Spectacle vivant : Le Faiseur de théâtre, "une comédie de toutes les comédies"

en haut : "Le Faiseur de théâtre" (©  Fabien Cavacas). en bas : "Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)
en haut : "Le Faiseur de théâtre" (©  Fabien Cavacas). en bas : "Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)
en haut : "Le Faiseur de théâtre" (© Fabien Cavacas). en bas : "Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)
en haut : "Le Faiseur de théâtre" (© Fabien Cavacas). en bas : "Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)
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Au programme de cette Dispute figurent deux pièces : "Fanny et Alexandre" à la Comédie française et "Le Faiseur de théâtre" de Thomas Bernhard, mis en scène par Christophe Perton. Après le coup de cœur d'Anna Sigalevitch, Le Petit Salon de Lucile Commeaux sera consacré à la sonorisation au théâtre.

Avec

"Fanny et Alexandre", jusqu'au 16 juin à la Comédie Française (Richelieu)

"Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)
"Fanny et Alexandre", photographie de répétition (© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française)

De : Ingmar Bergman Mise en scène : Julie Deliquet 

Présentation officielle : D’Alexandre à l’ensemble des membres de la famille, les personnages offrent à Julie Deliquet une partition sur des thèmes qui lui sont chers : la famille, le couple, la mort, l’opposition des générations.

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« Je peux exister sans faire de films, mais je ne peux pas exister sans faire de théâtre », disait Ingmar Bergman qui entre aujourd’hui au Répertoire, l’année du centième anniversaire de sa naissance. Si on connaît le cinéaste, on sait moins qu’il fut aussi un immense homme de théâtre.

Fanny et Alexandre, qu’il considérait comme son œuvre testamentaire, a d’abord paru dans une version romancée avant d’être réalisé pour la télévision puis adapté au cinéma. C’est de cette matière hybride que s’empare Julie Deliquet qui, après le succès de Vania, retrouve les acteurs de la Comédie-Française pour cette grande fresque sur la vie d’une troupe familiale. Dans une Salle Richelieu transposée au début du XXe siècle, elle les invite au grand banquet de Noël des Ekdhal.
Oscar, le fils d’Helena Ekdhal, a pris la relève de sa mère à la direction du théâtre. Après sa mort précipitée, son épouse Émilie, également actrice, semble trouver en la personne de l’évêque luthérien Edvard Vergerus une voie à même de redonner du sens à son existence. Dès lors, sa vie et celle de ses deux enfants, Fanny et Alexandre, sombrent sous l’emprise de la violence spirituelle de cet homme sanguin. D’Alexandre, figure autobiographique qui résiste à l’instance religieuse avec l’innocence de son âge et la fermeté d’un esprit dévolu à l’imaginaire, à l’ensemble des membres de la famille, les personnages offrent à Julie Deliquet une partition sur des thèmes qui lui sont chers, la famille, le couple, la mort, l’opposition des générations. Elle présente une pièce de troupe irriguée de la pensée de Bergman sur le théâtre, un hommage à cet art, à sa magie et à sa nécessité.

Avec : Véronique Vella, Thierry Hancisse, Anne Kessler, Cécile Brune, Florence Viala, Denis Podalydès, Laurent Stocker, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Hervé Pierre, Gilles David, Noam Morgensztern, Anna Cervinka, Rebecca Marder, Dominique Blanc, Julien Frison, Gaël Kamilindi, Jean Chevalier et les comédiennes de l’académie de la Comédie-Française Noémie Pasteger, Léa Schweitzer

L'adaptation est particulièrement réussie. Elle a trouvé une idée toute simple: parler d’une famille de théâtre, notamment celle de la Comédie-Française pour raconter l’histoire de Fanny et Alexandre, à travers non plus des enfants mais des adolescents. Je trouve cela bien qu’on s’éloigne du film, nous n’aurions  pas réussi à faire autrement. Philippe Chevilley 

On est dans une pièce qui est l’adaptation d’un film qui est lui-même un film sur le théâtre. Cela peut être étouffant. J’avais très peur d’une forme extrêmement close dont rien n’échappe. Je trouve que Julie Deliquet s’en sort extrêmement bien. Dans la deuxième partie de la pièce, il y a toute une réflexion sur le cinéma de genre qui excède largement Bergman. La manière dont le théâtre s’empare d’un cinéma horrifique pose une question sur l’enfance assez passionnante. Lucile Commeaux

Je trouve que quelque chose n’advient pas. L’âge des acteurs jouant Fanny et Alexandre, des jeunes gens, pose un problème de perception du sujet même. La fidélité au film est problématique. Arnaud Laporte

C’est un spectacle qui pose beaucoup de questions, ce qui en fait un spectacle intéressant, mais je ne sais pas s’il est réussi. L’enfance est très importante dans Fanny et Alexandre. Tout passe par le regard. Or, pour moi, les enfants n’existent pas assez au départ. Ce sont des adolescents, c’est un autre rapport qui se joue. Anna Sigalevitch 

"Le Faiseur de théâtre", jusqu'au 9 mars au Théâtre Déjazet, puis en tournée jusqu'au 13 avril

"Le Faiseur de théâtre" (©  Fabien Cavacas)
"Le Faiseur de théâtre" (© Fabien Cavacas)

