Des nouvelles d'Allemagne avec le metteur en scène Thomas Ostermeier

Thomas Ostermeier
Thomas Ostermeier ©AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
Thomas Ostermeier ©AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
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Pour poursuivre cette semaine européenne, après des discussions culturelles avec des artistes de Pologne, du Portugal et d'Italie, place à nos voisins allemands, avec Thomas Ostermeier, metteur en scène et directeur de la Schaubühne de Berlin.

Avec
  • Thomas Ostermeier Metteur en scène allemand, codirecteur artistique de la Schaubühne de Berlin depuis septembre 1999.

Thomas Ostermeier dirige la Schaubühne de Berlin et y poursuit son travail de découvreur de textes nouveaux aux côtés de sa troupe, se tournant avec un égal succès du côté des auteurs classiques qui lui resteront chers, tels qu’Ibsen et Shakespeare, et de celui du théâtre contemporain. Il s'est fait connaître en France lorsqu’il est nommé artiste associé au Festival d’Avignon en 2004, où il présente une mise en scène de Woyzeck de Georg Buchner. Artiste reconnu à l’échelle européenne, il présente ses créations dans le monde entier et est un invité régulier du Festival d’Avignon et des théâtres parisiens. Son travail est récompensé de nombreux prix internationaux, notamment du Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre, en 2011.

J’ai toujours détesté le théâtre en tant que spectateur. Cela n’avait rien à voir avec ma propre vie, avec mes propres expériences. J’ai voulu devenir metteur en scène moi-même pour essayer de faire un théâtre qui s’attache à la réalité et qui ait un certain rythme.  (Thomas Ostermeier)

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La Grande table culture
28 min

Le décret du Sénat de Berlin du 26 novembre a prolongé la fermeture des théâtres pendant tout le mois de décembre. Cela pose la question du spectacle vivant numérique mis en place lors du premier confinement, dont nous discutions la semaine dernière avec les comédies français Simon Abkarian et Charles Berling. Le 12 mars dernier, Thomas Ostermeier avait pris la décision de fermer les portes de son théâtre, deux jours avant l'obligation de cette mesure. Il était alors sur le point de lancer son festival international des nouvelles dramaturgies, FIND, où étaient programmés des spectacles de Caroline Guiela Nguyen, Kirill Serebrennikov, Angélica Liddell, Toshiki Okada et Milo Rau. Comme beaucoup de directeurs de théâtre, Thomas Ostermeier avait décidé, durant le confinement, de se tourner vers une programmation disponible sur les réseaux sociaux, grâce à des captations et prises de paroles de personnalités du monde du théâtre.

Je réfléchis au métier, au théâtre, je me nourris de textes philosophiques, de textes de théâtre que je veux mettre en scène, notamment les textes de Virginie Despentes : après le premier tome, je vais relier le deuxième et le troisième. Je réfléchis à monter la deuxième partie. Je lis aussi des textes qui traitent de la question du racisme, une question importante en ce moment. Comme toujours, je lis aussi les nouveaux textes de Geoffroy de Lagasnerie. (Thomas Ostermeier)

La Grande table culture
27 min

Il présentait en septembre au Théâtre des Abbesses à Paris Qui a tué mon père ? d'Edouard Louis. Après l'adaptation l'année passée d'Histoire de la violence, du même auteur, avec les acteurs de la Schaubühne, ce n’est plus un comédien allemand qui joue le rôle d’Edouard Louis, mais l'écrivain montant pour la première fois sur scène. On retrouve avec des thématiques, notamment celle de la construction de son identité en rupture avec son milieu d'origine, déjà présentes dans Retour à Reims de Didier Eribon, que Thomas Ostermeier avait adapté pour le théâtre.

J’ai vu dans les textes d’Edouard une réalité qui, en Allemagne, n’est pas forcément traité dans nos textes. J’ai perçu un certain mouvement en France qui n’existe pas en Allemagne et qui a besoin d’exister.  (Thomas Ostermeier)

Il sera aux Gémeaux à Sceaux pour deux spectacles en 2021 : Démons de Lars Norén du 9 au 14 février, un spectacle en allemand, traduit du suédois et surtitré en français, et Jeunesse sans dieu de Ôdön von Horvath du 16 au 21 mars, pièce allemande sur l'effondrement de la démocratie face à la dictature.

La première de sa nouvelle mise en scène, La vie de Vernon Subutex 1, d'après Virginie Despentes, initialement prévue au printemps puis décalée au mois de novembre, a à nouveau été repoussée en raison de la crise sanitaire. La mise en scène reproduit l’esprit d’un concert de rock, et interroge l'actualité des idéaux anarchistes et punk de cette époque révolue. 

C’est une génération qui a cru être une contre-culture, avec des questions politiques, un anarchisme. Tout cela risque de ne plus exister. J’ai donc décidé de travailler avec un groupe de musique qui est sur scène et donne un concert de rock. (Thomas Ostermeier)

La Grande table idées
31 min

Extraits sonores :

  • Edouard Louis
  • Sandra Bourdonnec lisant Virginie Despentes
  • "Peau d'Âne" de Michel Legrand

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