Un documentaire d'Amélie Meffre, réalisé par Véronik LamendourLe 27 mai 1961, des centaines de kilos pommes de terres enduites de gasoil sont déversées dans les rues de Pont Aven ; le 4 juin, les urnes cantonales sont brûlées à Pont l'Abbé ; le 8 juin, près de 4 000 paysans bloquent la ville de Morlaix et investissent la sous-préfecture. L'arrestation le soir même d'Alexis Gourvennec et de Marcel Léon, les deux leaders de la manifestation, va galvaniser la colère des paysans bretons. Barrages de routes, sabotages de poteaux électriques, défilés de tracteurs, les manifestations de solidarité gagnent toute la Bretagne et bientôt le pays tout entier. Il faudra attendre le 22 juin et la libération des leaders, portés en triomphe par près de 10 000 paysans, pour que le mouvement s'apaise.Si l'effondrement des cours de la pomme de terre a mis le feu aux poudres, le conflit part en réalité de la volonté de jeunes syndicalistes d'imposer une nouvelle organisation des marchés. Dans le nord Finistère, la jeune garde de la Fédération départementale des syndicats des exploitants agricoles (FDSEA) vient de mettre en place une Société d'intérêt collectif agricole, la Sica de Saint-Pol-de-Léon. Cette structure permet aux producteurs d'artichauts, via un système de vente au cadran, d'orchestrer la commercialisation de leur récolte et de ne plus subir le diktat des négociants. Or, pour fonctionner, la Sica, qui ne fait pas l'unanimité, doit maîtriser la totalité de la production. Ses partisans, en multipliant les manifestations, entendent contraindre le gouvernement à légiférer sur les regroupements de producteurs et peser sur la réorganisation du secteur.Au delà d'une jacquerie conjoncturelle, le soulèvement breton illustre le malaise du monde paysan qui, à l'aube de la politique agricole commune, doit se moderniser pour accroître sa productivité. Si, le 5 août 1960, le gouvernement Debré lance la première loi d'orientation agricole qui trace les grandes lignes de la modernisation de l'agriculture française, en ce mois de juin 1961, les décrets d'application tardent à venir. La révolte va accélérer le processus ; le ministre de l'Agriculture, Henri Rochereau est remplacé par Edgard Pisani qui mettra en place une seconde loi d'orientation en 1962. Les promoteurs bretons d'un syndicalisme rénové se veulent force de proposition et s'attèlent alors au désenclavement de leur région, en soumettant, en 1965, cinq propositions à Georges Pompidou : réalisation d'un plan routier, automatisation intégrale des télécoms, développement d'une université et d'une plate-forme industrielle à Brest et creusement d'un port en eau profonde à Roscoff. Elles seront adoptées en Conseil des ministres, en octobre 1968.Avec Edgard Pisani , ministre de l'Agriculture de l'époque, et les membres de la FDSEA du Finistère, Roger Calvez , Pierre Chapalain , Marc Bécam et Alexis Gourvennec .
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