Spectacle vivant : "On a l’humour noir, la férocité, la comédie, la tragédie, la mélancolie"

en haut : "4 saisons" (© Lucie Paulus), à droite : "Love me tender" et "Le Père" (© Simon Gosselin), à gauche : "Infidèles" (© Stef Stessel)
en haut : "4 saisons" (© Lucie Paulus), à droite : "Love me tender" et "Le Père" (© Simon Gosselin), à gauche : "Infidèles" (© Stef Stessel)
en haut : "4 saisons" (© Lucie Paulus), à droite : "Love me tender" et "Le Père" (© Simon Gosselin), à gauche : "Infidèles" (© Stef Stessel)
en haut : "4 saisons" (© Lucie Paulus), à droite : "Love me tender" et "Le Père" (© Simon Gosselin), à gauche : "Infidèles" (© Stef Stessel)
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Ce soir dans La Dispute consacrée au théâtre : "Le Père" dans la mise en scène de Julien Gosselin, "Love me tender" mis en scène par Guillaume Vincent et "Infidèles", une production tg STAN et De Roovers. Ainsi qu'un coup de cœur de René Solis pour "4 saisons" de Délices Dada.

Avec

"Le Père" à la MC93 de Bobigny

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D'après : "L'Homme incertain" de Stéphanie Chaillou Mise en scène : Julien Gosselin

À quoi tient une vie d’homme ? La vie qu’on a imaginée, les promesses nourries dès l’enfance, de plus en plus étoffées, et l’aventure de l’âge adulte ? Adversité, bonheur, malheur résonnent sans fioriture dans le texte de Stéphanie Chaillou, incarnés en un personnage d’agriculteur d’une poignante humanité interprété par Laurent Sauvage.

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Une vie tient parfois à un fil. Quand cette évidence vous frappe, brutalement, elle peut vous abattre plus ou moins durablement. Et si l’on trouve alors la force de résister, la lutte est sans merci. Contre soi-même et contre le monde qui vous regarde crever sans ménagement. Laurent Sauvage déploie avec un égal bonheur les registres de l’accablement ou de la rage, donnant à entendre toutes les nuances des sentiments et l’articulation de la pensée intime d’un être en crise. L’adaptation sensible et inventive de Julien Gosselin confère à ce conte moral une intensité hypnotique.

Avec : Laurent Sauvage

L'avis des critiques :

Mon premier sentiment est qu’il s’agit du spectacle de la réconciliation avec Julien Gosselin. Je trouve que tout ce qui m’apparaissait sur ses précédents spectacles comme des trucs, fonctionne sur cette pièce-là et prend sens. C’est une rencontre entre un auteur et des personnages. J’ai dépassé le côté contextuel du texte. Marie Sorbier

Je pense que c’est un oratorio, on pourrait dire que c’est une chanson, un concert. Le retour à la fin dans le silence total et non-sonorisé donne une qualité d’écoute. Pour moi c’est l’anti-Edouard Louis où on parle beaucoup de politique, mais avec pudeur et dignité. Arnaud Laporte

J’ai plutôt retrouvé les défauts, ce qui m’agace chez Gosselin, notamment cette utilisation du son, de la lumière et de la musique. Je ne supporte pas cette espèce de surlignage qui fonctionne à tous les coups. On est vraiment sommé d’être saisi par la puissance des choses. La volonté de créer un effet maximum me paraît extrêmement redondante. René Solis

Le spectacle commence dans un noir total, extrêmement profond et même rare au théâtre. Cela commence avec une bande son assez minérale, métallique, qui va devenir mélodique. On a un acteur qui est seul en scène et dont on entend au début seulement la voix. On est dans quelque chose de très nébuleux. Julien Gosselin fait entendre le texte de plein de façons différentes. Anna Sigalevitch

"Love me tender" jusqu'au 5 octobre au Théâtre des Bouffes du Nord

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D'après des nouvelles de : Raymond Carver Mise en scène : Guillaume Vincent

Présentation du metteur en scène :

On a dit de Carver qu’il était le Tchekhov américain. Pas de samovar chez Carver mais des litres de Gin. Comme chez le dramaturge russe le drame ne se joue pas que dans les mots mais aussi dans les silences, les non-dits. Ainsi l’étrange impression parfois qu’il n’y pas de drame, du moins en apparence. Son thème de prédilection : le couple. Il le met en scène au moment où ça vacille, où sous les apparences le malaise s’insinue comme un poison.

