**Avec : **
- Sylvie LAURENT
- Gérard MORDILLAT
- Christophe PROCHASSON
Sylvie Laurent : « Malgré les grandes différences entre la France et les Etats-Unis, on redécouvre dans ces deux pays qu’il existe un monde ouvrier, et que cela dit quelque chose de notre capital économique et culturel. Cette figure de l’ouvrier, que l’on croyait vouée à disparaître face à la mondialisation, revient et interpelle le politique. Dans les deux cas, on constate une double diabolisation qui fait des ouvriers d’une part de « mauvais pauvres », des assistés attendant le soutien de l’Etat, et d’autre part des réactionnaires perdus pour le progressisme, qui seraient attachés aux valeurs morales et racistes. N’oublions pas que 39% des ouvriers ont voté pour François Hollande aux présidentielles de 2012, exactement comme pour Obama en 2008.
Aux Etats-Unis, la définition de la classe ouvrière dépend de ce qu’on entend par la notion de working class , qui renvoie aux salariés sans éducation supérieure, payés à la semaine voire à l’heure. Cela représenterait 72% de la population américaine. Mais la conscience de classe a très peu existé aux Etats-Unis, entre autres parce que l’ouvrier veut à toute force intégrer la middle class. »
Gérard Mordillat : « N’oublions pas que les richesses créées le sont par les ouvriers. Ceux qui font fonctionner l’industrie, les commerces, le service, sont des salariés. On ne parle plus que du coût du travail, comme si le travail coûtait mais ne rapportait rien. Le vrai problème est donc celui de la réalité sociale et économique, et les politiques, qui sont vertigineusement coupés de ces réalités.
Aujourd’hui, il n’y a pas forcément disparition de la classe ouvrière, mais ses membres ne s’y reconnaissent plus. On dit que les ouvriers passent à droite, qu’ils votent pour le Front National et causent ainsi la disparition de la classe ouvrière. C’est un fantasme : les ouvriers ne votent pas plus pour le Front National que les commerçants ou que les avocats. »
Christophe Prochasson : « Ouvrier, salarié, pauvre, peuple, prolétaire… tous ces mots désignent des réalités différentes. Ils montrent que la classe ouvrière n’a jamais été uniforme, et que l’ouvrier n’est plus cet acteur social héroïque, attaché à l’usine dans l’imaginaire traditionnel, qui tire l’Histoire vers son terme.
La comparaison franco-américaine est très intéressante. Aux Etats-Unis, la classe ouvrière n’est pas sécessionniste, tandis qu’en France, l’autonomie ouvrière a été posée comme un fondement. En France, la classe ouvrière a longtemps été intégrée politiquement mais exclue socialement c’est en quelque sorte l’inverse aux Etats-Unis, même s’il y existe aussi une forte tradition de luttes ouvrières dont notre premier mai est un héritage.
Il ne faut pas nier la réalité : l’indexation de la classe ouvrière sur la gauche est un pur fantasme. On trouve par exemple toute une tradition d’ouvriers catholiques qui votent à droite. Il faut relativiser l’indexation du social sur le politique. »
Sons diffusés :
- Bruce Springsteen, “We take care of our own”.
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