Martinique 3/4

France Culture
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**Entre mémoire et histoire, un balisage de la Martinique **

Une ballade radiophonique de Sophie Haluk, réalisée par Guillaume Baldy

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Patrick Chamoiseau
Patrick Chamoiseau
© Radio France - S. Haluk
Patrick Chamoiseau
Patrick Chamoiseau
© Radio France - S. Haluk

Comment l’espace géographique antillais est-il marqué par l’Histoire ? A Saint-Pierre et Fort de France, l’écrivain Patrick Chamoiseau nous invite à une lecture sensible des traces laissées par les histoires multiples qui ont façonné la Martinique. Un territoire qui a été jusqu’ici structuré par l’histoire coloniale.

Le patrimoine visible, nous dit Patrick Chamoiseau, reste le patrimoine colonial – grands monuments, forts, Habitations etc. Le patrimoine populaire – les contes, proverbes, la musique, les petites cases créoles, etc. - forme un patrimoine encore trop peu valorisé. Dès lors comment rétablir l’équilibre ?

C’est tout l’enjeu de l’ambitieux projet de valorisation culturelle et patrimoniale lancé par Serge Lechtimy, président du Conseil Régional, depuis 2011 à Saint Pierre et aux Trois îlets. Dirigé par Patrick Chamoiseau, ce projet relève un défi majeur : faire participer les Martiniquais au balisage mémoriel de leur île, les aider à se réapproprier cet espace tout comme leur Histoire. Une Histoire relationnelle chaotique, fruit de la confrontation des histoires et des mémoires amérindiennes, esclavagistes et coloniales, qui, selon l’écrivain, devraient toutes pouvoir, dans le dialogue, exprimer leur singularité.

Le choixdes lieux labélisés «Maisons des illustres», qui a soulevé la polémique en septembre 2011, est révélatrice de ce que Patrick Chamoiseau appelle la permanence d’un vieil esprit colonial. Comment peut-on qualifier d’illustres (au sens d’eeemplaires donc) l’Habitation Saint Jacques, l’Habitation Clément et le musée de la Pagerie de Joséphine de Beauharnais, tous liés à la période de l’esclavage ? Pourquoi les historiens, hommes politiques, hommes de conscience martiniquais n’ont-ils pas été consultés ? Ainsi s’indignait Patrick Chamoiseau dans un article publié par le quotidien France Antilles le 17 septembre 2011.

Aujourd‘hui il revient aux Antillais de baliser symboliquement leur espace, et de se réapproprier les lieux de mémoire. A commencer par la jeunesse. Le festival musical Blow ! qui se tient tous les ans à la Pagerie au Trois Ilets, s’inscrit dans ce désir-la.

Patrick Chamoiseau conclut le documentaire par un appel à la responsabilisation des Antillais, à une véritable mise en relation avec la France et non pas une mise sous relation. Où l’autonomie de pensée et de création peut s’exprimer de part et d’autres. Un combat non plus pour l’indépendance, comme il a pu le mener autrefois, mais pour une relation d’interdépendance des Antilles avec la France, l’Europe, le monde.

Avec l’écrivain Patrick Chamoiseau, et les interventions musicales enregistrées en Martinique de : Jean et Henri Pierre-Leandre, du groupe de conques de lambi Watabwi

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