Résistances, révoltes et marronnage : épisode • 4/4 du podcast Une histoire de l'esclavage

Reconstitution en 1998, d'un marché aux esclaves qui allaient être vendus aux colons français installés en Guadeloupe
Reconstitution en 1998, d'un marché aux esclaves qui allaient être vendus aux colons français installés en Guadeloupe ©AFP - DOMINIQUE CHOMEREAU-LAMOTTE
Reconstitution en 1998, d'un marché aux esclaves qui allaient être vendus aux colons français installés en Guadeloupe ©AFP - DOMINIQUE CHOMEREAU-LAMOTTE
Reconstitution en 1998, d'un marché aux esclaves qui allaient être vendus aux colons français installés en Guadeloupe ©AFP - DOMINIQUE CHOMEREAU-LAMOTTE
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Quelles formes la résistance à l'esclavage a-t-elle pris au fil de l'histoire de ce système ? D'actes individuels comme le suicide à bord des bateaux négriers ou les procès intentés par des esclaves contre leur propriétaire, jusqu'à l'apparition du marronnage, état des lieux des rébellions.

Avec
  • Céline Flory Historienne, chargée de recherche au CNRS
  • Frédéric Régent Historien, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste des sociétés esclavagistes dans les colonies françaises du XVIIe au XIXe siècle
  • Christine Chivallon Géographe et anthropologue, spécialiste de l’histoire de l’esclavage

La résistance à l’esclavage a pris des formes variées depuis les origines mêmes de ce système. Pour aborder ces différents aspects, "La Fabrique de l'histoire" reçoit Frédéric Régent, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Paris, spécialiste de l’histoire de l’esclavage, Christine Chivallon, géographe et anthropologue, et Céline Flory, historienne.

Résistances individuelles et collectives

Les résistances individuelles pour limiter l'oppression, voire obtenir la liberté ont toujours existé mais "il ne faut pas concevoir les résistances des esclaves comme un phénomène conscient et imaginer la résistance des esclaves comme une sorte de maquis dans les bois avec des marrons", nous dit Frédéric régent. Cependant, une résistance plus collective ou du moins plus consciente a existé et cela dès les bateaux négriers où certains esclaves préféraient se donner la mort.

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La forme collective, organisée de rébellion la plus connue est celle du marronnage. C'est un phénomène apparu vers la fin du 18e siècle et qui dans certains cas a donné lieu à de véritables guerres au sein de l'univers esclavagiste. "Le marronnage désigne la fuite organisée (qu'elle soit provisoire ou définitive) des plantations et la création de communautés "marronnes", autonomes voire indépendantes dans la forêt. Celui-ci a eu cours davantage à la Jamaïque, au Surinam, dans les Guyanes françaises qu’aux Antilles françaises", explique Christine Chivallon.

Certaines de ces communautés signent même des accords avec les autorités coloniales. Dans cette typologie, on trouve aussi le marronage urbain qui concerne des esclaves se faisant passer pour libres et qui vendent leur force de travail dans les villes.

Et après l'abolition, comment s'organise le travail ?

Après l'abolition de l'esclavage, on attendait que le salariat prenne le relai, mais on voit apparaître une paysannerie noire qui va s'opposer aux grandes plantations des Caraïbes. Dès les premières lois de l'abolition de la traite esclavagiste, c'est-à-dire dès 1815 avec le Congrès de Vienne, se pose la question de la main-d'œuvre à faire travailler sur les plantations. On va alors chercher des travailleurs immigrés, c'est ce qu'on a appelé l'"engagisme", une nouvelle forme de travail contraint.

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