De : Thomas Bernhard Mise en scène : Christophe Perton

Présentation officielle : Le comédien Bruscon a entraîné sa petite troupe familiale sur les chemins de croix de la décentralisation théâtrale. Auteur, acteur, metteur en scène, il vitupère contre l’humanité, partagé entre amour et haine de l’art dramatique servi par l’abnégation de sa femme (qui tousse) et de ses deux grands enfants, anti-talents patentés. Thomas Bernhard se régale dans cette (auto) fiction drolatique à conduire son héros dans l’impasse d’un village, au fin fond du bout de monde. Ils entrent dans un théâtre décati et n’en sortiront pas. Plus l’heure de lever le rideau approche, plus le doute instille son poison : La comédie du grand Bruscon est-elle finalement bonne ? Monde de doutes ! Et si le bonheur d’une vie avait tout bonnement consisté à servir des bières les manches retroussées derrière un comptoir plutôt qu’à renoncer à en boire pour servir sobrement l’art dramatique ? Alors voilà que l’heure fatidique de la représentation sonne pour Bruscon comme l’apocalypse. Mais la comédie mise en musique par Thomas Bernhard donne à ce chant du cygne des airs d’opérette qui fait vaciller la métaphysique du malheur pour faire joyeusement résonner la voix des philosophes comiques. Christophe Perton

Avec : André Marcon, Barbara Creutz, Jules Pelissier, Agathe L'Huillier, Éric Caruso

Prochaines dates :

  • 12 Mars : la Maison des Arts du Léman (Thonon-les-Bains)
  • 15 Mars : Liberté (Toulon)
  • 9 > 13 Avril : Théâtre des Célestins (Lyon)

C’est un texte relativement périlleux à jouer. On a quand même un monologue entouré de plusieurs personnages secondaires. Christophe Perton a eu deux bonnes idées: inverser le théâtre Déjazet sur scène et faire appel à André Marcon. En revanche, je trouve qu’il n’a pas vraiment trouvé de solution pour la mise en scène des personnages secondaires. Lorsque Marcon ne parle pas, on s’ennuie un peu. Philippe Chevilley

Même si la référence est assumée, j’ai entendu du Molière tout le temps avec le personnage d’André Marcon. Je suis assez intéressée par ce que disent les autres comédiens autour de lui. Avec eux, on a l’impression que Christophe Perton a fait une comédie de toutes les comédies, entre pantomime comique, personnage tragi-comique et un côté série télé. Cette manière de tout mélanger est perturbante et marquante. Lucile Commeaux

C’est un spectacle qui m’a beaucoup plu, notamment pour ses personnages secondaires. Les personnages existent subtilement tout en étant très outranciers. Tout est très bien caractérisé. Anna Sigalevitch

>> LE COUP DE CŒUR D'ANNA SIGALEVITCH : « Localement agité », jusqu’au 31 mars au Théâtre de Paris (Salle Réjane)

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De : Arnaud Bedouet Mise en scène : Hervé Icovic

Présentation officielle : Après avoir échoué quatre ans plus tôt à disperser les cendres de leur père, selon ses dernières volontés, la fratrie se rassemble à nouveau dans la maison familiale, située au bout de la Bretagne.
Année bissextile oblige, ils n’ont que les 24 heures du 29 février pour en finir avec cette obligation morale qui pèse. Mais un vent de Sud-est en février ne se commande pas, la découverte d’un secret de famille ne se prévoit pas, les liens du sang ne se choisissent pas.
Comment frères, sœur et belle fille vont pouvoir se reconstruire autour d’une image paternelle doublement en cendre ?

Avec : Lisa Martino, Anne Loiret, Nicolas Vaude, Thierry Frémont, Arnaud Bedouet et Guillaume Pottier

C’est une pièce très bien écrite, avec beaucoup de finesse et d’esprit. Arnaud Bedouet arrive très bien à caractériser ses personnages tout en en étant sensible, humain, et drôle. C’est très rythmé, touchant et mis en scène avec sensibilité par Hervé Icovic. C’est une pièce à voir. Anna Sigalevitch 

Le Petit Salon : chuchoter dans un micro, la sonorisation au théâtre

L'avis des critiques :

Plusieurs critiques regrettent souvent cette utilisation du micro sur scène, qu’ils envisagent au mieux comme un gadget, et au pire, comme un moyen de pallier la faiblesse du jeu des acteurs. De fait, il y a quelque chose d’une querelle entre anciens et modernes qui affleure: un théâtre parlé contre un théâtre déclamé, un théâtre technique contre un théâtre authentique. Lucile Commeaux

La sonorisation est un élément important car il change complètement l’espace de l’acteur et du spectateur. Dans une salle de cinéma, mon dos est collé au dossier, je reçois le spectacle. Dans une salle de théâtre, je ne suis jamais adossée, je suis tendue vers le plateau. Il y a une différence de réception de l’oeuvre. Par ailleurs, le micro met paradoxalement plus à nu le comédien mais l’habille en même temps. Le micro est comme un costume. L’acteur peut se permettre beaucoup de choses, il est protégé par cette sonorisation qui le protège et le conforte. Il est en revanche plus fragile sans sonorisation, il doit faire l’effort de pousser sa voix. Anna Sigalevitch

J’ai un avis globalement positif si ce n’est pas systématique. La sonorisation permet une approche totale et peut être une garantie de jeu naturel. On entend les chuchotements. Mais le micro peut aussi être un piège. Quand un acteur joue moins bien, on l’entend davantage. Il peut aussi oublier son micro et moins moduler sa voix. Passer au micro me semble réserver à des comédiens déjà très bons sans. Philippe Chevilley

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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