

Ce soir, théâtre : "La cantatrice chauve" dans la mise en scène de Jean-Luc Lagarce ; une adaptation des poèmes homériques et de "La maladie de la mort" de Marguerite Duras.
Lucile Commeaux (Productrice de La Critique), Fabienne Pascaud (Directrice de la rédaction de Télérama), Philippe Chevilley (Chef du service culture des Echos).
Iliade - Odyssée, jusqu'au 3 février au théâtre de la Bastille
Adaptation de Pauline Bayle (Compagnie à Tire-d'aile). Avec Charlotte van Bervesselès, Florent Dorin, Alex Fondja, Viktoria Kozlova et Yan Tassin.
Présentation officielle : Qu’est-ce que l’héroïsme ? Invitée pour la première fois au Théâtre de la Bastille, Pauline Bayle pose la question en adaptant de manière concentrée et fort énergique deux épopées fondatrices de notre civilisation, présentées en diptyque. Dans un élan vital, cinq actrices ou acteurs sont les héros ou héroïnes, dieux ou déesses de l'Iliade et l'Odyssée. Affranchi.e.s de la question du genre et armé.e.s de force, de ruse et de courage, ils.elles s'élancent gaillardement dans la quête très humaine du dépassement de soi.
Iliade
Immédiatement, le spectacle commence. Nous ne sommes pas encore assis dans la salle, mais la guerre opposant les Grecs aux Troyens dure depuis neuf ans et nous sommes déjà pris dans l’urgence de son achèvement. En une heure et demi, nous allons traverser 24 chants et 15 337 vers de ce long poème homérique, six jours et six nuits d’une guerre conduite par la fureur d’Achille d’un côté, et la fidélité d’Hector à sa patrie de l’autre. Au nom de quoi serait-on prêt à mourir ? Il n'y a pas de morale, pas de gagnant… L'écho politique est percutant : que l'on soit oppresseur ou opprimé, il s'agit d'être égaux face à la souffrance et à la mort. C'est cela que veut nous faire entendre la jeune metteure en scène. Concentrée à nous rendre toute la générosité du texte d'Homère par une adaptation et une direction d'acteur ultra dynamique, Pauline Bayle organise l'espace de façon épurée et efficace. Quelques paillettes et voilà une armure, un peu de peinture et c'est du sang qui coule. Beaucoup d’eau, beaucoup de larmes versées aussi, nous racontent toute l’humanité d’Achille, Hector, Hélène, Andromaque, Agamemnon et des dieux qui les gouvernent.
Odyssée
Ulysse est un drôle de héros. Il ne veut plus se battre, il veut rentrer chez lui. D'errance en errance, parmi les dangers d'un monde chaotique, Ulysse aux mille et un tours, rusé et vengeur, cherche à retrouver sa place dans le monde. Mais voilà neuf ans qu'il erre en vain sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse sous les plis des eaux. Alors Ulysse s'inquiète : et s'il avait traversé une guerre dont on ne revient pas ? Et si, malgré sa valeur, il n'avait pas de quoi payer le prix du retour ? Après Iliade créé en 2015, Pauline Bayle décide de monter Odyssée comme contrepoint et approfondissement de son travail. Avec son équipe de cinq interprètes réunis autour d'elle depuis sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique en 2011, elle centre cette fois sa recherche autour des questions de la peur et de l'identité. Ensemble, ils donnent à voir une Odyssée portée par un élan vital et investie dans le temps présent. Débarrassant l'espace de tout décor réaliste, c'est encore l'occasion d'explorer de nouvelles possibilités de mettre en scène une épopée et de nous plonger dans un spectacle débordant d'inventivité. - Elsa Kedadouche

