A l’occasion des 75 ans de la libération des camps d’Auschwitz, l’histoire d’Eva Heymann, jeune fille hongroise, déportée en 1944, a été déclinée en story sur Instagram et sera disponible sur Snapchat lundi prochain. Informer les jeunes passe-t-il par les réseaux sociaux ?
- Marie GILLOT Rédactrice en chef du Monde des ados
- Valérie Jeanne-Perrier Professeure de sociologie des médias au Celsa - Sorbonne Université
« Eva Stories » : c’est le titre d’une vidéo postée en Israël en mai 2019 sur Instagram, qui met en scène sous forme de courts épisodes la vie d’Eva Heyman, une jeune Hongroise juive de 13 ans qui fut déportée à Auschwitz en 1944.
Résultat : un million et demi d’abonnés en moins d’un an… et quelques critiques.
Alors qu’on commémore ces jours-ci le 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, on a appris que forts du succès de la série, les auteurs comptaient élargir encore plus son audience en la postant sur Snapchat à partir de lundi prochain.
Ce qui n’a pas manqué de provoquer un débat en Israël et au-delà, puisque c’est arrivé jusqu’à nos oreilles…
Traiter d’un sujet aussi grave que la Shoah sur Instagram est-il acceptable au nom de l’information du jeune public ? Et pourquoi ce ne le serait pas ? Passer par les réseaux sociaux est-il aussi indispensable pour informer les plus jeunes ?
**Valérie Jeanne Perrier, Enseignante chercheure au Celsa et Responsable de l’ école de journalisme du Celsa :
**> Je pense qu'il y a quand même une forme d'information dans ce format. Ce registre passe de l’émotion à quelque chose de plus angoissant, et cela peut provoquer des questions. Mais en même temps, les adolescents maîtrisent très bien les codes sur les réseaux sociaux comme Instagram.
Marion Gillot, rédactrice en chef du Monde des ados :
On est dans une fiction pas dans l'information. Entre 10 et 15 ans, les adolescents sont beaucoup sur les réseaux sociaux, ils sont en face à face avec eux-mêmes sur leur smartphone, il n'y a pas d'accompagnement. On reçoit seul avec son téléphone une histoire grave, c'est cela qui me gêne.
Pour aller plus loin :
L'histoire d'une ado juive pendant la Shoah mise en scène sur Instagram pour "toucher" les jeunes, France Inter
Les réseaux sociaux, première source d’info chez les 18–34 ans, Sud-Ouest
"Stories" et posts Instagram : quand Le Monde drague les jeunes, arrêt sur images
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