A *partir de l'ouvrage * Qu'est-ce qu'un chef en démocratie? de Jean-Claude Monod (Seuil).
**Avec : **
- Michaël FOESSEL
- François CUSSET
- Christophe PROCHASSON
Michaël FOESSEL : « Le chef n’a pas bonne presse en démocratie, d’une part parce qu’on sort de l’hyper-présidence sarkozyste, et d’autre part parce qu’il y a des antécédents historiques liés au totalitarisme avec Hitler ou de Staline. Il y a donc une méfiance à l’égard du chef. L’auteur se réfère à la théorie du charisme politique de Max Weber, selon laquelle la légitimation passe surtout par une forme d’incarnation du pouvoir. Il faut donc définir ce que pourrait être le charisme démocratique : un charisme non pas attaché à une personne, mais redistribué. Et puis, Jean-Claude Monod critique l’idée selon laquelle il y aurait un bienfait automatique de l’impersonnel. L’idée qui se dégage de ce livre, c’est qu’il ne suffit pas de ne pas avoir de chef pour être libre.
On recherche à la fois un chef avec une certaine exceptionnalité, mais qui doit en même temps montrer son humanité, sa normalité. La question de la visibilité, à travers les médias, est donc centrale : elle met en scène le pouvoir, mais pas l’autorité. Il y a tension entre la mise en scène ego-maniaque du personnel politique et la visibilité. Il faut d’ailleurs remarquer que dans tous les Etats démocratiques, il y a soit un roi, soit un président sans pouvoir, qui toit incarner l’autorité, sans avoir de pouvoir. En France et aux Etats-Unis, un seul individu incarne le pouvoir et l’autorité, ce qui pose un problème d’hyper-personnalisation. »
François CUSSET : « Le livre évite deux écueils : le risque de voir l’histoire faite par les individus l’idée d’une incompatibilité entre démocratie et leadership. Mais quelques facteurs sont sous-estimés. D’abord, la situation française n’est pas universalisable, or la question du chef est assez franco-française. Mais surtout, la question des médias est traitée de façon superficielle. A mon avis, il y a soumission du chef à une logique néo-mystique de l’apparition, de la validation par la visibilité, ou encore de l’audience et du sondage, qui constituent un cadre dans lequel il faut penser la figure du chef. C’est d’abord cela qui reconfigure la mystique du chef.
La supériorité intrinsèque semble finalement ne pas tenir à l’autorité, mais à la visibilité. On n’a pas reproché à Nicolas Sarkozy d’être trop chef, mais de ne pas assez l’être. Il y a donc en quelque sorte un besoin de chef. Pendant un moment, on a voulu s’émanciper du chef. Mais cette période s’est close avec le retour d’un chef : François Mitterrand. »
Christophe PROCHASSON : « J’ai trouvé ce livre intéressant et pertinent. C’est effectivement un problème très français. Le livre manque un peu de profondeur historique. La figure du chef est une question ancienne qui a été posée par les républicains dès la Troisième République. Le problème fut pour eux celui de l’incarnation, face à l’héritage monarchique qui voulait maintenir une figure susceptible d’incarner la nation. Dans l’histoire très contemporaine, c’est la télévision qui a donné au président de la république, avec le suffrage universel, une figure exceptionnelle. Mais ce régime s’est effondré avec François Mitterrand, dernier président charismatique. Jacques Chirac a eu du mal à lui succéder. Puis, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont eu dans leur vocabulaire un terme révélateur : le « métier » ou le « job », ce qui va à l’encontre du caractère charismatique de la fonction.
Il ne faut pas oublier un élément fondamental : en France, le chef d’Etat est élu au suffrage universel direct, dont découle l’importance du rôle des médias. Concernant Nicolas Sarkozy, le problème semble être sa vulgarité – au sens où il devient commun : il nous ressemble trop. »
**Sons diffusés : **
- *Tôt ou tard, * sur Paris Première, Mai 2011
- Jacques Dutronc, « Madame l’existence ».
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