L’environnement dans les médias : un pas en avant, deux pas en arrière ?

  ©Getty - Xavier Arnau
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De quoi la séquence médiatique du clash entre l'écologiste Claire Nouvian et le journaliste Pascal Praud sur CNews est-elle le symptôme ? Analyse avec le journaliste scientifique Sylvestre Huet et Beligh Nabli, chercheur à l’IRIS, directeur de la publication du site du collectif "Chronik".

Avec
  • Béligh Nabli Maître de conférences HDR en droit public et cofondateur de Chronik
  • Sylvestre Huet Journaliste scientifique indépendant. Il tient le blog Sciences² sur le site du Monde depuis 2016.

Lundi 6 mai, sur la chaîne d’infos en continu CNews, dans une émission qui entend débattre « des grands enjeux de l’actualité », la première question posée était celle du « refroidissement climatique ». Autour de la table, l’animateur Pascal Praud, le journaliste scientifique Michel Chevalet, le publicitaire Jacques Séguéla, le journaliste Gérard Leclerc, la directrice de Causeur Elizabeth Lévy, le médecin Bernard Debré, le sondeur Frédéric Dabi et une invitée, Claire Nouvian, fondatrice de l’association écologiste Bloom et candidate sur la liste de Raphaël Glucksmann Place Publique-PS. L’échange a tout de suite tourné au clash : un « guet-apens climatosceptique » comme le dit Claire Nouvian qui a lancé dans la foulée une pétition adressée au CSA ? La preuve de l’intolérance et de l’arrogance des défenseurs du climat ? Un bon exemple de la fragilité du consensus médiatique sur les questions environnementales ?

Béligh Nabli, directeur de la publication du site du collectif "Chronik"

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Ni l’animateur ni la chaîne ne sont naïfs : ils sont dans une démarche cynique qu’on pourrait résumer à la quête de l’audience dans un système hyper-concurrentiel entre les trois chaînes d’infos en continu, où la logique commerciale prime sur tous les enjeux démocratiques. 

Nous sommes dans un contexte politique nouveau, où la question environnementale participe à la reconfiguration des partis politiques. Comme ils ne peuvent pas tous dire la même chose, ils vont devoir se positionner sur des solutions.

Sylvestre Huet, journaliste scientifique, responsable du blog Science ²

Il se trouve que les gouvernements ont, en 1988, demandé à la communauté scientifique mondiale de mettre au clair ses connaissances en ce qui concerne le changement climatique. A partir de là, tout journaliste qui tient un discours niant ces résultats est dans une position où il ment. [...] Cette séquence pose la question de la responsabilité sociale des journalistes.

Aujourd'hui, quand paraît un rapport comme celui de l’IPBES [lundi 6 mai, sur la biodiversité], toutes les directions de journaux se disent qu’il faut faire leur Une dessus. Mais j’ai lu peu de choses sur : que faire ? S’attaquer à la sixième extinction de masse, ça veut dire se poser des questions très difficiles à résoudre : comment les hommes produisent leurs moyens de vie, ce qu’ils consomment, etc.

Pour aller plus loin :

Voir l'émission de Cnews dans son intégralité en cliquant ici.

Lire l'article du Temps sur les médias et le climat.

Ecouter le l'épisode consacré aux questions climatiques du podcast du think tank France Stratégie dédié au rôle de l’expert dans le débat public.

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