Existe-t-il une gauche mondiale ?

Immanuel Wallerstein lors d'un séminiaire à St Petersbourg, en mai 2008
Immanuel Wallerstein lors d'un séminiaire à St Petersbourg, en mai 2008 - Wikicommons via Wikipedia
Immanuel Wallerstein lors d'un séminiaire à St Petersbourg, en mai 2008 - Wikicommons via Wikipedia
Immanuel Wallerstein lors d'un séminiaire à St Petersbourg, en mai 2008 - Wikicommons via Wikipedia
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Chercheur à l’université de Yale aux Etats-Unis, économiste, Immanuel Wallerstein a travaillé sur l'évolution du capitalisme mondial. Il a amplifié le concept d'"économie monde" en créant sa propre notion de "système monde", qui permet selon lui de définir la mondialisation.

Aujourd'hui, en deuxième partie d'émission, la Grande Table reçoit Immanuel Wallerstein, sociologue américain et historien de l'économie, ancien directeur du Centre Fernand Braudel pour l'Etude de l'Economie. Il a donné en 2014-2015 un cycle de trois conférences, organisées par la Collège d’études mondiales, sur le thème "La gauche mondiale : hier, aujourd’hui, demain", et dont la dernière, qui a eu lieu le 11 mars dernier, était intitulée La lutte mondiale pour déterminer le(s) système(s) à venir. Chercheur à l’université de Yale aux Etats-Unis, économiste, Immanuel Wallerstein a travaillé sur l'évolution du capitalisme mondial : sa nature, ses crises... Il a amplifié le concept d'"économie monde" en créant sa propre notion de "système monde", qui permet selon lui de définir la mondialisation. 

Pour Immanuel Wallerstein, l'année 2011 a été une très bonne période pour ce qu'il l'appelle la "gauche mondiale". Trois ans plus tard, où en est cette gauche mondiale ? 

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Elle se trouve dans une grande difficulté. La gauche mondiale a enterré un certain nombre de débats. Aujourd'hui, tout le débat antérieur revient, mais on en est toujours au même point. La droite aussi a de gros problèmes. C'est une situation de "crise structurale" du "système monde", mais c'est normal, car tout système arrive un jour à une crise. On entre dans un système de transition. Immanuel Wallerstein

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Fin de l'accumulation du capital, automatisation, réchauffement climatique, pollution... Dans le livre Le capitalisme a-t-il un avenir, Immanuel Wallerstein voit dans la conjoncture actuelle certaines tendances qui pourraient mener à la fin de l’économie de marché. Pour Wallerstein, les classes moyennes se retrouvent elles-aussi massivement au chômage à cause de la crise du capitalisme : 

Une nouvelle gauche va être porté sur les classes moyennes. Mais en prétendant être la porte-parole de cette classe moyenne qui ne peut plus vivre comme avant, elle se met en difficulté avec la classe ouvrière. Cela pourrait ressembler à une gauche plus inclusive, plus grande, mais d'autres peuvent pencher vers l'extrême droite qui font des arguments de classes : les immigrés qui voleraient le travail des Français. Immanuel Wallerstein

Le chômage est la question clé. Dans le passé, quand on éliminait des postes d'ouvriers, on en créait d'autres pour les classes moyennes. Aujourd'hui, avec l'arrivée des nouvelles technologies, on se dispenses de ces ouvriers, et ils se retrouvent au chômage. Immanuel Wallerstein

Francophone, Immanuel Wallersteina été notamment directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, et donne aujourd'hui de nombreuses conférences dans différentes universités françaises. Aujourd'hui, le capitalisme est mondial et il provoque des replis nationalistes dans différents pays, et particulièrement en Europe : 

C'est un grand danger. La nation semble être un rempart contre le néo-libéralisme, et à la fois elle renforce ce qui est mauvais dans la vie politique. Je prêche une mondialisation classique. Evidemment, chaque cas doit être considéré en particulier. Théoriquement, la gauche est née d'un sentiment que les nations sont le passé. Il faut essayer de créer un "universalisme universel". Immanuel Wallerstein

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