Aurélien Bory, l'illusionniste

Aurélien Bory
Aurélien Bory - La Compagnie 111
Aurélien Bory - La Compagnie 111
Aurélien Bory - La Compagnie 111
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Nous accueillons aujourd'hui Aurélien Bory, qui met en scène "Orphée et Eurydice" de Christoph W. Gluck à l'Opéra-Comique. Une lecture onirique du mythe éternel du poète surdoué dont le chant a su braver les espaces infernaux. Ce sera l'occasion de parler théâtre, scénographie, musique et poésie.

Avec
  • Aurélien Bory Metteur en scène, scénographe et chorégraphe, directeur de la Compagnie 111

Après Le Château de Barbe-Bleue de Bartok, le metteur en scène revisite cette fois le mythe d’Orphée et Eurydice, pour l’Opéra-Comique, avec délicatesse et intensité. Dans cette nouvelle mise en scène de l’opéra de Gluck, la mezzo-soprano Marianne Crebassa donne voix à l’époux éploré, Lea Desandre est Amour, le messager des dieux.  A la baguette Raphaël Pichon avec l’ensemble Pygmalion. A voir jusqu’au 24 octobre à Paris.

Orphée, on peut se poser la question de son destin. Est-ce ramener Eurydice, ou chanter sa perte ? Il y a à travers le mythe d’Orphée une relation au chant, une relation à l’art qui est particulière. Le destin d’Orphée est de délivrer son plus beau chant.

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Orphée est tiraillé entre une pulsion de vie, l’amour, et une pulsion de mort, Eurydice […] et il trouve sa résolution dans le chant, dans l’art. […] Quand on entend quelqu’un chanter, il y a vie et mort mélangées et c’est peut-être pour ça que ça nous touche.

Orphée se retourne, c’est ce qui fonde le mythe. […] je me suis dit, si Orphée se retourne, alors l’espace entier doit se retourner. Et j’ai voulu le retourner par un dispositif optique, parce qu’Orphée se retourne par le regard.

C’était l’enjeu scénique, représenter le monde des morts. […] le monde des morts est pour le monde des vivants un inaccessible […], qui reflète le monde réel […], le même monde, mais sans aucun corps. […] Il y a l'idée de mettre sur le plateau un au-delà.

Orphée, c’est vraiment la figure qui traverse l’histoire de la musique. […] on s’empare du mythe, mais on s’empare aussi de cette figure, le plus grand des musiciens, qui a inspiré de nombreux artistes. […] On entre en dialogue. […] C’est un mythe ouvert

Nous sommes des êtres de fiction, des êtres de représentation. Et on mélange toujours dans notre regard le réel et nos représentations. Et d’ailleurs le théâtre a cette étymologie-là, c’est l’endroit d’où l’on voit, donc la question du regard est posée d’entrée.

L’art est toujours un pas de côté. Et donc moi je préfère essayer de me concentrer sur les moyens qui appartiennent entièrement au plateau et qui n’ont aucune valeur ailleurs.

J’aime le théâtre qui a une certaine limpidité, qui a une certaine simplicité. D’ailleurs Gluck avait donné ça comme indication, « à faire s’il vous plaît avec beaucoup de simplicité ».

Orphée est représenté avec du féminin et du masculin complètement mélangés. Ce mélange-là appartient à l’art, ce féminin et ce masculin également répartis. […] Au théâtre, les hommes peuvent jouer des femmes, et les femmes peuvent jouer des hommes

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