José Sirach
C’est un spectacle qui m’a laissé perplexe tout du long, même s’il m’a intéressé. A partir d’un fil, il invente, imagine tout un tas de scènes. Il s’intéresse aux rapports entre les personnages dans ce spectacle qui est très bien joué. Je me suis posé beaucoup de questions quant à l’interprétation du cinéma au théâtre. Il y a une tentative de réécriture d’Hamlet. Sur la langue, on a des choses assez inégales. René Solis
La réécriture de la pièce nous montre des personnages en lutte. On est vraiment dans un monde contemporain avec des dialogues réactualisés. Dans l’ensemble j’ai quand même été extrêmement perplexe, parce que ces discours et cette langue sonnent faux. Benjamin Porée a souhaité apporter un nouveau regard sur les personnages, mais cela me paraît d’une extrême pauvreté. J’ai plutôt assisté à une disparition de la tragédie. Caroline Châtelet
"LOVE LOVE LOVE", jusqu'au 29 décembre au Théâtre de Belleville
De : Mike Bartlett Mise en scène : Nora Granovsky
Présentation officielle : C’est l’histoire d’une famille à travers laquelle résonne l’évolution politique et idéologique de la société anglaise de 1967 à 2011
1967 Londres : deux frères étudiants et leur rencontre avec une jeune femme décomplexée.
1990 Reading : le couple, rencontré 23 ans plus tôt, parents de deux adolescents aux prises avec un quotidien qui semble leur échapper.
2011 Campagne anglaise : la famille se réunit pour régler ses comptes avec le passé.
L’histoire se découpe en trois parties, trois époques 1967, 1990, 2011. Scanner d’une génération à travers le huis clos d’une cellule familiale, la pièce donne à voir des individus en proie à leurs problématiques existentielles. Avec pour titre Love, Love, Love en référence au célèbre morceau des Beatles qui aura marqué la jeunesse de la fin des années 60 à ... aujourd’hui. Rendre compte de l’effritement progressif de l’utopie avec une question : comment réinventer le monde aujourd’hui ?
Avec : Emile Falk-Blin, Jeanne Lepers, Bertrand Poncet, Juliette Savary
L'avis des critiques :
LOVE LOVE LOVE, c’est la chanson des Beatles, mais aussi les trois séquences du spectacle. Je trouve intéressant de partir d’un drame familial pour raconter l’évolution de la situation. Ce personnage qui demande des comptes est le seul à rester pur dans la pièce, or au final elle est précaire, pauvre, dans une société qui ne veut pas d’elle. Je trouve que la pièce marie ces choses-là de manière intelligente. Jeanne Lepers a un jeu désinvolte, passe par tous les états. Caroline Châtelet
Le texte est assez faible et la mise en scène met le doigt sur les faiblesses du texte. Il y a un côté très réac et un renversement assez peu convaincant en troisième partie. C’est du boulevard politique. Ce qui est fantastique dans les pièces de Pinter, c’est que ça déraille tout le temps, or ici la pièce est sur des rails. Le fait de jouer en Angleterre, avec des personnages qui sont des archétypes peut fonctionner assez bien. Ici les références sont quand même un peu plaquées. René Solis
Je trouve qu’il y a des choses extrêmement intéressantes, des acteurs très présents qui parviennent à nous embarquer, mais pas tout le temps. Il me semble que c’est dû à la faiblesse du texte qui me paraît très naïf. Ce qui me gêne, c’est que cette jeune femme se rebelle contre ses parents, mais pourrait se rebeller contre le monde. Il m'agace ce personnage. Marie-José Sirach
>> LE COUP DE CŒUR DE RENÉ SOLIS : Hommage à Jean-Loup Rivière
C’est quelqu’un qui pensait le théâtre et partageait sa pensée. Sa conversation était extraordinaire, parce qu’il avait cette capacité à vous rendre plus intelligent. C’était un épicurien et un jouisseur de la pensée. René Solis
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♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).
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