Les cérémonies de panthéonisation : des discours et des rites : épisode 3/4 du podcast Une histoire du Panthéon

André Malraux, Ministre de la Culture, prononce un discours sur la place du Panthéon à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964
André Malraux, Ministre de la Culture, prononce un discours sur la place du Panthéon à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964 ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho
André Malraux, Ministre de la Culture, prononce un discours sur la place du Panthéon à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964 ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho
André Malraux, Ministre de la Culture, prononce un discours sur la place du Panthéon à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964 ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho
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De Victor Hugo à Victor Schoelcher en passant par René Cassin, qu'est-ce qu'un hommage républicain aux héros disparus ? Comment les différents présidents de la République se sont-ils emparés de la panthéonisation ? Est-ce un geste politique porteur ou au contraire archaïsant ?

Avec
  • Patrick Garcia historien, professeur à l’université de Cergy-Pontoise, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent
  • Olivier Ihl politiste, professeur de sociologie historique à l'IEP de Grenoble

Emmanuel Laurentin et Séverine Liatard s'entretiennent avec les historiens Patrick Garcia et Olivier Ihl.

Première partie. Le 21 février 2014, François Hollande annonce l'entrée au Panthéon de quatre résistants.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay peuvent-ils servir de modèles aujourd'hui ? Leur conduite peut-elle est comprise par la jeunesse d’aujourd’hui ? Lui servir de modèle ? Peuvent-elles devenir des « saints laïcs » ? Comment définir la vertu civique par rapport à la sainteté de la Curie romaine ? Qu’est-ce que l’héroïsme ? Qu’est-ce que mourir pour des idées ? Voici quelques-unes des questions qui se trouvent engagées dans la pratique de la panthéonisation.

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Patrick Garcia : Le Panthéon, c’est une bourse des valeurs de la République. Si l'on considère qu'existe une espèce de comptabilité nationale de la mémoire, on est aujourd'hui avec la panthéonisation de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay dans un moment de rééquilibrage du côté de la Résistance.

Olivier Ihl : La panthéonisation relève de plus en plus d’un procès qui ressemble à celui de la canonisation. La question alors est de savoir s’il y aura autant de pluralisme que dans la sainte congrégation des rites. Peut-on imaginer des commissions parlementaires qui puissent faire entendre l’ensemble des points de vue lorsqu’il s’agit de choisir la figure à panthéoniser plutôt que de rester dans cette pratique très solitaire, très Ve République, d’un homme qui serait inspiré, en l’occurrence le Président de la République ?

Lien

Lors d'une cérémonie d'hommage à la Résistance au Mont-Valérien le 21 février 2014, François Hollande annonce la panthéonisation de quatre figures de la Résistance.

Seconde partie : de Victor Hugo à René Cassin, qu'est-ce qu'un hommage républicain aux héros disparus ?

Patrick Garcia : La scénographie de la panthéonisation se met en place avec l’entrée de Victor Hugo au Panthéon en 1885, dans un dispositif très codifié qui est celui de l’enterrement civil.

Olivier Ihl : Le Panthéon n’est pas œcuménique. Il est sélectif, il retient des figures exemplaires d’une certaine conception de la République, d’une république de combat. L’héroïsme du panthéon doit transcender tel ou tel épisode historique. L’acte de panthéonisation n’est que politique : il consiste à bâtir une sorte de transcendance laïque, mais avec des catégories qui sont celles du droit, de la politique du compromis. Comment faire exister cette transcendance laïque avec ces simples mots et ces simples vies ?

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