Jerome Charyn : des bas-fonds de New York à la Maison Blanche

Jerome Charyn à New York
Jerome Charyn à New York ©Getty - David Lefranc
Jerome Charyn à New York ©Getty - David Lefranc
Jerome Charyn à New York ©Getty - David Lefranc
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Dernier roman de Jerome Charyn consacré au personnage d'Isaac Sidel, "Avis de Grand Froid" (Rivages) mène le policier du Bronx à la Maison Blanche. "New York Cannibals", sa dernière BD avec François Boucq, explore l'univers du tatouage... Deux occasions de recevoir l'écrivain new-yorkais.

Douzième et dernier livre du grand cycle autour du personnage d'Isaac Sidel, Avis de Grand Froid a été traduit et publié en cette rentrée aux éditions Rivages. Quarante-cinq ans après le premier roman sur cette figure, Blue Eyes (Zyeux bleus en français), Jerome Charyn clôt les aventures du fils du Bronx en le sacrant président des Etats-Unis. Toujours armé de son glock, l'ancien policier va devoir affronter un nouveau labyrinthe, et non des moindres : celui de la Maison Blanche et de ses manœuvres politiques en tout genre.

Je voulais que mon personnage d’Isaac Sidel se retrouve à la Maison Blanche, car il est comme un Don Quichotte avec son glock, et pour autant il ne peut pas changer grand-chose. Il danse dans la Maison Blanche.  
(Jerome Charyn)

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La Maison Blanche est un labyrinthe, l’exercice d’écriture est un labyrinthe, ma vie est un labyrinthe, l’Amérique est un labyrinthe. Nous essayons de sortir en rampant de ce labyrinthe... Moi, contrairement à Isaac Sidel, je n’ai pas de glock, je n’ai que des mots, un stylo.  
(Jerome Charyn)

Jerome Charyn naît en 1937 dans le Bronx et grandit sous la protection d'un grand frère, Harvey Charyn, qui l'introduira plus tard dans le monde du crime new-yorkais au cœur de ses romans policiers.

Douze romans, de Zyeux Bleus à Avis de Grand Froid, en passant par Marilyn la dingue ou Isaac le mystérieux, développent l'ascension d'Isaac Sidel, ce personnage-ville incarnant l'esprit de New York, successivement enfant des rues, inspecteur, chef de la police du NYPD, maire de New York et finalement président des Etats-Unis. Savoureux mélange tenant à la fois d'un Fantômas, d'un Lew Archer et d'un Don Quichotte moderne, le héros sera dans ce tome confronté à de nouvelles menaces : une administration oppressante, des républicains et milliardaires soucieux face à sa politique sociale ou encore un gang d'anciens forçats du Goulag mené par un certain Viktor, artiste tatoueur. L'occasion de raconter une histoire aussi invraisemblable que plaisante, et d'évoquer les enjeux socio-politiques des Etats-Unis d'aujourd'hui. C'est aussi l'ombre d'Abraham Lincoln qui revient dans ce roman, un président admiré par Jerome Charyn et auquel il a déjà consacré un livre : Moi, Abraham (Payot et Rivages, 2015).

Lincoln était un grand président des Etats-Unis. Il venait d’origines pauvres, était altruiste et comprenait que le monde devait changer. Il lui a fallu beaucoup de temps pour s’éduquer avant de pouvoir à son tour aider le monde. Lincoln n’a pas seulement été un grand président, c'était aussi un grand écrivain.  
(Jerome Charyn)

Signalons aussi sa toute dernière collaboration sous forme de BD avec François Boucq, après La Femme du magicien (1986, récompensée au Festival d'Angoulême la même année), Bouche du diable (1999) et Little Tulip (2014) : New York Cannibals explore l'univers du tatouage dans un décor qui n'est pas sans rappeler les aventures de notre Isaac Sidel. 

C’est François Boucq qui m’a fait découvrir cette idée du tatouage. Le tatoueur écrit un roman sur le corps de ses sujets, ces gangsters russes écrivent leur vie sur leur corps. C'est un langage très puissant.  
(Jerome Charyn)

J’ai grandi dans la rue. Quand j’ai découvert Joyce, ce qui m’a frappé, c’était la musicalité de ses phrases. J’ai aussi trouvé de la musique dans les images de François Boucq... Je pense que le dessin a des vertus magiques.  
(Jerome Charyn)

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores :

  • Extrait du film "Les promesses de l'ombre" de David Cronenberg
  • Extrait de "La fabrique de l'histoire" du 20/01/2009, l'historien William Freelhing à propos d'Abraham Lincoln
  • Paul Auster à propos de New York, "Le Bon plaisir", diffusé le 23/12/1995