*Grand entretien *
Liao **YIWU, ** auteur de *Dans l'empire des ténèbres, * traduction sous la direction de Marie Holzman, éd. François Bourin
C’est le livre d’un poète. Chinois. Revenu de l’enfer des prisons et des laogai, l’équivalent du goulag soviétique, après avoir été condamné par le Parti pour « activités contre révolutionnaires ». Son crime : avoir écrit un poème annonçant les massacres de Tiananmen dont les premiers mots disaient ceci :
« *Le Grand massacre commence par le cœur de Pékin Quand le premier ministre s’enrhume le peuple tousse, La ville vient d’être fermée, puis bloquée, et enfin assiégée. La machine d’Etat de ce vieux pays malade n’a plus de dents Pour broyer le peuple qui résiste et voudrait lui échapper. *
*Pas l’ombre d’une arme entre leurs mains et poiurtant, ils sont des milliers tombés à terre Les assassins profesionels, eux, arborant fer et cuivre, nagent dans une mer de sang Un incendie criminel ravage notre maison Ils ne tremblent pas d’essuyer leurs bottes d cuir aux jupes des filles mortes * »…
Lors d’une soirée organisée la semaine dernière par son éditeur au palais de Tokyo à Paris, Robert Badinter lui-même a déclaré que ce livre « prendra sa place parmi les grandes œuvres de la littérature carcérale, dans la lignée de Soljenitsyne et de Dostoïevski * ». Car Après des années de péripéties, son témoignage exceptionnel paraît auj en français. *
Ce qu’il y raconte et ce qu’il décrit relève tout bonnement de l’insoutenable. Comme le furent les œuvres de ceux qui l’ont précédé dans cette tentative de dire ce que l’on ne veut pas entendre. A cette différence près que même si 20 ans ont passé, ce n’est pas de l’histoire ancienne : le régime politique qui l’a condamné, même si le pays a changé, est encore en place…
Traduction pour La Grande Table : Jia Jia Cheng

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