Cindy Sherman, bas les masques !

Untitled #584, 2017-2018
Untitled #584, 2017-2018 - Courtesy de l'artiste et Metro Pictures, New York © 2020 Cindy Sherman
Untitled #584, 2017-2018 - Courtesy de l'artiste et Metro Pictures, New York © 2020 Cindy Sherman
Untitled #584, 2017-2018 - Courtesy de l'artiste et Metro Pictures, New York © 2020 Cindy Sherman
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La photographe Cindy Sherman est à l'honneur à la Fondation Louis Vuitton. Regards croisés de l'artiste Valérie Belin et de la commissaire d'exposition Marie-Laure Bernadac.

Avec
  • Valérie Belin Artiste plasticienne et photographe
  • Marie-Laure Bernadac conservatrice générale du patrimoine, chargée de l’art contemporain au Musée du Louvre de 2003 à 2013.

Depuis 40 ans, la photographe américaine Cindy Sherman construit son œuvre, infini kaléidoscope d'images. La Fondation Louis Vuitton lui rend hommage dans une rétrospective à voir jusqu'au 3 janvier 2021.

Nos invitées, Valérie Belin et Marie-Laure Bernadac, croisent leurs regards d'artiste photographe et d'historienne de l'art autour de l'exposition qui lui est consacrée.   

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Son œuvre est d'abord marquée par le jeu sur le masque déployant un univers carnavalesque, une galerie de portraits allant jusqu'à la mise en scène du masque qui lui-même devient sujet. En écho, le travail de Valérie Belin sur le masque donne une résonance particulière au regard que porte l'artiste sur sa consœur américaine. 

Je ne pose pas moi-même la question de la dimension féminine d'un travail. Je crois qu'elle est bien au-delà d'une recherche féministe ou féminine. Ce qui ressort pour moi, c'est la question de la place du beau dans l'art contemporain. (...) Elle me tend le miroir d'une quête, qui est la quête du beau. Dans toutes ses séries, il y a une quête du beau. Même si c'est une défiguration du beau, qu'elle tire vers le laid. On voit dans ses tirages la matérialité de la fabrication de l'image. On voit le faux, on voit la parodie. Elle est fascinée par l'image avant d'être fascinée par le masque ou le stéréotype.    
(Valérie Belin)

Untitled #74, 1980
Untitled #74, 1980
- Courtesy de l'artiste et Metro Pictures, New York © 2020 Cindy Sherman

Si le travestissement sert de fil rouge, l'œuvre de Cindy Sherman demeure insaisissable : de la déconstruction des clichés féminins à l'univers trash des films d'horreur, son travail résiste à toute étiquette. 

Quand on dit masque, on pense mascarade. Il y a une évolution de son travail : au début, elle n'est pas masquée, puis il y a du maquillage, puis du travestissement, puis les masques et les clowns, plus récemment. Elle joue avec le travestissement, le déguisement, depuis le début.    
(Marie-Laure Bernadac)

Artiste solitaire, Cindy Sherman maîtrise toutes les dimensions de son œuvre, elle se fait tour à tour scénographe, maquilleuse, accessoiriste...tout en laissant apparaître, par un détail, un excès, ses procédés de fabrication : l'image est elle-même l'occasion d'un jeu sur le vrai, le réel s'échappe toujours, comme l'identité même de l'artiste, insaisissable derrière l'illusion de l'autoportrait. 

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores: 

  • Documentaire "Nobody's here but me" (1994) 
  • "La Femme", Paradigme (Disque Pointu, 2020)