J'ai été charmé par la découpe des textes et une mise en scène astucieuse. Philippe Chevilley
J'ai été saisie par la joie de jouer des comédiens, leur fureur, le souffle épique. Fabienne Pascaud
C'est un très beau spectacle qui impressionne par son économie de moyens. Lucile Commeaux
La cantatrice chauve, jusqu'au 3 février au théâtre de l'Athénée
Pièce d'Eugène Ionesco. Mise en scène de Jean-Luc Lagarce**. Avec** Mireille Herbstmeyer, Jean-Louis Grinfeld, Marie-Paule Sirvent, Emmanuelle Brunschwig, Olivier Achard, Christophe Garcia, François Berreur.
Présentation officielle : La Cantatrice fait ses adieux, dernière occasion de voir la mise en scène de Jean-Luc Lagarce ! Pelouse anglaise, salade anglaise et feu d’artifice de vérités bigarrées, La Cantatrice chauve fête cette année ces soixante-sept ans sans quitter la scène.
Qu’on se rassure, elle n’a pas mis une goutte d’eau anglaise dans son vin anglais, et continue d’enivrer par sa verve déchaînée. Pimpante et portant beau dans la mise en scène de Jean-Luc Lagarce avec les acteurs d'origine, elle a pris son rond de serviette à l’Athénée, et on se réjouit de ces retrouvailles, forcément explosives.
– Mes excuses, mais il me semble que j’ai déjà vu cette pièce quelque part… Je me souviens qu’il y avait déjà une pelouse anglaise, de la salade anglaise, de l’eau anglaise et des femmes habillées comme la reine d’Angleterre, avec des tailleurs roses et des chapeaux à fleurs.
– Mon Dieu, comme c’est curieux, moi aussi, il me semble… Oui, il y avait des gens qui sautaient sans arrêt des coqs aux ânes et des cravates orange. Et puis un pompier et une bonne, qui s’appelait Mary.
– Comme c’est bizarre et quelle coïncidence ! Moi aussi, j’ai vu cette étrange pièce-anti-pièce. Je crois que c’était au théâtre de l’Athénée en 2006 et que la mise en scène était de Jean-Luc Lagarce. Vers la fin, un monsieur s’exclamait : “kakatoès !” et tout le monde riait.
– C’est bien possible, ce n’est pas exclu, c’est plausible. Mais je crois bien avoir moi aussi revu cette pièce à l’Athénée, mais en 2009, et la mise en scène était par contre de Jean-Luc Lagarce.
– Comme c’est étrange, comme c’est curieux, on dirait que cette pièce est de retour. Et qu’il y a de nouveau une pendule anglaise et un petit jardin très simple.
– C’est bien possible. Au fond, cette pièce ressemble à la Cantatrice chauve : elle se coiffe toujours de la même façon.
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Dans cette pièce, il y a un côté sitcom avant l'heure. Philippe Chevilley
Quand on entend comment Ionesco dévoile l'absurdité de la langue, c'est jouissif. Fabienne Pascaud
La mise en scène ne transmet pas la charge politique et la critique sociale du texte. Lucile Commeaux
La maladie de la mort, jusqu'au 3 février aux Bouffes du Nord
Librement adapté d'après le récit de Marguerite Duras. Mise en scène de Katie Mitchell. Avec Laetitia Dosch - La Femme, Nick Fletcher - L'Homme, Irène Jacob - Narratrice.
Synopsis : Dans une chambre d’hôtel en bord de mer, un homme attend.
Elle vient la nuit. Elle vient seulement la nuit. Elle ne doit pas parler. Elle ne doit pas résister. Tout ce qu’il veut, elle doit le faire. Peu importe le prix - il veut apprendre à aimer, à ressentir à nouveau. Il ne s'agit pas d'Elle. Il s'agit de Lui.
Duras explore sa conviction de l’impossibilité d’une intimité sexuelle ou émotionnelle authentique entre un homme et une femme. L'adaptation de Katie Mitchell en spectacle de cinéma en direct pose cette question centrale, à travers une profonde exploration de l’intimité, du genre, de la pornographie et du sexe. - Alice Birch
J'ai d'abord été séduit par la virtuosité du texte mais j'ai ensuite compris que la mise en scène passe à côté du texte de Duras.
Les acteurs jouent comme des pieds et on ne voit que des caméras s'agiter sur scène. Fabienne Pascaud
C'est un exercice de style chic et branché autour de Duras qui ne fonctionne pas. Philippe Chevilley
Le spectateur est mis en face des coulisses d'un mauvais film. Arnaud Laporte

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