Love me tender est un travail qui met l’acteur au centre. Six nouvelles sont ici adaptées pour huit comédiens interprétant chacun deux rôles, chacun devant s’accorder, comme en musique et malgré les désaccords de leurs personnages, à deux, à quatre, à huit.
Guillaume Vincent

Avec : Emilie Incerti Formentini, Victoire Goupil, Florence Janas, Cyril Metzger, Alexandre Michel, Philippe Smith, Kyoko Takenaka et​ Charles-Henri Wolff. Et en alternance : Gaëtan Amiel, Lucas Ponton et Simon Susset.

Prochaines dates :

  • 8 > 9 novembre : Aire libre, Rennes
  • 22 > 24 mai 2019 : Comédie de Reims

L'avis des critiques :

Je n’ai pas retrouvé ce basculement intime qui fait la richesse de ses nouvelles. Je n’ai pas grand-chose à reprocher techniquement sur le plateau, mais quelque chose ne fonctionne pas dans la sensation produite sur le spectateur. Il m’a manqué une nécessité, je n’ai pas compris ce qu’il voulait faire en montant ça. Je n’ai pas compris l’épaisseur là où il la mettait. Marie Sorbier

Carver fait partie de mes auteurs absolument fétiches. Je suis rentré dans le théâtre des Bouffes du Nord avec une attente et une inquiétude. On voit bien les intentions et la finesse du travail de Guillaume Vincent dans son adaptation, mais quand ça ne marche pas dans la comédie c’est rude. Pour moi il manquait encore de folie, on pouvait aller beaucoup plus loin, beaucoup plus noir. Arnaud Laporte

Guillaume Vincent a du savoir-faire, il sait entremêler les histoires. Il n’y a pas de contre-sens. On a l’humour noir, la férocité, la comédie, la tragédie, la mélancolie. Mais dans les nouvelles de Carver il y a une dimension allusive très forte, on reconstruit les histoires qui nous sont ici données de façon très crue. Il manque quelque chose, dans cette façon de simplifier et de rendre les choses. René Solis

La première partie est éclairée par la deuxième en fournissant un tout sensible. C’est un spectacle que je ne trouve pas agréable, mais intéressant. Guillaume Vincent fait un théâtre qui est fragile, qui repose beaucoup sur les acteurs. Le fond de son théâtre a quelque chose de très humain. Anna Sigalevitch

"Infidèles" jusqu’au 28 septembre au Théâtre de la Bastille

"Infidèles" de tg STAN et De Roovers (© Stef Stessel)
"Infidèles" de tg STAN et De Roovers (© Stef Stessel)

De : Ruth Becquart, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker et Frank Vercruyssen Production : tg STAN et De Roovers

Présentation officielle :

Après dix-sept ans de fidélité avec le Théâtre de la Bastille, tg STAN revient avec trois propositions explorant l'enchevêtrement de l'acte créatif et de l'intime : Infidèles, Atelier et Après la répétition.

Avec Infidèles, tout comme dans Scènes de la vie conjugale ou encore Après la répétition, les compagnies tg STAN et de Roovers rendent hommage à Bergman, à la qualité de ses dialogues souvent durs, parfois cruels.

À l'origine du spectacle Infidèles, il y a le scénario écrit par Ingmar Bergman, et aussi le film du même nom – au singulier – réalisé par Liv Ullmann. Si la figure et la vie personnelle de l'auteur sont extrêmement présentes et impliquées dans ses écrits – mais rarement de manière explicite –, dans Infidèles, c'est Bergman lui-même qui apparaît.

Reclus sur une île, un auteur se nommant Bergman vit seul. Assis devant son bureau, il a beaucoup de mal à rassembler ses souvenirs. En ouvrant un tiroir, en y retrouvant un portrait, une voix de femme qu'il nomme Marianne s'adresse à lui. C'est ce souvenir réincarné qui permet de déclencher tout le processus narratif. Bergman lui demande de lui avouer et de lui raconter son infidélité.

Avec douceur et complicité, la réalisatrice Liv Ullmann laisse entendre les émotions d'une femme ayant traversé une passion amoureuse où se sont mêlés joie et douleur, incompréhensions et petitesses, dureté et lâcheté, solitude finale et regrets. C'est une histoire ancienne, mais les flèches de l'amour laissent des plaies ouvertes. Dans le film, Marianne monopolise la parole et monologue longuement. Pour cette adaptation théâtrale, les répliques sont développées, nourries d'autres textes et éléments de scénarios, redistribuées et prises en charge par quatre acteurs, afin de rééquilibrer le dialogue et donner une plus grande place à la voix de Bergman. 

