Alors que "Le Masque et la Plume" se retrouve visé par des accusations de sexisme et de misogynie, certains des chroniqueurs mis en cause invoquent le caractère nécessairement outrancier du critique. L’occasion de s’interroger sur ce métier, sa nature et son évolution.
- Antoine Guillot Journaliste, critique de cinéma et de bandes dessinées, producteur de l'émission "Plan large" sur France Culture
- Oriane Jeancourt Galignani Romancière, critique, rédactrice en chef du magazine Transfuge.
Dimanche dernier, Mediapart a publié un article au vitriol à propos du caractère outrancier de certains critiques du « Masque et la plume », émission phare de notre consœur France Inter, LE rendez-vous dominical de la critique culturelle depuis 1955. Alors que l’émission, de l’avis même de son animateur Jérôme Garcin, « a été fondée sur ce mélange de provocations, de rigolades pas toujours de bon goût » mais qui a fait son succès, il semblerait qu’aujourd’hui la donne a changé. La journaliste Marine Turchi, alertée par des courriels d’auditeurs, a écouté 96 émissions et pointé les dérives sexistes, racistes ou homophobes de certains intervenants réguliers, mâles blancs de plus de 55 ans. Au-delà de cette émission, emblématique du service public, la question que soulève cette nouvelle polémique est loin d’être anecdotique : c’est celle de la nature et de la fonction même du métier de critique. Une bonne critique se doit-elle d’être impertinente et jusqu’où peut aller la comédie? Peut-on tout dire au nom de la liberté d’expression ? et la critique doit-elle évoluer avec son temps ? Enfin, la profession est-elle encore bien portante ?
**Antoine Guillot, critique de cinéma et de BD, intervenant régulier de " La Dispute" **et producteur de " Plan Large" sur France Culture
Le vrai intérêt de la critique n'est pas d’avoir un rôle prescriptif. Ce qu'il a de plus intéressant, c'est d'ouvrir le regard sur une oeuvre. On fait d'abord un travail de description, ensuite de décryptage, puis de dévoilement.
Oriane Jeancourt, critique littéraire, rédactrice en chef du magazine Transfuge
Choisir d'être critique aujourd’hui, c'est choisir de ne pas suivre le grand dictât commercial. Le critique vient exercer sa subjectivité, transmettre au public son admiration pour certaines œuvres qui ne sont pas suscitées par de la publicité. C'est vraiment cela le rôle de journaliste critique: un contre-pouvoir à la puissance commerciale.
Pour aller plus loin :
Sexisme et misogynie: plongée dans le «Masque et la Plume», l’émission phare de France Inter, Mediapart
“Le masque et la plume” critiqué pour sa misogynie : jusqu'où peut-on aller pour faire le show ?, Télérama
Critique de la critique, par Pierre Assouline, paru dans Le Monde en 2011
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