Quelques jours après la disparition du dramaturge et patron d'entreprise Michel Vinaver, les metteurs en scène Alain Françon et Christian Schiaretti évoquent celui qui assurait n'avoir "rien à dire" mais qui a laissé une des œuvres majeures du théâtre contemporain.
- Alain Françon Metteur en scène
- Christian Schiaretti metteur en scène, a dirigé le Théâtre national populaire de Villeurbanne jusqu'en 2019.
Michel Vinaver est décédé le 1er mai à l’âge de 95 ans. Ce dramaturge et patron d'entreprise restera dans les mémoires pour ses œuvres théâtrales sur le capitalisme et le monde des affaires. Nommé trois fois aux Molières et lauréat du Grand prix du théâtre de l'Académie française en 2006, il reçoit le Grand Prix de Littérature dramatique en 2015.
Pendant plus de trente ans, il mène une double vie, à la fois dans l'écriture de pièces de théâtre mais aussi dans le monde de l'entreprise, où il sera PDG de Gillette entre 1966 et 1982.
Après deux œuvres sur la guerre d'Algérie et la guerre de Corée, il décide de faire de son métier le sujet de son œuvre littéraire. Plus largement, il aborde l'évolution de l'entreprise et du capitalisme durant le XXe siècle. Sa vie professionnelle nourrira deux de ses plus grandes pièces, “Par dessus bord” (1967) et “King” (1998) qui met au centre la figure de King C. Gillette, fondateur de l’entreprise. "L’entreprise, c’est un territoire de la vie, territoire de l’amour aussi" affirme Alain Françon.
En 1982, Michel Vinaver démissionne de chez Gillette et se consacre alors entièrement au théâtre, en tant qu’auteur mais aussi comme traducteur, critique et professeur de théâtre à partir de 1991, d’abord à l’Institut d’études théâtrales de Paris-III, puis à l’université Vincennes-Paris VIII.
L'originalité de son écriture consiste en l’assemblage, le fragment, la collision des situations, des paroles, des milieux. Il se dit "accro à la presse écrite", il accumule des coupures de papier de journal pour en faire les sujets de ses œuvres littéraires. Si l'actualité est sa première matière pour ses ouvrages, il s'en décale légèrement, la rendant "étrange ou merveilleuse". "Michel Vinaver est au plus près de l’événement : le 11 septembre, la guerre d’Algérie, la guerre de Corée, l'affaire Bettencourt… Il nous oblige à prendre compte de l’instant, plutôt que d’avoir une position en surplomb" affirme Christian Schiaretti. Alain Françon ajoute : "Dans "Les travaux et les jours", ce qui est étonnant, c’est que l’auteur est opposé à toute idéologie, tout surplomb".
C'est à travers le regard de deux metteurs en scène, Alain Françon et Christian Schiaretti, que nous abordons aujourd'hui l'œuvre de Michel Vinaver. "Les plus belles mises en scène de Michel Vinaver, c’était quand il lisait lui-même ses œuvres ; Il y a une tentation d’oratorio dans l’œuvre de Michel. On le lit plus qu’on ne l’interprète, plus qu’on ne le joue" affirme Christian Schiaretti.
Extraits sonores :
- Michel Vinaver, A voix nue, France Culture, 2013
- Michel Vinaver, A voix nue : grands entretiens d'hier et d'aujourd'hui, France Culture, 03/07/2013
- Extrait de la lecture de "Bettencourt Boulevard" par Anouk Grinberg réalisé le 10/07/2015 dans la cour du musée Calvet à Avignon
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