Pour compléter le scénario d'Infidèle, les comédiens intègrent des éléments de Laterna magica, œuvre autobiographique dans laquelle Bergman jette un regard sur sa vie. Ce livre révèle à la fois l'enfant, l'homme de spectacle s'exprimant sans complaisance sur lui-même et les artistes rencontrés : « Je passe mes derniers films et mes mises en scène les plus récentes au peigne fin et je découvre çà et là une maniaquerie perfectionniste qui tue la vie et l'esprit. Au théâtre, le danger est moindre ; je peux surveiller mes faiblesses et, dans le pire des cas, les comédiens peuvent me corriger. Au cinéma tout est irrévocable ». Il dévoile aussi ses souvenirs, ses bonheurs, ses échecs, ses pensées : « Jean-Sébastien Bach rentrait de voyage, pendant son absence, sa femme et deux de ses enfants étaient morts. Il écrivit dans son journal : "Ô mon Dieu, que ma joie demeure". Pendant toute ma vie consciente, j'ai vécu avec ce que Bach appelait sa joie. » À partir de ces moments de vie, le spectacle offre une composition musicale où les interprètes mêlent leurs voix pour explorer les multiples variations autour du thème central qu'est Bergman.

Infidèles donne du corps et un corps à la personne de Bergman, et permet à l'auteur, présent sur le plateau, de côtoyer ses personnages. Cette adaptation fait ressortir l'humanité, la vitalité, mais aussi tout l'humour présents dans l'œuvre bergmanienne.
Christophe Pineau

Avec : Ruth Becquart, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker et Frank Vercruyssen

Prochaines dates :

  • 8 > 9 février 2019 : Théâtre Joliette Minoterie, Marseille
  • 20 > 23 février 2019 : Les Tanneurs, Bruxelles
  • 26 > 27 février 2019 : Théâtre de Lorient
  • 28 > 30 mars 2019 : CDN, Orléans
  • 3 > 6 avril 2019 : Comédie de Genève
  • 25 > 26 avril 2019 : La Passerelle SN, Saint-Brieuc
  • 10 janvier 2019 : Théâtre de Rungis
  • 16 janvier 2019 : Le POC, Alfortville

L'avis des critiques :

Les tg STAN on les aime bien, mais on les voit très souvent. Je crois que j’ai éprouvé de la lassitude. On s’attend exactement à ce qui va se passer dans la durée du spectacle, il n’y a absolument aucune surprise. On est toujours dans le même type de jeu. Ils vont parfois chercher un peu le rire, ce qui ne me plait pas. J’ai été un peu gênée par le montage entre ce scénario et cette fausse autobiographie. Marie Sorbier

La lassitude des tg STAN ne me guette guerre, je suis très client. Mais c’est plus le montage qui m’a paru compliqué. Ils réinterprètent et le font très bien, mais j’ai là quelque chose qui pour moi ne fonctionne pas. Ils sont pourtant d’habitude très forts pour que l’émotion arrive quand on ne s’y attend pas. Arnaud Laporte

On a l’impression qu’à tout moment tout peut basculer. Il y a un trio et on aboutit de ce scénario, à une comédie noire absolument extraordinaire qui nous pousse dans le mélo. Des scènes épouvantables peuvent aboutir au comique et à l’humour noir. Je trouve ce spectacle d’une intensité formidable. C’est un spectacle finalement assez complexe et l’émotion est là. René Solis

Il raconte presque plus qu’il n’incarne, c’est peut-être la limite du spectacle. On s’adresse beaucoup et très régulièrement à nous, on nous englobe. Ruth Becquart est mise au centre du collectif. Plein de choses sont mises en relation en permanence, avec une volonté de dédramatiser Bergman. Anna Sigalevitch

>> LE COUP DE CŒUR DE RENÉ SOLIS : "4 saisons" de Délices Dada (vu au festival d'Aurillac) et programmé le 21 septembre à Annonay

"4 saisons" de Délices Dada (© Lucie Paulus)
"4 saisons" de Délices Dada (© Lucie Paulus)

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Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).

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