En débat : une variation de fictions autobiographiques par l'un des auteurs contemporains les plus subversifs & une plongée dans le "Swinging London" des années 60.
- Johan Faerber Editeur, essayiste, critique littéraire.
- Pierre Benetti critique à En attendant Nadeau
La Grande Table critique : commentaire expert et subjectif de l’actualité culturelle. Chaque semaine, des critiques invités se rencontrent autour de deux disciplines dans l’amour de l’art et de la dispute.
Au sommaire de cette émission : J'ai fait un vœu de Dennis Cooper ( POL - traduit de l’anglais par Elsa Boyer) & Utopia Avenue de David Mitchell ( Editions de L'Olivier - traduit de l’anglais par Nicolas Richard).
"J'ai fait un vœu" de Dennis Cooper (POL)
Né en 1953, Dennis Cooper est critique d’art et vit à Los Angeles. Il est une figure majeure de la scène littéraire queer.
Quatrième de couverture :
Dennis Cooper présente lui-même J’ai fait un vœu, comme son entreprise la plus personnelle et intime : écrire sur George Miles qui lui a inspiré les romans Closer, Frisk, Try, Guide et Period entre 1989 et 2000. Cooper a construit une mythologie littéraire autour de ce personnage. « J’avais, depuis très longtemps, envie d’écrire un roman sur le vrai George Miles… un sujet très difficile pour moi », explique celui que Bret Easton Ellis qualifie de « dernier hors-la-loi de la fiction américaine ». Il s’agit de sortir George Miles, l’ami et amant suicidé dans l’oubli à trente ans, des personnages de fiction qu’il avait inspirés. Georges et Dennis seront les deux personnages principaux du livre. Mais dès le départ tout déraille, George se dédouble, en différentes versions, à plusieurs âges différents, et dans plusieurs situations. Ce roman est une variation de fictions autobiographiques où les personnages, les sentiments se transforment, se déplacent, mutent. La narration devient un labyrinthe à géométrie variable où le désir défait à la fois l’enveloppe des personnages et les intentions du narrateur, multipliant les degrés de fiction : autobiographie, fantastique, comique. Dans quel monde de fiction raconter la perte et le deuil ? Le narrateur tente la réécriture du Cœur est un chasseur solitaire, de Carson McCullers, ou le conte de fées, convoque drôlement la figure du Père Noël ou celle d’un serial killer, crée une circulation ininterrompue entre différentes formes, et des passages qui laissent le lecteur hilare, et d’autres où la fragilité du texte devient bouleversante. Dennis Cooper compose un livre impossible à partir de toutes ces tentatives d’écriture sur une plaie à la tête à coup de hache, le pistolet du suicide, les ratés du langage et de l’art conceptuel, les chansons de Nick Drake. Les variations étranges, et l’aspect hautement comique de J’ai fait un voeu, ses éruptions de sang, de sexe et d’émotion, évoquent aussi les GIFs, ces images qui tournent en boucle sur internet et que Dennis Cooper manipule pour en faire des romans en ligne inspirés des espaces du jeu vidéo.
Extraits :
Dennis Cooper étonne. Il lâche son traditionnel jeu formel pour exhiber ce qu’il appelle une « vulnérabilité » dans un chant d’amour cristallin et incandescent. Johan Faerber
C’est un livre fragmenté et proliférant, où les artifices mis en place sont à la recherche d’une forme toujours en devenir. [...] Une écriture qui procède d’une radicalité apaisée, un puissant livre d’amour et de deuil. Pierre Benetti
- J'ai fait un vœu de Dennis Cooper est disponible aux éditions POL (traduit de l’anglais par Elsa Boyer)
"Utopia Avenue" de David Mitchell (POL)
David Mitchell est né en 1969 à Southport, dans le Lancashire. Il a vécu plusieurs années au Japon et enseigné l'anglais à Hiroshima. Écrits fantômes , son premier roman paru en 1999, lui a valu le Mail on Sunday/John Llewelyn Rhys Prize, ainsi qu'une nomination comme finaliste au Guardian First Book Award. Son troisième roman, Cartographie des nuages , a été préselectionné pour la shortlist du Booker Prize, et adapté au cinéma en 2012 sous le titre Cloud Atlas par Andy Wachowski, Lana Wachowski et Tom Tiker.
Quatrième de couverture :
Londres, 1967. Dans l’effervescence des Swinging Sixties se forme un improbable groupe de folk-rock psychédélique nommé Utopia Avenue. Chapeauté par l’excentrique manager
canadien Levon Frankland, ce groupe fictif connaît une ascension fulgurante et croise la trajectoire de célébrités bien réelles telles que Syd Barrett, Francis Bacon, Leonard Cohen ou Janis Joplin.
Dans ce roman aux accents de biographie rock, David Mitchell raconte avec une minutie éblouissante le mystère de la composition de chansons, le tumulte des premiers concerts
dans les bars et les sessions en studio, les rencontres décisives, les caprices du hasard, les ambitions contradictoires et les conséquences de la célébrité. Au-delà, c’est le portrait d’une
époque encore toute proche qu’il dresse, celui d’un Londres où le sexe se libère et où circule le LSD, mais où certains lieux publics et emplois sont encore interdits aux Noirs et aux Irlandais.
Extraits :
Le modèle même du page-turner. Une proposition forte de restituer un sentiment d’époque. Johan Faerber
Le projet d’une reconstitution millimétrée d'une époque, d'un espace urbain, social, d’une ambiance, est impressionnant. Une vraie énergie traverse le livre, pourtant l’ennui menace... Pierre Benetti
- Utopia Avenue de David Mitchell est disponible aux Editions de L'Olivier (traduit de l’anglais par Nicolas Richard)
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