L'histoire de l'avortement n'est pas qu'une histoire du droit ; c'est aussi une histoire des corps et des techniques. Naviguant entre la clandestinité et l'illégalité, les pratiques ont rapidement et profondément évolué au cours des années 1970, en même temps que les militantismes...
- Frédérique Liotard-Schneider Historienne, enseignante et auteure d’une thèse en 2010 sur "Les experts de l'intime et les femmes, médecins et démographes en France de 1945 à 1975"
- Lucile Ruault Sociologue chercheuse au CERAPS de l’université de Lille
- Marielle Issartel Chef-monteuse et réalisatrice du film "Histoires d’A"
- Olivier Bernard Médecin généraliste, orthogéniste et ancien président du MLAC de Grenoble
- Pierre Jouannet Biologiste de la reproduction, ancien président de la fédération des Cecos et professeur émérite à l'Université Paris Descartes
- Kénizé Mourad Ecrivain et journaliste
- Chantal Birman sage-femme
Au début des années 1970, le combat pour le droit à l’avortement est un marqueur fort des mouvements féministes. Quelques années plus tôt, en 1967, l’usage des contraceptifs est devenu légal après le vote de la loi Neuwirth. A cette époque, une partie des femmes, généralement aisées, se rend en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Suisse où l’avortement est autorisé et encadré dans un milieu hospitalier. Pour celles qui ne peuvent voyager, il leur faut trouver et payer un(e) médecin volontaire ou une “faiseuse d’anges” pour introduire une sonde dans leur utérus, déclencher une hémorragie pour avoir droit à un curetage en arrivant à l’hôpital. S’il est difficile de déterminer précisément le nombre d’avortements clandestins pratiqués chaque année, il est question de plusieurs centaines de milliers d’interruptions volontaires de grossesse. Plusieurs centaines de femmes meurent “pour des raisons obstétricales”.
L'arrivée de la méthode Karman
Courant 1972, le militantisme change d’échelle et prend une nouvelle forme pour accélérer le changement de la loi de 1920 interdisant l’avortement : à travers le pays, des groupes réunissant des femmes, des hommes, des étudiants en médecine ou des médecins s’organisent pour avorter eux-mêmes sous la bannière de mouvements comme le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), Choisir, le GIS (Groupe Information Santé) ou le Planning Familial. Beaucoup se forment à une méthode dite Karman du nom du psychologue californien Harvey Karman venu faire une démonstration en France à l’été 1972. Plus sûre, plus rapide, elle repose sur l’usage d’une canule souple avec un moindre risque d’hémorragie et de perforation de la paroi utérine. Ces groupes accompagnent la diffusion de cette technique médicale d’un dispositif d’accompagnement des femmes venues avorter : entretiens individuels ou en groupe, explications sur la procédure médicale, informations sur la sexualité et la contraception etc. Deux ans plus tard, les mots de la ministre de la Santé d’alors, Simone Veil, résonnent dans l’Assemblée nationale jusqu’à la loi du 17 janvier 1975 encadrant la pratique légale de l’avortement.
Militer, avorter, légaliser (1972-1975), un documentaire de Judith Chetrit et Anne Fleury.
Avec Olivier Bernard, médecin généraliste, orthogéniste et ancien président du MLAC de Grenoble ; Chantal Birman, sage-femme ; Frédérique Liotard-Schneider, historienne ; Kenizé Mourad, journaliste et écrivaine ; Pierre Jouannet, biologiste de la reproduction et ancien membre du GIS ; Marielle Issartel, chef-monteuse et réalisatrice du film Histoires d’A ; Lucile Ruault, sociologue chercheuse au CERAPS de l’université de Lille et auteure d’une thèse en 2017 intitulée Le spéculum, la canule et le miroir. Les MLAC et mobilisations de santé des femmes, entre appropriation féministe et propriété médicale de l'avortement (France, 1972-1984).
A consulter aussi, pour aller plus loin :
• Frédérique Liotard Schneider, Les experts de l'intime et les femmes, médecins et démographes en France de 1945 à 1975, thèse soutenue en janvier 2010
• Lucile Ruault, Le spéculum, la canule et le miroir. Les MLAC et mobilisations de santé des femmes, entre appropriation féministe et propriété médicale de l'avortement (France, 1972-1984), thèse soutenue en décembre 2017
• Bibia Pavard, « Quand la pratique fait mouvement. La méthode Karman dans les mobilisations pour l'avortement libre et gratuit (1972-1975) », Sociétés contemporaines, no 85, janvier 2012
• Le film “Histoires d’A” de Charles Belmont et Marielle Issartel. En cours de rénovation, le film sera bientôt projeté à nouveau dans les salles.
•
La méthode Karman, une histoire oubliée de l’avortement illégal en France, article publié le 31 mai 2017 sur le site Slate.fr
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