Dans sa fameuse conférence de 1919, sur « le métier et la vocation d’homme politique », Max Weber réfléchissait sur la tendance à la professionnalisation des carrières politiques. Il constatait que, sous l’influence de la démocratisation, de plus en plus de gens vivaient de la politique et non plus pour la politique, et il concluait sa réflexion en se demandant quelles étaient les qualités nécessaires à un bon dirigeant politique. A ses yeux, il y en avait trois : la passion, le sentiment de responsabilité et le « coup d’œil ». La passion, au sens de « dévouement passionné à une cause » qui dépasse ses propres intérêts la responsabilité parce qu’il faut garder à l’esprit que les effets d’une politique sont rarement ceux qui en étaient escomptés le « coup d’œil » dans la mesure où, pour prendre la mesure d’une situation, il faut « savoir maintenir à distance les hommes et les choses ».
La pensée de Max Weber semble n’avoir pris aucune ride. Depuis quelques mois, mais depuis quelques mois cela a pris des proportions nouvelles, on entend ici et là de la part de responsables politiques ou de vieux briscards que la politique n’est plus ce qu’elle était, que les cabinets ministériels sont remplis de jeunes sortis des grandes écoles et qui n’ont aucune culture politique, qu’ils sont coupés des réalités et que c’est l'une des causes de la crise de légitimité démocratique et de représentation que nous traversons, au point que le débat sur une nouvelle République a pris récemment de l’ampleur. La professionnalisation de la politique tue-t-elle la politique ? Qu’est-ce que faire de la politique ? C'est la question que Caroline Broué et Antoine Mercier, accompagnés du politologue Frédéric Sawicki, posent à leur invitée Lucile Schmid , ancienne conseillère régionale d'Ile-de-France, auteure d'Une femme au pays des hommes politiques paru aux éditions Flammarion en 2003 et de Parité Circus paru aux éditions Calmann-Lévy (2008).
"* L'affaire Cahuzac est extrêmement intéressante car elle donne le sentiment que quelque part pour avoir du talent en politique il faut aussi être un cas psychiatrique.* "
"* La vraie question c'est pourquoi le système politique crée cette sociologie ? Il y a une extrême violence dans les relations en politique, c'est un repoussoir pour beaucoup de gens qui seraient prêts à s'investir avec passion* . "
Peut-on retrouver le temps long en politique ? C'est la question qui occupe aujourd'hui Raphaël Bourgois dans sa chronique des Idées. Pour y répondre il s'appuit sur le dernier numéro de l’*Ecologie Politique * dont la problématique est très proche : Peut-on résister à l’ère du temps accéléré ? En introduction de la revue, Estelle Deléage et Guillaume Sabin développent l'idée selon laquelle cette rapidité du temps politique, qui fait obstacle à l'élaboration de projets poussés, est un choix. Ce choix prendrait racine dans une certaine façon de toujours considérer ceux qui veulent ralentir le temps comme des conservateurs… et à l’inverse d’affirmer que l’accélération est forcément synonyme de progrès.
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