Chantal Crousel, à l'avant-poste de l'art contemporain

Portrait de Chantal Crousel
Portrait de Chantal Crousel - Sebastiano Pellion di Persano
Portrait de Chantal Crousel - Sebastiano Pellion di Persano
Portrait de Chantal Crousel - Sebastiano Pellion di Persano
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Un certain regard sur l'art contemporain, celui de la galeriste Chantal Crousel à la tête de la Galerie Crousel à Paris et dont l'anthologie "Jure-moi de jouer" parcourt quatre décennies d'une histoire de l'art en train de se faire.

Avec
  • Chantal Crousel galeriste

Qu'est-ce qu'une galerie d'art, d'hier à aujourd'hui? C'est la question que Chantal Crousel nous invite à explorer au travers de plus de 700 pages, autant d'oeuvres à l'avant-garde de l'art contemporain, exposées par sa galerie. Anthologie sans concession, retour sur quatre décennies de choix esthétiques,  " Jure-moi de jouer " (Is - Land éditions) dresse en creux la vision d'un métier, celui de galeriste, encore mal connu du grand public. C'est d'abord l'histoire d'un regard, d'une insatiable curiosité pour l'art en train de se faire, d'où naissent les collaborations avec les artistes. Véritable terrain d'exploration, ce dialogue entre la sensibilité de l'artiste et de la galeriste a permis à nombre d'entre eux d'explorer leur voix esthétique. 

Ce qui m'importe d'abord, c'est d'être en permanente ouverture et remise en question, ne pas penser détenir la vérité absolue et la voix idéale. C'est aussi de-là que vient le titre, "Jure-moi de jouer" porté par la voix du poète Christian Dotremont, chef de fil du mouvement Cobra. (Chantal Crousel) 

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Découvrir, transmettre, et réinventer les règles du jeu à l'occasion de chaque exposition, c'est là peut-être la vision du métier que nourrit la galeriste Chantal Crousel, elle qui a fait sienne la phrase du poète et plasticien Christian Dotremont : "Jure-moi de jouer", gravée dans la neige de Laponie. Un jeu auquel le visiteur est d'autant plus convié que si aujourd'hui les musées demeurent fermés, les galeries sont ouvertes; l'occasion de rencontrer différemment les oeuvres, en toute intimité. 

D'une première galerie, " La Dérive", - ouverte en 1976 aux côtés de Jacques Blazy, historien de l'art spécialiste de l'art premier et de l'art précolombien - à la " Galerie Crousel " fondée en 1980, Chantal Crousel fait découvrir depuis 40 ans des oeuvres de tous horizons, de toutes les cultures - elle qui parle couramment sept langues et ouvre sa galerie à toutes les formes esthétiques. Les artistes qu'elle a épaulés, de Cindy Sherman à Alighiero Boetti en passant par les plasticiens français Jean-Luc Moulène et Pierre Huygues, dessinent en creux une certaine vision de l'art contemporain, en dialogue avec des musées moins frileux que par le passé face à l'avant-garde. 

On ne s'est jamais endormis sur nos acquis, ils sont à conquérir chaque jour dans le choix des artistes que nous défendons. Ce ne sont pas des artistes "décoratifs". Tous posent des questions sur la société, sur ce qui donne une nouvelle émotion, une nouvelle image, et qui forme aux sujets qui traversent toute l'histoire de l'art, à savoir la vie même, les individus, la beauté, qui sommes-nous, où allons-nous... Tous ces artistes qui composent " l'adrénaline" de la galerie posent ces questions à leur façon selon leur pays d'origine, leur civilisation. C'est ce dialogue, ce croisement qui permet de créer des surprises, des idées et des esthétiques nouvelles, une résilience commune aujourd'hui. (Chantal Crousel)

Traditionnellement au centre des transactions, désormais concurrencée par les ventes aux enchères, la galerie, celle de  Chantal Crousel en l'occurence, est également témoin et acteur de décennies de mutation du marché de l'art. De la financiarisation du secteur à l'apparition de nouveaux profils d'acheteurs, en passant par les sirènes de la spéculation, Chantal Crousel livre un regard sans concession sur les défis à relever, elle qui désormais passe le flambeau à son fils et associé depuis 20 ans, Niklas Svennung. 

La Grande table idées
32 min

Extraits sonores :