L'internationalisation de la question des droits de l'homme (1898-1939) : épisode • 3/4 du podcast Une histoire des déclarations des droits de l'homme

Réfugiés arméniens dans le désert irakien, 1915.
Réfugiés arméniens dans le désert irakien, 1915. ©Getty - Universal History Archive
Réfugiés arméniens dans le désert irakien, 1915. ©Getty - Universal History Archive
Réfugiés arméniens dans le désert irakien, 1915. ©Getty - Universal History Archive
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De la création de la Ligue des droits de l'homme le 4 juin 1898 au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la première moitié du XXe siècle voit le combat pour les droits de l'homme s'internationaliser. Mais qui sont les acteurs de ce mouvement ? Et quels sont leurs moyens d'actions ?

Avec
  • Emmanuel Naquet Historien, spécialiste de la Ligue des droits de l'homme
  • Dzovinar Kévonian Enseignante-chercheuse à l'Institut des Sciences sociales du politique à l'Université Paris Nanterre
  • Danièle Lochak Professeure émérite de droit public à l'Université Paris Ouest - Nanterre La Défense et militante associative de la défense des droits de l'homme

De la création de la Ligue des droits de l'homme le 4 juin 1898 au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la première moitié du XXe siècle voit le combat pour les droits de l'homme s'internationaliser. Mais qui sont les acteurs de ce mouvement ? Et quelles sont leurs moyens d'actions ?

Emmanuel Laurentin et Séverine Liatard s'entretiennent avec Dzovinar Kevonian, historienne, maîtresse de conférence à Nanterre, spécialiste de l’histoire des réfugiés et du droit humanitaire, Danièle Lochak, professeure émérite de droit public à l'université Paris-Nanterre et militante associative de la défense des droits de l'homme et Emmanuel Naquet, historien spécialiste de la Ligue des droits de l’Homme. 

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Comment expliquer que le début du XXe siècle marque un tournant dans la mobilisation autour de la question des droits de l’homme ?

Danièle Lochak : En effet, on voit apparaître une vive préoccupation à l'endroit des droits de l'homme, avec d'une part le droit humanitaire qui commence à se former dès la fin du XIXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, et la disparition des grands empires, la question des minorités se pose au niveau de la Société des Nations. Comme celle des réfugiés qui va être également extrêmement prégnante. Enfin, l’Organisation Internationale du Travail va jouer un rôle très important dans cette internationalisation de la mobilisation.

Emmanuel Naquet : A cela on peut ajouter que l'extrapolation des enjeux de l’affaire Dreyfus, qui voit le passage d’un engagement « pour un homme » à un engagement « pour les Hommes » et va donner naissance à plusieurs générations de défenseurs des droits de l'homme jusqu’en 1939. 

Comment des dizaines d’initiatives associatives non coordonnées vont-elles finir par acclimater cette notion – dont la France se considère propriétaire depuis la Révolution française – au contexte international ?

Dzovinar Kevonian : Les années 1920 sont une période de bouillonnement intense, où rien ne converge. Comme d’autres, les droits de l’homme sont une notion instable, qui fait l’objet de multiples appropriations par ces différentes associations... … voire d’énormes contresens ! Parce que l’espace transnational est un espace de projection de la manière dont sont penchés les objets à l’échelle locale, on voit à l'œuvre d'une part l’approche française dont la Déclaration des droits internationaux de l’homme de 1929 porte la marque. Mais se font jour également d’autres foyers de réflexion, comme aux Etats-Unis où les mouvements féministes défendent cette notion des droits de l’homme animées d'un agenda politique très différent !

Musiques diffusées

  • Alexandre Tansman, Suite concertante pour hautbois et orchestre de chambre (Nocturne)
  • Paul Dessau, Deutsches Miserere (Die Kriegsfibel)

A découvrir...

La Ligue des droits de l'homme, 120 d'histoires. Exposition virtuelle organisée par La Contemporaine, commissaires Gilles Candar et Emmanuel Naquet.

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