Histoire, patrimoine et mémoire de la traite et de l’esclavage en Guadeloupe : épisode • 3/4 du podcast Une histoire de l'esclavage

Le Memorial ACTe situé à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier a été inauguré le 10 mai 2015 par François Hollande
Le Memorial ACTe situé à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier a été inauguré le 10 mai 2015 par François Hollande ©Radio France - Séverine Liatard
Le Memorial ACTe situé à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier a été inauguré le 10 mai 2015 par François Hollande ©Radio France - Séverine Liatard
Le Memorial ACTe situé à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier a été inauguré le 10 mai 2015 par François Hollande ©Radio France - Séverine Liatard
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Espace de célébration mais aussi centre d’expression, lieu de découverte, rendez-vous culturel pour la population guadeloupéenne, carrefour des savoirs et de la création, tel est le projet du Mémorial ACTe, Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage inauguré en 2015.

Avec
  • Frédéric Régent Historien, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste des sociétés esclavagistes dans les colonies françaises du XVIIe au XIXe siècle
  • Thierry L'Etang Chef de projet culturel et scientifique du Mémorial ACTe

La région Guadeloupe a choisi depuis 2004 de favoriser l’affirmation d’une mémoire partagée et apaisée de la période de l’esclavage. Ce mémorial, baptisé Mémorial Acte, a choisi de faire vivre la mémoire et de la réconcilier avec l’histoire. Il s’agit d’un lieu aux multiples activités et approches dont la première ambition sera, selon Victorin Lurel président de la région Guadeloupe, le "mieux vivre ensemble". Ce documentaire, troisième temps d'une série consacrée à l'histoire de l'esclavage, propose une visite radiophonique de cet espace culturel dédié à la mémoire collective et à l’histoire de l’esclavage et de la traite.

Le Mémorial Acte, un monument phare pour la Guadeloupe

"Tous ces quartz dans cette pierre nous rappelle les âmes disparues et nous devons faire acte de mémoire", voilà l'invitation lancée par l'un des concepteurs de ce Centre Caribéen dédié à la mémoire de l'esclavage, et de poursuivre, "c'est la mémoire qui devient active, qui nous oblige à ne pas oublier mais qui nous projette dans le présent". Car le mémorial se veut tourné vers l'avenir, ce n'est pas un musée mais un centre d'interprétation qui rassemble des objets patrimoniaux et aussi des expressions artistiques contemporaines dans une scénographie innovante, à la fois lieu d'études, de commémoration et de réconciliation.

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À travers cette visite en compagnie de certains acteurs du comité scientifique et culturel du projet, il s’agit de retracer la genèse du projet et de s’interroger sur les registres mémoriels relatifs à l’esclavage et les dispositifs de patrimonialisation mis en place dans ce cadre guadeloupéen et de manière plus globale au niveau international.

Matières à penser
43 min

"Un panthéon dédié aux âmes de nos ancêtres"

C'est par ces mots que Victorin Lurel, président de la région Guadeloupe, inaugure en mai 2015 le Mémorial Acte. Il convient d'éclairer une page d'histoire gênante pour la France mais dont le stigmate est toujours présent en Guadeloupe dans sa culture, dans son tissu social. C'est cet angle mort de cette histoire commune qui a donné la matrice de la société guadeloupéenne.

Frédéric Régent, spécialiste de l'histoire de l'esclavage, revient sur les aléas traumatiques de l'histoire de l'abolition, ou plutôt des abolitions de l'esclavage dans l'histoire de France. En effet, Saint-Domingue instaure la première abolition en 1793, suivie par la Convention nationale le 4 février 1794 qui abolit l'esclavage dans toutes les iles et transforme tous les esclaves en citoyens. Le lendemain, elle déclare que l'esclavage est un crime de lèse-humanité, on peut y voir quasiment l'invention du concept de crime contre l'humanité.

Le rétablissement de l'esclavage en 1802 par Napoléon Bonaparte qui envoie une expédition militaire en mai 1802 en Guadeloupe est une date marquante pour l'histoire guadeloupéenne et qui touche encore beaucoup la population de l'île.

La question de l'esclavage n'est pas terminée aujourd'hui, puisqu'encore 36 millions d'esclaves sont dénombrés dans le monde, c'est dire combien le travail mémoriel a toute sa place pour œuvrer à un monde libre.

Signes des temps
44 min

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