Emmanuel Carrère, la vie des autres

Emmanuel Carrère  à la Foire du livre de Francfort (2017, Allemagne)
Emmanuel Carrère  à la Foire du livre de Francfort (2017, Allemagne) ©AFP - JOHN MACDOUGALL
Emmanuel Carrère à la Foire du livre de Francfort (2017, Allemagne) ©AFP - JOHN MACDOUGALL
Emmanuel Carrère à la Foire du livre de Francfort (2017, Allemagne) ©AFP - JOHN MACDOUGALL
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Quel rapport de l'écrivain au réel ? Celui-ci se donne-t-il à l’écrivain ou se dérobe-t-il devant l’écriture ? Pour en parler, le romancier Emmanuel Carrère à l'occasion de la parution de l'ouvrage collectif "Emmanuel Carrère : faire effraction dans le réel" (P.O.L., 2018).

Avec

Chroniqueur, voyageur, critique, réalisateur et écrivain, rendez-vous avec l’écrivain Emmanuel Carrière.  

P.O.L., sa maison d’édition, a eu l’idée de réunir une trentaine de personnalités, du cinéaste Olivier Assayas au romancier Michel Houellebecq, du juge Etienne Rigal à l’éditeur Olivier Rubinstein, sous la gouverne de Laurent Demanze et Dominique Rabaté, pour parler de lui et de son rapport au réel. 

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Entre autofiction et journalisme narratif, maître français de la non-fiction, Emmanuel Carrère est l’auteur d’une dizaine de livres : citons La Moustache en 1986, qu’il a lui-même adapté au cinéma avec Emmanuelle Devos et Vincent Lindon en 1995, adapté par Claude Miller, puis L’Adversaire en 2000, inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand, adapté par Nicolas Garcia avec Daniel Auteuil. Sans oublier Un roman russe, 2007, D’autres vies que la mienne, en 2009, adapté par Philippe Lioret, Limonov en 2011, et Le royaume en 2014.  

Cliquez ici pour écouter la deuxième partie de l'émission, "Emmanuel Carrère face au réel.

C'est très agréable à la fois de se faire un peu draguer et de rester fidèle. (à propos de son compagnonnage avec la maison d'édition P.O.L.)

Il y avait une espèce de promesse implicite qu'on pourrait faire toute sa vie d'écrivain là. (à propos de son compagnonnage avec la maison d'édition P.O.L.)

Je suis arrivé chez P.O.L. juste après la mort de Perec, que j'ai à peine croisé.

Pour ma part, comme lecteur, je peux aimer des phrases très baroques, avec un vocabulaire très riche et imagé, mais ça n'est pas mon registre à moi. Mon registre à moi est sans doute plus pauvre, moins riche. (à propos de son style)

Je pense qu'on a tendance à opposer l'imagination débridée de la littérature de science-fiction au réalisme.

Nabokov disait que Dostoïevski écrivait comme un cochon. [...] C'est moche, c'est gluant, on est englué dedans, c'est du goudron. (sur le beau style)

Je suis un lecteur de fiction, j'aime ça, je n'exclue pas du tout d'en réécrire. Je pense que la fiction est un merveilleux moyen de représentation du réel.

Je ne fais pas partie de ceux qui vivent dans une paisible intelligence avec la vie. Ça ne veut pas dire que je sois éternellement malheureux, mais je suis du côté de l'inquiétude.

Ecrire permet de donner forme à sa vie.

Ma visée en écrivant est une espèce de fidélité à l'expérience avec ce qu'elle comporte d'agréable, mais aussi de douloureux, d’indéchiffrable. C'est cette fidélité qui constitue une sorte de morale littéraire.

Ça, c'est une grande question : qu'est-ce que c'est qu'un bon sujet ? C'est ce qui fait écho en vous. Mais qu'est-ce qui dans la réalité fait écho en vous ?

Quand on mène une double vie, généralement, la vie officielle, la couverture, recouvre autre chose.

La cuisine, j'aime beaucoup ça. [...] J'ai l'impression qu'il y a un peu deux types de livres : ceux qui sont comme une pelote de laine enchevêtrée [...], et d'autres qui sont agencés comme des puzzles. C'est deux types de livres très différents.