Qu'est-ce que la philosophie sociale?

S'il est un mot chargé de sens variés et multiples, c'est celui de « social ». Ne parle-t-on pas de Révolution sociale, d'Etat social, de justice sociale, de lien social, de droit social, de relations sociales, de libéralisme social, de question sociale, de défense sociale, d'ordre social, de bilan social de la crise, de parc social, de cohésion sociale, de construction sociale ? La liste est impressionnante. Elle demeure ouverte dès lors qu'on se réfère à l'histoire sociale, au travail social, à la critique sociale, à la flexibilité sociale, au dumping social. Cessons là. Et puis j'allais oublier la philosophie sociale, alors que cette semaine nous allons nous y intéresser. L'expression paraît à première vue courante, mais son contenu ne saute pas aux yeux. Dans un livre célèbre paru en 1984 intitulé « L'invention du social », le sociologue Jacques Donzelot s'interrogeait déjà - non sans une certaine distance historique - sur le déclin des passions politiques. Tandis que son collègue Jean Baudrillard ironisait sur « La Gauche divine », au début du septennat de François Mitterrand. Or voilà qu'un jeune philosophe, qui n'est pas un novice, publie un « Manifeste pour une philosophie sociale » qui entend redorer le blason de cette discipline dont on ne sait si elle est une invention française ou une idée venue d'Allemagne, ou les deux à la fois. En tout cas, tout le monde a entendu parler de la sociologie, tout le monde comprend l'objet de l'histoire sociale, mais il n'est pas sûr, que tout le monde, et moi le premier, soit au fait concernant la dite philosophie qui s'occupe de repenser à nouveaux frais la notion d'aliénation et tente de comprendre comment vivent les hommes ou plutôt comment ils vivent mal dans les sociétés capitalistes avancées. Qu'est-ce que la philosophie sociale ? Est-elle une nouvelle critique sociale ? Ce seront les questions du jour...