François-Xavier Roth, Berliozissimo !

François-Xavier Roth salue le public après avoir dirigé son ensemble "Les Siècles", dans l'auditorium de la Cité Internationale des Congrès de Nantes, à la "Folle Journée", le 27 janvier 2006.
François-Xavier Roth salue le public après avoir dirigé son ensemble "Les Siècles", dans l'auditorium de la Cité Internationale des Congrès de Nantes, à la "Folle Journée", le 27 janvier 2006. ©AFP - Frank Perry
François-Xavier Roth salue le public après avoir dirigé son ensemble "Les Siècles", dans l'auditorium de la Cité Internationale des Congrès de Nantes, à la "Folle Journée", le 27 janvier 2006. ©AFP - Frank Perry
François-Xavier Roth salue le public après avoir dirigé son ensemble "Les Siècles", dans l'auditorium de la Cité Internationale des Congrès de Nantes, à la "Folle Journée", le 27 janvier 2006. ©AFP - Frank Perry
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Nous recevons le chef d'orchestre François-Xavier Roth, à l’occasion de son concert à la Philharmonie de Paris, le 11 janvier 2019. Il dirigera son ensemble, "Les Siècles", et l'altiste allemande Tabea Zimmermann, dans un programme Hector Berlioz, dont la pièce maîtresse sera "Harold en Italie".

Avec

Avec son ensemble Les Siècles, le chef d’orchestre sera le 11 janvier 2019 à la Philharmonie de Paris dans le cadre d’un week-end Berlioz. Il dirigera Harold en Italie, un concert donné à l’occasion des 150 ans de la mort du compositeur de la Symphonie fantastique.

Son disque Harold en Italie. Les Nuits d’été, avec Les Siècles, l'altiste allemande Tabea Zimmermann et le baryton français Stéphane Degout, sortira chez Harmonia Mundi le 18 janvier 2019.

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Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore … François-Xavier Roth est notre invité.

J'ai un privilège extraordinaire, c’est de partager la musique avec des orchestres et des publics très différents, avec […] des cultures de perception de la musique qui sont vraiment étonnamment diverses encore aujourd'hui.

L’échange culturel entre les différents pays, les différentes régions du monde, c’est peut-être la garantie de la paix. C’est en tous cas une certaine garantie de faire confiance à l’intelligence des hommes. Je me sens vraiment très chanceux de pouvoir faire quelque fois découvrir des musiques. […] La musique, c'est peut-être l'art le plus direct, qui permet la compréhension des uns par rapport aux autres.

En Allemagne, il y a une tradition, la musique fait partie de la vie vraiment de manière très ancrée, beaucoup plus par exemple que dans des pays latins comme la France, où la musique a toujours été une sorte de contre-point, quelque chose qui est important, mais qui n’est pas central, aussi bien dans l’éducation que dans la vie simplement des gens.

Du temps de Paganini ou de Berlioz, la musique, même encore aujourd’hui, peut être empreinte d'un immense conservatisme, et notamment pour les formes. On se dit : une symphonie, ça doit être une œuvre d’orchestre, avec des codes, avec une certaine structure. […] [Berlioz] n’est jamais intéressé [par cela], au contraire, il a même comme une sorte de rejet des codes et de l'académisme. Toute sa vie durant de musicien, il n'a eu de cesse que d'inventer ce que finalement pouvait être la musique du futur, et pas seulement dans ses formes, mais même dans son impact expressif, dans ce qu'elle pourrait changer de l'homme. […] C'est un geste extrêmement romantique. Harold en Italie, ce n’est pas un concerto, ce n’est pas une symphonie, c’est une espèce d’objet musical non identifié, comme sont toutes les œuvres de Berlioz. Quand on fait ce constat, on fait aussi le constat qu'il a fait lui-même beaucoup pour être si mal compris de son vivant, et encore après. On dit souvent qu’en France, on a du mal à comprendre la musique de Berlioz. Il a participé beaucoup lui-même à ça, en luttant et en essayant d’inventer cette musique utopique qui n’existait pas à l’époque.

Je les aime tous, les instruments de musique. Berlioz aussi était cet incroyable écrivain, qui a notamment produit ce Traité d’instrumentation où il explique le rôle et la singularité de chaque instrument de l’orchestre.

Berlioz serait un extraordinaire gilet jaune aujourd’hui, parce que c’était quelqu’un qui était tellement intéressé aussi par la condition humaine. C’est un musicien qui peut nous irriter, aussi bien dans sa musique que dans ses écrits, mais qui aussi est tellement touchant, parce qu’il est amoureux de tout. Il est amoureux de l’amour, de la vie, et surtout de ce que la musique peut changer l’homme.

C’est vrai que c’était un moderne, et c’est drôle qu’il se définisse lui-même comme un classique. C’était un ultra-moderne. […] C’est un compositeur qui toujours aujourd'hui nous stimule, en tous cas nous les musiciens, et le public aussi, dans notre manière de vivre le fait musical. […] J'aurais adoré rencontrer ce personnage. (à propos d'Hector Berlioz)

J’essaie de rendre toute cette verve à cette musique absolument incroyable que trop souvent aussi on a décrite comme une musique qui était excessive. Moi j’adore les excès de Berlioz.

Comme tous ces immenses compositeurs, [Berlioz] ne se répète jamais. Il n’est pas intéressé d’écrire la même musique. […] C’est un compositeur qui se renouvelle à chaque œuvre. […] [Harold en Italie], c’est une espèce de pièce de théâtre musicale, avec un protagoniste, qui joue, qui s’en va, qui revient […]. La Fantastique, c'est une histoire qu’il raconte sur un texte, Harold en Italie, ce sont des tableaux, c’est une sorte de fresque romantique absolument inédite.

C’est simplement utiliser les outils qu’avaient à disposition les compositeurs. […] Quand on voit, quand on entend les instruments qu’ont connus des compositeurs comme Berlioz, leur particularité, leur poids, leur éloquence, ne sont à comparer avec aucun autre instrument. Ça donne une couleur et une manière de dire la musique totalement différente. Une fois qu’on a goûté à ça, je dois dire que c’est très difficile de s’en passer. Aujourd'hui, je ne pourrais pas m'en passer. (à propos de son ensemble Les Siècles et du jeu sur instruments d'époque)