Reconstruire des forêts, des édifices de pierre ou des paysages minéraux avec le carton : c'est le travail de l'artiste Eva Jospin qui expose sa "Galleria" au Musée de la Chasse et de la Nature. Des œuvres où la nature et le rêve règnent en maîtres.
- Eva Jospin artiste
De l'artiste plasticienne Eva Jospin on se souvient de sa forêt Panorama dans la cour carrée du Louvre, de sa monumentale broderie de quatre-vingt-dix mètres réalisée pour le défilé de la maison Dior, de sa grotte féérique installée au domaine de Chaumont-sur-Loire ou encore de son cénotaphe à l'Abbaye de Montmajour.
Cette année, l'ancienne pensionnaire de la Villa Médicis exposera au Musée des impressionnismes de Giverny ainsi qu'au Musée de la Chasse et de la Nature. Sa Galleria y constituera une lisière, à mi-chemin entre les profondeurs de la forêt et un studiolo de la Renaissance où se multiplieront de nouvelles œuvres, avec leurs propres méandres et profondeurs.
J’aime créer des œuvres qui pourraient être des lieux. En italien la galleria c’est le tunnel, le passage et la galerie d’art. Souvent on me dit qu’on veut rentrer dans cette forêt. Cette fois-ci, on sera face à une forêt dans laquelle on pourra rentrer. Mais on se retrouvera alors dans cette galerie, dans cet ailleurs avec ses douze niches qui rejoueront de manière microscopique mon travail : des forêts, des broderies, un diorama. (Eva Jospin)
Dans son travail, le songe et la réalité se mêlent dans des forêts fantastiques qui évoquent l'enfance, l'introspection et un monde naturel vulnérable; dans des grottes féériques et des Nymphées, paysages miniatures, merveilleux, où les ruines côtoient la beauté de la nature.
Largement inspirée par l'architecture italienne et l'histoire de l'art, ses créations incarnent un paradoxe temporel : reconstructions de monuments et de forêts millénaires avec du carton, un matériau fragile et temporaire. Ce matériau, de par ses possibilités sculpturales et architecturales, lui permet de mêler les registres. De mêler la construction d'édifice et la fioriture minutieuse.
J’aime penser que mes œuvres se situent entre la sculpture, la scénographie et le trompe-l’œil. Dans la scénographie, c’est la lumière qui créé le décor, le trompe-l’œil a une surface et la sculpture doit exister à tous les niveaux. J’essaie de jouer dans ces trois effets-là, en terminant avec l'aspect sculptural. C’est pour cela qu’il y a tant de détails, car la proximité ne doit pas perdre d'intérêt. (Eva Jospin)
Surtout, Eva Jospin sait créer des mondes enchanteurs, où - telle la peinture des capricci italiens du XVIIIe - le réel se mêle à l'imaginaire et à l'illusion pour le plus grand plaisir du spectateur.
On adore se confronter à l’illusion. On a un vrai plaisir là-dedans. L’aspect des forêts créé cette illusion mais si on s’approche, tout est là. On voit comment ça tient. On voit les cales. On voit qu’en fait, cela fait quarante centimètres de profondeur. J’aime l’idée qu’on puisse à la fois avoir le plaisir de l’illusion, mais qu’en même temps elle soit visible sous nos yeux. (Eva Jospin)
"La Galleria" est exposée au Musée de la Chasse et de la Nature du 16 novembre 2021 au 20 mars 2022.
"Eva Jospin. De Rome à Giverny" est exposée au Musée des impressionnismes de Giverny, du 19 novembre 2021 jusqu'au 16 janvier 2022.
Extraits sonores :
- Richard Peduzzi, La Grande Table, France Culture, 2018
- Pierre Wat, L'art est la matière, France Culture, 2018
L'équipe
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