Comment Emmanuel Macron a-t-il orchestré sa communication politique pendant ces trois mois de crise du coronavirus ? Comment les médias ont-ils reçu cette parole gouvernementale et de quelle manière l'ont-elle relayée ?
- Myriam Revault d'Allonnes Philosophe, chercheure associée au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et professeure émérite des universités à l'École pratique des hautes études.
Une fabrique médiatique avec un invité unique qui nous donne son regard sur les trois derniers mois écoulés… aujourd’hui on renverse la perspective puisque c’est de communication politique qu’il va être question… Le président de la République Emmanuel Macron s’est exprimé dimanche soir à la télévision lors d’une allocution de vingt minutes devant 24 millions de Français, pour clore une séquence entamée il y a trois mois, avec une prise de parole solennelle qui annonçait la mise en place du confinement… Comment le président a-t-il géré médiatiquement cette période ? Comment les médias ont-ils relayé la parole gouvernementale ? Est-ce que nous avons assisté à une communication de crise ou à un virage du macronisme ? Quel impact peut avoir cette communication sur le politique, qui n’avait pas attendu le coronavirus pour traverser une crise ?
Nous en parlons avec la philosophe Myriam Revault d'Allonnes :
Ces discours sont marqués par une hétérogénéité. Il y avait une urgence de la situation au départ avec un appel à une unité de la nation mais pour moi une unité factice. Puis on a eu un tournant avec un discours où il était question d’un bien commun qui échappait à l’ordre du marché. Et un troisième discours avec référence avec la déclaration des droits de l’homme. Enfin le dernier discours qui vient clore cette séquence où il n’y a pas grand chose avec une volonté de changement qui a disparu.
Ce sont des discours de communication de crise mais est ce que le discours politique est forcément un discours de communication ? Cela peut aussi être pédagogique. Dans le cas du président Macron on voit que c’est la première personne qui vient au premier plan.
Le relai médiatique a parfois décridibilisé le discours scientifique et il en a été de même à commenter les moindres nuances, des arrières plans des discours politiques.
Je ne crois pas qu’un événement confirme des thèses pré-établies. Pour moi, la crise nous déboussole et nous incite à de nouvelles manières de penser. J’ai retrouvé dans la pandémie des éléments de mes thèses pré-établies mais une crise doit justement bousculer ces pensées.
Pour aller plus loin :
Allocution de Macron : l'opposition déplore un «discours pour rien» et un «satisfecit malvenu», Le Figaro
Coronavirus : l’impossible communication de crise d’Emmanuel Macron, Le Monde
"Parfois, il vaut mieux se taire" : la difficile communication de crise du gouvernement face au coronavirus, France Info
Myriam Revault d’Allonnes : « Le macronisme est une politique de l’insensible », Le Monde
Ce que le coronavirus nous enseigne de la gestion de crise d’Emmanuel Macron, The Conversation
Comment Macron prépare le monde d’après, Politis
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration
- Production déléguée